Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Pour Steve Eisman, la star de “Big Short”, difficile de prédire la prochaine crise. C’est en tous cas ce qu’il dit dans cet entretien accordé à La Libre Belgique. Steve Eisman, un investisseur surtout connu pour avoir anticipé la crise financière de 2008… et avoir gagné beaucoup d’argent en anticipant l’explosion des subprimes et le fait que tout était assez bidonné.
Il avait misé sur l’effondrement du marché immobilier après avoir vu se multiplier les défaillances des ménages américains ayant souscrit aux désormais fameux “subprimes”, son pari, audacieux et au final très lucratif, est raconté dans le film “The Big Short”, sorti en 2015.
Il n’était pas seul dans cette histoire un peu folle, il y avait aussi Mickael Burry.
Bref, que pense-t-il donc la situation ?
Rien.
Ou pas grand chose.
“Il est peu probable qu’un tel cataclysme se reproduise”. “Cette crise “systémique”, qui a “failli faire brûler la planète”, était due à l’endettement trop important des banques et à l’explosion des “subprimes”.
“Ce risque n’existe plus. L’endettement (des établissements financiers) est beaucoup moins important aux Etats-Unis et en Europe, les banques sont mieux réglementées”.
“Une récession de moindre ampleur reste tout à fait possible. Mais l’économie pourrait tout aussi bien continuer à croître poussivement pendant encore plusieurs années.
“Il y a trop de variables pour tenter de deviner ce qui va se passer”.
“La qualité du crédit aux Etats-Unis est très bonne, en particulier du côté des consommateurs”.
Bref, un blabla assez décevant de prime abord de la part de ceux qui avait vu arriver l’explosion de la bulle immobilière. Mais creusons encore un peu.
“L’argent est gratuit, ce qui rend possible beaucoup de choses qui ne le seraient pas autrement”, observe l’investisseur.
“L’argent est gratuit, ce qui rend possible beaucoup de choses qui ne le seraient pas autrement”
Voilà le fond du problème.
L’argent gratuit qui rend beaucoup de choses possibles qui ne le seraient pas autrement !
Dans un monde d’argent gratuit, les crises ne sont plus prévisibles, et elles sont mêmes, par nature, presque impossibles.
Ce qui créé une crise ce sont des excès qui menent à l’insolvabilité d’acteurs économiques. Les excès de demande d’argent augmentent les prix de l’argent. Les taux montent. Bref, au bout d’un moment il n’y a plus assez de capital pour tous ceux qui ont besoin, les plus fragiles meurent. Puis l’activité repart et un nouveau cycle commence.
Ainsi se déroule la vie économique dans un monde normal.
Dans un monde d’argent gratuit, c’est la croissance éternelle, jusqu’au jour, où, plus personne ne voudra de cet argent, car il y aura une perte de confiance dans la valeur même de la monnaie.
C’est cela que dit Steve Eisman quand il parle d’argent gratuit.
Ce n’est pas la réponse de Steve Eisman qui est mauvaise, c’est la question.
La bonne question n’est pas quelle sera la prochaine crise, mais, “dans un monde d’argent gratuit une crise économique est-elle seulement possible, une crise monétaire inévitable ?”.
Voilà de quoi méditer pour votre week-end. Je ramasse les copies lundi !!
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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Source La Libre Belgique ici