Je laisse la parole à Pierre Leconte du site le Forum monétaire de Genève. Je ne partage pas tous les avis de Pierre Leconte ou toutes ses analyses (en particulier sur les prix de l’or), mais cela n’a aucune importance!!! Ce qui est important c’est de stimuler et d’enrichir la réflexion de tous avec des points de vues différents. Alors merci à Pierre Leconte de me laisser partager ses billets.

Excellente lecture à tous.

Charles SANNAT

Quatre hypothèses sont à envisager: 1/ Parce qu’elle craint une inflation future qu’elle veut contrer avant qu’elle ne se produise, 2/ Parce qu’elle veut ralentir la bulle des actions avant qu’elle devienne incontrôlable et se termine inévitablement par un krach, 3/ Parce qu’elle veut se redonner des moyens de stimulation qu’elle n’a plus pour le cas où une nouvelle récession interviendrait, 4/ Pour satisfaire l’énorme pression des banques, compagnies d’assurance et fonds de pension US dont la rentabilité est tombée très bas, en raison du taux directeur zéro, ce qui dégrade fortement leurs marges (sur les prêts étudiants, particuliers, automobile et immobilier qui constituent l’essentiel de leurs engagements) et donc leurs bilans.

 

C’est à notre avis la 4éme hypothèse qui serait la bonne, étant donné que la Federal Reserve est au service des grandes banques « Too Big To Fail » – TBTF – (qui en sont les actionnaires et qui emploient ses anciens dirigeants aussitôt qu’ils quittent leurs postes à la banque centrale) de Wall Street et non pas de « Main Street ». D’autant qu’en relevant son taux directeur le blason de la Fed serait, pense-t-elle, redoré puisqu’elle pourrait argumenter que le début de normalisation de sa politique monétaire en matière de taux courts montre que son action a été couronnée de succès étant donné qu’elle commencerait à y mettre un terme (le même argument fallacieux ayant été employé par elle lors de l’arrêt de son Quantitative Easing 3).
A contrario, ne pas remonter son taux directeur maintenant (alors qu’en parle depuis des mois) signalerait aux marchés financiers qu’elle n’a pas confiance dans la reprise économique US et que son action dans ce sens a échoué ou bien qu’elle est entièrement dépendante de situations pouvant affecter certains Etats étrangers (récession des BRICS et autres pays émergents) dans la fixation de la politique monétaire US, une perte de crédibilité qui lui serait dommageable en mettant fin au mythe de l’indépendance des banques centrales à laquelle bien peu de gens croient encore. Ce pourrait être le début d’une baisse notable du dollar US…

 

Alors que, comme l’indiquent les graphiques présentés par Jeff Gundlach dans le lien ci-dessous, il n’y a pas en ce moment de raison objective de relèvement de son taux directeur (c’est bien avant qu’il fallait le faire) dans la période actuelle hautement déflationniste, la Fed prendrait en faisant cela un risque notable de déstabilisation des marchés financiers, surtout si elle présentait ledit relèvement comme le début d’un resserrement significatif et durable de sa politique monétaire. Ce pourrait être la chute finale de l’or en parallèle avec une poursuite de la baisse des actions…

Bref, la Fed s’est elle-même placée dans une situation sans issue puisque, quoi qu’elle fasse, ce sera probablement ce qu’il ne fallait pas faire en ce moment… Sans compter que, au lieu de réduire les incertitudes inhérentes aux marchés financiers, elle les augmente dangereusement. Décidément, les politiques discrétionnaires ultra keynésiennes de “planification centrale monétaire” des banques centrales leur permettant de fixer arbitrairement les taux courts et la quantité de monnaie émise constituent une calamité dont il faudrait sortir au plus vite. Ce modèle est fini. Le problème c’est que, si l’on ne veut pas revenir aux taux de change fixes (exceptionnellement ajustables) entre monnaies et à l’étalon or permettant d’en finir avec les “fiat currencies”, il n’y a guère de solution.

 

A noter qu’en zone euro et au Royaume-Uni aussi, certaines autorités se prononcent pour le resserrement monétaire, mais pas encore la BCE ou la Banque d’Angleterre. La même question se pose aussi au Japon. Puisqu’il n’y a pas de sens à continuer d’imprimer toujours plus de fausse monnaie et à maintenir des taux zéro, qui pénalisent les épargnants et les organismes de collecte ou de gestion de l’épargne (répression financière), pour seulement entretenir la sur-évaluation artificielle des actions jusqu’à ce qu’elles montent au ciel (parce que plus dure sera la chute finale), sans que économie réelle en profite (trappe à liquidité, etc.).

 
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