Le compte-rendu de la dernière réunion du comité de la FED suggère qu’elle pourrait commencer à réduire la taille de son bilan dans le courant de l’année 2017. Si beaucoup d’incertitudes pèsent sur ce processus, voici une tentative visant à voir comment il pourrait avoir lieu, et quelles pourraient être les conséquences sur le marché de l’or.
Mon point de vue est purement personnel et donc je peux me tromper, mais cela reste ma conviction depuis le départ. Je pense que l’économie mondiale est bien trop fragile pour supporter un cycle réel et important de resserrement monétaire.
Si les banques centrales réduisent la voilure, alors les déficits budgétaires devront prendre le relais d’une façon ou d’une autre, ce qui veut dire qu’à terme, les banques centrales devront à leur tour agrandir leurs bilans pour sauver des États en pleine déroute financière.
Bref, je pense que tout cela est avant tout de la communication visant à faire croire à tous les agents économiques que la situation est parfaitement sous contrôle et que les choses vont beaucoup mieux. Elles ne vont certes pas plus mal, mais ce n’est pas non plus la croissance débordante !
Charles SANNAT
Le timing de la réduction du bilan de la FED
Dans son communiqué de décembre, les membres du comité de la FED ont déclaré que la réduction du bilan de leur institution ne commencerait pas avant la normalisation bien engagée de son taux directeur. Autrement dit, d’abord la hausse des taux, ensuite l’allègement du bilan. Certains responsables de la Banque centrale américaine affirment qu’un taux directeur de 1 % pourrait permettre de déclencher le processus. C’est pourquoi cela pourrait avoir lieu en 2017. Cependant, d’après l’enquête de mars conduite auprès des dealers primaires par la FED de New York, le consensus ne s’attend pas à une action avant le T2 2018, lorsque le taux directeur de la FED devrait être autour des 150-175 points de base.
Méthode et rythme
La réduction du bilan de la FED aura lieu de façon prudente et passive. Cela signifie qu’elle ne vendra pas ses actifs sur les marchés, mais qu’elle ne remplacera pas les actifs arrivés à échéance. Des discussions visant à déterminer si cette stratégie sera implémentée de façon abrupte ou progressive, il en est ressorti que la première option semble plus facile à communiquer tandis que la seconde devrait générer moins de volatilité sur les marchés. Vu l’importance des marchés actions pour la FED, nous parions donc sur la seconde option, jusqu’à ce que le bilan atteigne les niveaux désirés.
Échelle
C’est probablement la plus grosse inconnue du processus de normalisation du bilan de la FED. Il s’élève aujourd’hui à 4,5 trillions de dollars, soit un énorme changement par rapport aux 900 milliards de la fin 2007. Il ne faut pas s’attendre à voir le bilan de la FED se dégonfler jusqu’au niveau d’avant la crise. Vu la croissance économique en vigueur, la demande pour le dollar ainsi que les changements de politique monétaire auxquels nous avons assisté depuis 2007, il est fort probable que le bilan de la FED ne passera pas en dessous de la barre des 2,5 trillions de dollars (et ce d’après les propres projections de la FED, qui estime qu’il s’agit du niveau optimal à long terme). En fait, les négociants principaux pensent que le bilan de la FED sera de 3,5-4 trillions de dollars d’ici la fin 2019.
Les conséquences de la réduction du bilan de la FED sur l’or
Que cela signifie-t-il pour le marché de l’or ? C’est assez significatif. L’opinion majoritaire est que le gonflement du bilan de la FED fut positif pour les marchés actions, donc sa réduction devrait mener à une correction. En conséquence, le cours de l’or devrait grimper. Cependant, ce n’est pas aussi simple vu que la réduction du bilan de la FED n’aura pas des conséquences exactement inverses à celles du QE. Cela s’explique par le fait que la FED ne vendra pas activement ses actifs. Le processus sera complètement passif, graduel et annoncé aux marchés. Tandis que la normalisation ne nous ramènera pas au niveau d’avant 2007. Donc, l’impact de ce processus sur les marchés devrait être limité, y compris pour les métaux précieux. À ce titre, on peut prendre pour exemple le processus de relèvement des taux. Malgré de nombreux scénarios catastrophes, trois relèvements des taux n’ont jusqu’à présent pas perturbé les marchés. Et n’oubliez pas que ce processus est peut-être déjà intégré dans les valorisations actuelles. Voir le graphique en en-tête : comme vous pouvez le voir, la relation entre le bilan de la FED et le cours de l’or est loin d’être linéaire.
Il est vrai que les deux premiers rounds de QE furent très positifs pour l’or. Cependant, le troisième fut un désastre pour le métal jaune, alors que la confiance revenait. (…) Il est donc difficile de prédire les conséquences de la réduction du bilan de la FED sur le marché de l’or. Cela dépendra plus des conditions économiques globales. (…) »