Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
J’étais à nouveau hier l’invité d’Ecorama et je devais essayer de simplifier le rapport “Conbrexelle” sur le code du travail pour les téléspectateurs. Je vous livre donc aujourd’hui en édito mes notes de préparation pour l’émission et vous verrez qu’entre les notes que l’on prépare et ce qu’il se passe en vrai il y a un léger écart… je pense notamment au passage (que vous pourrez voir dans la vidéo à la fin de cet article) sur la distinction à faire entre travail et revenu!
Cela vous permettra aussi de voir que l’on “travaille” un peu avant une émission et que cela donne lieu évidemment à quelques échanges, mais cela laisse tout de même la place à quelques “improvisations”!!
Soyons honnête, j’ai l’immense privilège de ne pas “travailler” car ce que je fais chaque jour me passionne totalement, c’est pour moi du plaisir, pas du travail… quand j’étais à la banque, je peux vous dire que chaque semaine, chaque journée, me paraissait bien longue… Bref je travaillais! Je n’ose même pas parler de nos camarades travaillant à l’usine ou exerçant des métiers pénibles et parfois sans intérêt!
C’est pour cette raison qu’il ne faut pas confondre travail et argent! Le chômage pour beaucoup de gens ne serait pas un problème s’ils avaient tout de même de l’argent.
Ce n’est donc pas le problème du chômage qu’il faut poser, mais le problème de la répartition de la richesse créée autrement que par le travail et aujourd’hui personne n’a de solution à part ceux qui travaillent sur l’alternative du “revenu de vie”. Vous avez un salaire simplement parce que vous vivez… enfin ça c’est l’idée, et nous serions donc dans un monde idéal où tout le monde s’aimerait très fort. Je ne me moque en aucun cas de cette idée, en revanche pour le moment nous en sommes très loin et rien dans le système actuel ne laisse présager une réussite vers ce type de transition.
Venons-en au cœur du sujet.
Le chômage et la complexité du droit du travail en ligne de mire…
La France souffre d’une grave maladie sociale, le chômage de masse avec plus de 6 millions de personnes qui ne bénéficient pas en France d’un travail à temps plein, d’un salaire régulier ni de tous les avantages légaux de protection sociale.
Un véritable drame social et humain.
Un mal particulier affecte l’économie française, dans le cas des petites et moyennes entreprises : la complexité du droit du travail .
Des rapports multiples aux constats similaires
Le rapport de l’Institut Montaigne
Le rapport de Terra Nova
Ou encore le rapport Combrexelle qui a en parti fuité dans les Echos proposent tous d’inverser la hiérarchie des normes, pour faire face au chômage de masse en France.
La hiérarchie des normes … Kesako ?
L’inversion de la hiérarchie des normes, est une expression barbare utilisée pour dire que les accords collectifs (d’entreprise et/ou de branche) pourraient déroger à la loi.
Pour être encore plus simple, ce n’est plus la loi qui prime pour vos droits de salarié mais les accords d’entreprises ou de branche…
Le Code du travail serait-il donc la source de tous nos maux ?
Toutes ces propositions partent d’un postulat : le Code du travail tue l’emploi.
La logique à l’œuvre peut se résumer ainsi : si on supprime le Code du travail, les entreprises vont embaucher et on supprime le chômage de masse.
Est-ce que cela peut marcher ?
Quel que soit le pays, le modèle social ou les normes sociales en vigueur, nous faisons face à un phénomène mondial de raréfaction du travail lié en très grande partie aux progrès techniques considérables et exponentiels. Au Royaume Uni, aux USA, et même en Chine on remplace les salariés par des robots ou des machines (exemple de l’entreprise Foxconn en Chine par exemple).
Il n’y a donc aucune raison pour que cela fonctionne concernant le chômage de masse qui va poursuivre sa hausse inéluctable entrecoupée de quelques périodes de plus en plus brèves de rémission.
L’inversion de la hiérarchie de normes n’aurait pour seul intérêt que celui d’améliorer la compétitivité des entreprises par rapport aux entreprises concurrentes.
Mais même cela serait de courte durée car la compétitivité c’est « relatif »… c’est par rapport aux autres et si nous améliorons notre compétitivité pour conserver notre place cela signifie que le voisin lui ne fera rien pour améliorer la sienne. En réalité tous les pays sont lancés dans une véritable course mortifère (parce que déflationniste) au plus compétitif donc au moins disant social.
Contrats 0 heures en Angleterre, mini-job à un euro de l’heure en Allemagne, smic en baisse en Espagne, en Grèce n’en parlons même pas, sans oublier aux Etats-Unis une population active dont sont exclus désormais 69 millions d’américains sans travail qui sortent des statistiques (voir cet article pour ceux qui auraient encore des doutes!)…
Le gouvernement va-t-il aller jusqu’au bout ?
C’est peu probable alors que le Président de la république entame sa première phase de reconquête de l’opinion avec sa séquence de communication concernant les baisses d’impôts.
La volonté d’Hollande est bien de préparer sa réélection. Mettre fin aux 35 heures ou encore réduire en miettes le code du travail de façon trop visible ne pourrait que mettre la réélection éventuelle du président sortant en péril.
Finalement tant que François Hollande croit en ses chances de réélection les risques d’un big-bang social restent modérés, ce qui ne veut pas dire qu’il ne se passera rien, mais en période électorale, les ajustements devraient rester mineurs.
Alors, en attendant, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Charles SANNAT
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