Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Vous allez me dire et je vous entends déjà, “Charles vous nous êtes fort sympathique (enfin j’espère que vous pensez ça !) mais nous ne connaissons pas votre Félix. Il y a bien un chat dans la famille qui porte son nom mais nous n’en savons pas plus, alors Draghi est peut-être le pire des criminels pour Felix le chat, mais fichtre, qui est donc ce Zulauf”.

Et c’est là que je prends mon air docte, celui du sachant savant qui sait lui… et que je vous dis l’air snobinard comme dans un dîner en ville l’air semi-outré: “Koooââââââaaaaaaaaaa, vous ne connaissez pas Felix Zulauf ?

A ce niveau de la conversation, il est d’usage pour ne pas passer pour le dernier des cons de dire “si ça me dis bien quelque chose mais je n’arrive plus à le remettre”…. c’est d’ailleurs pour éviter, entre autre, ce genre de scènes fatigantes que je me cache et fuis comme la peste tous les dîners en ville.

Bref, revenons en père Félix, qui n’est pas un chat bien qu’il soit un félin des marchés… Cela fait 40 ans que Félix écume les marchés financiers…. Il a terminé sa carrière de salarié comme stratège mondial pour le groupe UBS et s’est fait sacrément remarqué lorsqu’il avait prédit la crise de 1987… entre autre ! Désormais, le travail de Felix Zulauf consiste à “rédiger une lettre d’information bimensuelle sur les marchés financiers, qu’il vend dans 20 pays sur 5 continents à des investisseurs institutionnels”.

Bref, Félix est un type intelligent ayant, de surcroît, de l’expérience et j’aime bien les cheveux gris, généralement avec le temps, certains comme les bons vins se bonifient…

Je vous passe toute l’interview de Felix Zulauf que vous irez lire (vous avez le lien tout en bas) si le cœur vous en dit.

Le plus intéressant c’est son analyse de la politique monétaire du père Draghi…

Pour résumer, Félix trouve que Mario fait le mariole…

“Dans quelques années, nous verrons les dégâts provoqués par les taux négatifs. Les fonds de pension, les banques, mais aussi notre confiance dans l’argent. Tout est en train de tomber en morceaux à cause de la politique des banques centrales. Mario Draghi est selon moi le plus grand criminel au monde”, estime le Suisse Felix Zulauf, le légendaire gestionnaire de fond

Je suis très pessimiste pour l’Europe. Nous sommes mal gérés. La génération actuelle européenne ne connaîtra plus le marché libre”, estime-t-il.

Je ne peux qu’être d’accord sur le fait qu’effectivement, le marché libre n’existe plus et que nous sommes clairement dans une économie administrée (j’avais réalisé un dossier spécial intitulé justement “comment survivre dans une économie administrée”).

Mais là où cela devient passionnant c’est quand il se “lâche” sur la BCE…

“Que pensez-vous de la politique de la Banque centrale européenne?

Je pense que Mario Draghi est le pire criminel au monde. Au cours de son court mandat à la tête de la BCE, il a détruit la crédibilité de la jeune banque centrale, il a sapé notre confiance dans l’argent et dans la loi. Car, selon la loi, les avoirs doivent être protégés. Si votre argent perd de la valeur, ce qui est le cas avec les taux négatifs, c’est contraire à la loi. Draghi a ainsi détruit le système bancaire. Les banques perdent beaucoup dans le contexte de taux actuel. Les actions des banques sont aujourd’hui proches de leur point le plus bas de 2008 et 2012, et ce, sans crise. C’est la conséquence d’une politique monétaire affligeante. La seule chose qui intéressait Draghi, c’était de sauver l’Italie et les pays les plus fragiles.

Draghi a également sapé le système de retraite. Il a placé les fonds de pension face à de sérieux problèmes. Dans 25 ans, nous verrons les dégâts de sa politique sur les personnes qui prendront leur retraite. Il a détruit le concept d’intérêts composés – où les intérêts sur les intérêts produisent un effet boule de neige. Il pénalise les épargnants et encourage les spéculateurs.

Et si vous retirez de l’économie le moteur de croissance qu’est l’épargne, vous créez un problème. Car une loi économique dit que l’épargne équivaut à investir. Si vous détruisez l’épargne, c’est néfaste pour les investissements, et vous érodez la productivité à long terme. Vous pouvez bien entendu créer des capitaux en faisant tourner les planches à billets des banques centrales, mais c’est différent d’une masse d’argent qui se développe de manière organique via le système de taux. Nous ne vivons plus dans une économie libre.

Quelles sont les conséquences de la politique de taux sur les marchés financiers ?

Les taux négatifs ont conduit à une mauvaise allocation des capitaux. On a créé des déséquilibres que le marché libre ne peut restaurer. Nous pouvons uniquement les corriger avec une économie planifiée. C’est pourquoi nous évoluons de plus en plus vers ce type d’économie.

Je pense que le libre-échange aura disparu pour la prochaine génération. Il y a plus de manipulations et d’interventions des pouvoirs publics. Selon une étude de la Banque des règlements internationaux (BRI), entre 6 et 12% des entreprises cotées – que l’on appelle sociétés zombies – ne dégagent pas suffisamment de bénéfices pour couvrir le coût de leurs capitaux. Ces entreprises sont maintenues à flot grâce au taux artificiellement bas auquel elles peuvent emprunter. Cela fait baisser la productivité et la richesse. Comme les communistes dans le passé.

Non, nous sommes vraiment mal gérés. Je vois beaucoup de similitudes entre l’Union européenne et les économies centralisées des anciennes républiques soviétiques. La centralisation dans les grandes unions ne fonctionne pas. Cela réduit la productivité au lieu de l’améliorer.

La création de l’euro fut une erreur. Pas parce qu’une monnaie unique est une mauvaise chose, mais parce qu’elle crée des déséquilibres. Et ces déséquilibres devraient être corrigés par une autorité centrale, ce qui ne fonctionne pas. Sans l’UE, l’Italie aurait, par exemple, pu dévaluer sa devise, ce qui aurait résolu de nombreux problèmes. Aujourd’hui, les Italiens ont une devise qui est trop forte pour eux, et ils ne peuvent rien y changer. Ils sont prisonniers d’une spirale déflationniste. Et de nombreux Italiens partent à l’étranger pour trouver du boulot. Les hommes italiens restent en moyenne chez leurs parents jusqu’à l’âge de 37 ans, et le taux de natalité s’écroule. Le pays du pape, pouvez-vous l’imaginer? (il rit).

Que retenir ?

Simplement que quand on entend ce que l’on entend, que l’on voit ce que l’on voit, nous avons raison, mes amis, de penser ce que nous pensons, à savoir que Draghi n’a strictement aucune marge de manœuvre et que s’il ne saccage pas la valeur de la monnaie à terme, nous crèverons tous dans d’horribles souffrances là, maintenant tout de suite.

Nous avons raison de penser que la FED de Powell, ne peut faire guère mieux au moment même où tout allait tellement bien que la Banque centrale américaine vient d’annoncer la reprise de ses achats d’actifs pour… 60 milliards de dollars chaque mois…

Nous avons raison de penser que la situation est irrémédiablement compromise.

En réalité tout le monde le sait.

La seule chose qui fasse y tenir le tout ce sont les interventions des banques centrales et cet aveuglement volontaire et collectif où tous les acteurs économiques veulent faire comme si tout allait très bien, tant voir la réalité économique ouvre un abîme psychologiquement pour le moins inconfortable.

C’est une excellent nouvelle, car cela nous donne du temps, et ce temps qui nous est offert à coup de milliers de milliards, vous devez le mettre à profit pour débancariser encore plus, encore mieux, pour réallouer votre patrimoine vers plus d’actifs tangibles et moins de financiers, vers moins de cash et plus de réel, vers moins de titres de dettes et plus de titres de propriétés !

C’est parce qu’il est déjà trop tard, mais que tout n’est pas perdu qu’il faut vous préparer.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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