Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Le débat sur les conséquences de la « robolution », c’est-à-dire de la révolution robotique qui en est à ses balbutiements, n’est pas près de se terminer ! Au contraire, il va s’amplifier et devenir de plus en plus violent, entre ceux qui pensent que les robots prennent le boulot, et ceux qui pensent qu’il n’y a rien de grave, que c’est aussi vieux que le monde, qu’il ne faut craindre ni les progrès ni le changement !
Que finalement les Canuts avaient déjà peur pour leur travail… Alors, pensez donc, les robots n’empêcheront pas l’homme d’avoir du travail.
En termes philosophiques, je reste persuadé que depuis que l’homme a été « chassé du paradis » et qu’il a été contraint au travail après avoir mangé une pomme… qu’il n’aurait pas dû croquer ou quelque chose de ce genre d’après quelques légendes partagées, tout le génie humain a été mis au service de son confort, avec à chaque fois comme objectif d’adoucir ses peines.
Il est donc logique, normal, et même souhaitable, qu’à un moment de notre évolution, nous n’ayons plus besoin de travailler pour produire ! C’est cela… le paradis perdu.
Le confort matériel sera assuré inévitablement par les machines. Cela n’est pas un problème, il n’y a pas à le redouter, il y a même à le souhaiter.
La question à mon sens n’est pas de savoir si les robots vont nous supprimer notre travail. Il faut que les robots suppriment le travail, car c’est le sens du progrès humain depuis la nuit des temps.
La véritable question porte sur les modes de partage des richesses quand cela ne peut plus passer par le salaire lié au travail… Voilà la véritable question.
L’une des réponses est le revenu universel. Idée séduisante, mais prématurée pour le moment. Il n’en demeure pas moins qu’un jour, il faudra soit réduire drastiquement la population humaine, soit donner à chacun les moyens de sa subsistance dans la dignité. Et cela passera par des modes de partage très différents.
D’ici-là et de manière plus prosaïque, nous vivons une période transitoire.
L’inconfort de la période transitoire
Durant cette période où l’on voit finir le monde ancien hérité de la révolution industrielle et de ce système de consommation de masse nécessitant des masses de bras pour assurer les productions nécessaires, et le passage au nouveau monde qui verra le règne absolu des machines, de l’intelligence artificielle pour assurer les tâches de production, les choses seront de plus en plus difficiles.
D’ailleurs, le dernier rapport de la CNUCED recommande « qu’une politique industrielle numérique soit mise en œuvre pour veiller à ce que la robotique contribue à un développement inclusif et non à l’entraver »…
Je ne sais pas ce que vous avez compris de cette phrase… Moi, rien !
« Dans son dernier rapport, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) plaide en faveur de l’usage de robots collaboratifs dans l’industrie.
Les travailleurs qualifiés vont-ils se faire remplacer par des robots ? À l’heure où une compagnie d’assurance japonaise a remplacé 34 de ses salariés par des robots et des banques américaines testent des agences automatiques sans employés, les emplois qualifiés pourraient être de plus en plus menacés par l’automatisation du travail. Selon le dernier rapport de la CNUCED, ”la menace que fait peser la robotisation sur les bons emplois s’étend à certains pays en développement”. Le secrétaire général de l’organisation Mukhisa Kituyi a ajouté :
”L’utilisation de robots menace les emplois aussi bien dans les pays développés que dans les pays émergents, mais comme pour toute nouvelle technologie, cette situation offre des possibilités autant qu’elle présente des risques.” »
Tout le monde sait que ce sera un carnage sur l’emploi y compris qualifié !
Demain, plus d’ouvriers certes, mais plus non plus d’assureurs du coin ou de banquiers, tout se passera sur Internet, en ligne, et sur ces sujets, nous sommes déjà demain !
Après-demain, les femmes de ménage seront des robottes, les voitures et les camions se piloteront seuls, etc., etc. ; même les pilotes de ligne disparaîtront au profit de machines autonomes, de « drones » et les technologies sont déjà là.
L’agence de l’ONU pointe la notion de répartition
« La CNUCED pointe le risque d’une répartition inégalitaire des revenus issus de la production robotique. ”Si rien n’est fait, les effets distributifs de la robotisation accroîtraient la part du revenu revenant aux propriétaires des robots et aux détenteurs des droits de propriété intellectuelle qui y sont associés, ce qui aggraverait les inégalités existantes.” Elle recommande donc une certaine vigilance.
”Pour éviter cette situation, on pourrait mettre en place des dispositifs par lesquels les revenus des employés seraient liés à la rentabilité de leur entreprise et proviendraient donc pour une part substantielle de la détention de capital et non du travail.” »
Aïe, voici encore un changement de fiscalité qui se profile. Va-t-on taxer les robots ? Et si l’on taxe les robots chez nous, mais pas le voisin et que nous restons dans un monde sans frontière avec la libre circulation des biens… où les entreprises iront-elles produire ?
Il sera donc impossible de taxer unilatéralement les usines de robots dans un monde ouvert…
Il s’agit donc là de redoutables questions, non pas sur les décennies qui viennent mais entre aujourd’hui et demain… La robolution c’est maintenant et le carnage sur l’emploi a déjà commencé, vous en voyez les conséquences tous les jours.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
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