À toutes fins utiles, je précise que lorsque je traduis un article ou que je reproduis un article, je le fais non pas parce que je partage forcément tous les points de vus avancés, mais parce que cet article me semble de nature à alimenter les réflexions du plus grand nombre.
En ce qui concerne les États-Unis, le rêve américain s’est transformé en cauchemar collectif à partir du 11 septembre 2001. Cet événement a provoqué une cassure phénoménale, y compris dans l’âme même américaine –je pense aux droits, aux libertés civiques par exemple ou au respect de la vie privé qui sont des idées ayant volé en éclat en même temps que les tours jumelles.
À cela se rajoute également le drame économique de la globalisation et de son cortège de délocalisations qui touche ce pays comme tous les autres, ainsi que les problèmes liés aux nouvelles technologie. L’effet sur les classes moyennes américaines est en tous points redoutable.
Charles SANNAT
Article de Forbes.com, publié le 23 avril 2016 :
« Pour la grande majorité des Américains, l’économie de leur pays est dans un état de stagnation prolongée, bien pire que celui du Japon. C’est en tout cas le constat lorsqu’on prend en compte les revenus réels, c’est-à-dire ajustés à l’inflation.
90 % des Américains gagnent plus ou moins le même revenu réel qu’au début des années 70, d’après une étude récente publiée par le Levy Economic Institute. La stagnation économique du Japon remonte au début des années 90.
La stagnation économique n’a pas atteint les 10 % restants, qui ont assisté à une augmentation conséquente de leurs revenus réels durant la même période.
Pour faire simple, pour la grande majorité des Américains, le rêve d’une vie meilleure s’est évaporé au début des années 70. Comment expliquer ce changement majeur dans la distribution de la richesse durant ces 4 dernières décennies ?
Cette période a coïncidé avec l’ouverture grandissant de l’économie américaine au commerce mondial et aux investissements étrangers. La mondialisation est donc le premier suspect qui vient à l’esprit.
L’ouverture économique a mis en concurrence les entrepreneurs et les travailleurs américains à leurs pairs étrangers. Pour les 10 % les plus riches de la population, ceux qui disposent des compétences requises, l’ouverture de l’économie américaine fut une bonne chose, une source d’efficacité et d’opportunités qui se sont traduites par des revenus plus élevés.
Pour les 90 % restants de la population, ceux qui ne disposent pas des compétences adéquates ou de compétence limitée, l’ouverture de l’économie américaine fut une mauvaise chose, une source de perte d’emploi et de revenus inférieurs.
Mais un autre élément peut expliquer cette situation. Ces changements dans la distribution de la richesse se sont empirés après la Grande Récession, ce qui nous amène au second suspect : les politiques de taux planchers, qui ont dopé la valeur des actions et des obligations, profitant directement aux 10 % les plus susceptibles de posséder ces actifs.
Il ne faut donc pas s’étonner de l’énorme soutien dont jouissent Donald Trump et Bernie Sanders, qui accusent la mondialisation et Wall Street de tuer le rêve américain. »