Vous vous souvenez du film Shutdown avec le psychodrame sur le relèvement du plafond de la dette aux États-Unis ?

Vous avez aimé le suspens pour la saison 2 parce que cela avait recommencé mais en moins grave l’année suivante ?

Vous allez adorer la saison 3 qui va très prochainement commencer, bien que vous soyez occupés par la présidentielle française.

Alors on prend le même sujet, les mêmes blocages, et on “remet” ça.

Charles SANNAT

L’accord actuel concernant le financement du gouvernement expire le 28 avril, si bien que de nombreuses personnes se demandent si l’État américain va fermer momentanément ses services.

Cette possibilité est bien plus élevée que le pensent les investisseurs, et à vrai dire on en parle très peu. Pourtant, un tel événement pourrait effrayer les marchés, poussant les investisseurs à quitter les marchés actions pour des alternatives plus sûres.

Les perspectives de fermeture des services publics américains en 2017 sont balayées du revers de la main par les politiciens, ainsi que par les médias. Le président de la Chambre des Représentants Paul Ryan a déclaré que cela n’aurait pas lieu, tandis que MarketWatch affirme que les investisseurs ne doivent pas nourrir cette crainte.

Il n’y a pourtant aucune garantie.

Il s’agit d’une possibilité sérieuse, nous voulons que nos lecteurs soient préparés à une telle éventualité. Nous allons vous expliquer pourquoi cela pourrait avoir lieu fin avril.

Les services publics américains pourraient fermer le 28 avril

Les services publics américains peuvent fermer lorsque le Congrès ne parvient pas à ratifier le budget qui finance le gouvernement. Et l’accord qui existe pour le moment est sur le point d’expirer.

Il arrive à son terme le 28 avril. Cela signifie que le Congrès devra trouver un accord avant cette échéance pour éviter la fermeture. Mais cela ne sera pas facile.

Le Sénat est actuellement en vacances pour deux semaines. Les sénateurs ne reviendront pas aux affaires avant le 21 avril. Cela laisse au Congrès une petite semaine pour trouver un accord de financement du gouvernement. Et jusqu’à présent, la Chambre et le Sénat ne semblent pas être sur la même longueur d’onde.

Le 30 mars, lorsque Paul Ryan a déclaré à CBS qu’il n’y aurait pas de fermeture des services publics, l’accord ne prévoyait pas l’inclusion de mesures controversées, comme le mur de Trump à la frontière du Mexique ou la proposition de supprimer le financement de Planned Parenthood.

Mais le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, a fait résonner un tout autre son de cloche il y a quelques jours lorsqu’il est apparu sur les plateaux de Fox News le 2 avril. Lorsqu’on l’a interrogé sur les éléments controversés qui pourraient faire dérailler la ratification du budget, il a déclaré être ouvert au débat. « Nous allons négocier tous ces éléments dans le contexte de cette loi de financement. »

Ces mesures controversées sont plus que jamais un problème de taille, car ils divisent même les Républicains.

Il y a seulement deux semaines, le Congrès a tenté d’annuler de remplacer Obamacare, une promesse des Républicains du Congrès depuis des années. Ils n’ont pourtant pas réussi à le faire.

Malgré le fait que les Républicains ont la majorité aux deux Chambres du Congrès, ils furent incapables de ratifier la loi à la Chambre, ou même d’avoir l’accord du Sénat. Une faction des Républicains de la Chambre souhaite des mesures plus fortes pour réduire la taille du gouvernement, tandis que la faction la plus modérée craint pour ses chances de réélection en cas d’adoption d’une posture aussi dure.

Cela n’augure rien de bon pour la loi de financement, car les mêmes divisions pourraient miner un tel accord. C’est d’autant plus vrai que des éléments controversés seront ajoutés au débat.

En fait, la proposition de budget du président Trump a déjà été accueillie par des critiques acerbes des Sénateurs républicains.

« C’est un projet mort-né. Il n’aura pas lieu », a déclaré le sénateur Lindsey Graham à NBC le 28 février. « Ce serait un désastre », a-t-il ajouté.

Même si le Congrès ne doit pas ratifier la proposition de budget du président Trump, il s’agit d’une nouvelle preuve du manque d’unité des Républicains sur le dossier des dépenses gouvernementales. Et l’absence du support du président Trump ne facilitera pas les choses.

Mais la plus grande menace qui plane sur l’État américain est le fameux plafond de la dette.

Le plafond de la dette est à nouveau atteint

Le gouvernement fédéral a atteint le plafond de la dette le 16 mars. Cela signifie que le gouvernement fédéral ne peut emprunter davantage d’argent pour payer ses factures jusqu’à ce que le Congrès relève le plafond.

Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a déjà recours à des mesures extraordinaires pour que l’État puisse continuer ses opérations. Il est possible que le dossier du plafond de la dette soit lié à celui de la loi de financement, notamment pour que le Congrès puisse faire d’une pierre deux coups en un seul vote.

Mais ce plafond de la dette pourra également être utilisé en tant qu’instrument de négociation de cette loi de financement, comme ce fut le cas durant les crises de 2011, 2013 et 2015. À chacune de ses occurrences, les Républicains du Congrès s’opposèrent de façon véhémente au relèvement du plafond de la dette.

Il s’agit d’un problème de taille, car l’incapacité du Congrès à relever le plafond de la dette en 2011 avait poussé Standard & Poor’s à baisser la note des États-Unis. Nous avons ensuite connu la fermeture des services publics de 2013, puis sommes passés tout près d’un tel événement en 2015.

En fait, les batailles précédentes concernant les accords de financement du gouvernement ont fait vaciller les marchés. En 2011, en 2013 et en 2015, le Dow Jones a pu baisser jusqu’à 10 % durant les périodes qui ont précédé ces accords.

plafond de la dette et dow jones

La fermeture des services publics pourrait provoquer une baisse des marchés actions encore plus importante alors que le marché haussier engendré par l’élection de Trump a propulsé les actions à des niveaux records. De plus, elle pourrait miner l’optimisme des investisseurs à propos de l’agenda économique de Trump.

Article de moneymorning.com, publié le 11 avril 2017

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