L’une des principales demandes américaines à la Chine est que l’empire du Milieu internationalise sa devise.
Inutile de dire qu’en demandant cela, les Américains, et la finance américaine, pensent pouvoir prendre pied et influence sur l’économie chinoise et de l’intérieur.
Il est aussi évident que les Chinois le savent.
Que font les Chinois donc ?
Ils internationalisent leur monnaie, le yuan, mais pas n’importe comment ! Ils maîtrisent ce processus et en profitent aussi pour prendre pied sur le marché pétrolier mondial… Ils tirent parti de l’internationalisation de leur monnaie à leur profit.
C’est un immense rapport de force et à ce jeu, nos amis Chinois sont assez brillants !
Charles SANNAT
Le principal importateur de pétrole du monde, la Chine, s’apprête à lancer sur le marché de Shanghai un contrat à terme sur le pétrole brut libellé en yuans et convertible en or physique. Se peut-il que le pétrodollar soit bientôt évincé par le pétroyuan ? Sputnik s’est en entretenu avec des experts.
Malgré les risques encourus, l’internationalisation du yuan offre incontestablement beaucoup d’avantages, et la Chine poursuivra dans cette voie, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Cheng Fengying, de l’Institut de l’économie mondiale à l’Académie chinoise des relations internationales contemporaines.
« Le lancement des contrats à terme sur le pétrole brut libellés en yuans est un pas de plus sur la voie de l’internationalisation de la monnaie chinoise. Il est évident que certains risques existent, qu’il s’agisse d’un reflux d’investissements ou d’un reflux de monnaie. Somme toute, le processus d’internationalisation du yuan pourrait être comparé à un immense océan, et tout dépend de notre capacité à y nager et d’assumer les risques », a souligné l’interlocutrice de l’agence.
Et d’ajouter qu’à part les risques à courir, l’internationalisation du yuan offrait de grandes possibilités à ne pas rater.
« À l’heure actuelle, le moment est propice, le prix du pétrole n’étant pas élevé, et l’offre dépassant la demande. Si dès à présent, nous ne lançons pas de transactions en yuans et n’apprenons pas à influer sur l’établissement des prix, nous risquerons de tout perdre par la suite quand la situation sur le marché évoluera », a expliqué la spécialiste.
Un autre interlocuteur de Sputnik, Wang Zhimin, du centre analytique près le ministère chinois de l’Éducation, a insisté pour sa part sur la possibilité de convertir en or physique un contrat à terme libellé en yuans, grand avantage par rapport aux systèmes actuels BRENT et WTI.
« Les transactions en yuans seraient avantageuses, les pétroyuans étant convertibles en or. C’est très bien. […] Certains pays, notamment la Chine et la Russie, ont déjà convenu de régler les contrats pétroliers en yuans », a relevé M. Wang.
Et de rappeler que le Venezuela s’était mis récemment lui aussi à libeller les contrats pétroliers en yuans.
« Le contournement du dollar pour le règlement des échanges pourrait permettre à certains pays exportateurs de pétrole d’éviter les sanctions américaines en réalisant des transactions en yuans. […] Il est significatif que les trois pays évoqués, notamment la Russie, l’Iran et le Venezuela, figurent parmi les principaux exportateurs de pétrole », a souligné l’analyste.
Il reconnaît toutefois que l’Arabie saoudite ne cesse d’insister sur les échanges en dollars.
« Quoi qu’il en soit, la Russie peut aider la Chine à détrôner le dollar dans les échanges internationaux pour le brut », a estimé M. Wang.
Et de conclure que les Saoudiens devraient toutefois s’éloigner progressivement des pétrodollars, s’ils voulaient conserver et augmenter leur accès au marché du pétrole chinois.