L’Irlande est le pays doté du « quatrième secteur bancaire de l’ombre » du monde, avec ses 2,2 trillions de dollars d’actifs financiers non bancaires basés dans des fonds, des entités ad hoc et autres structures mal comprises de la place financière de Dublin, d’après un rapport publié mardi. Ce chiffre correspond à environ 8 fois le PIB irlandais…
Ce chiffre est également une des conséquences du fait que l’Irlande est un paradis fiscal légal au sein même de l’Europe et de la zone euro, et que ce pays ne doit son “succès” et son développement économique qu’au fait que sa fiscalité soit particulièrement attractive… Tout simplement.
Un peu court pour faire un modèle économique, surtout que cela est fait au détriment des autres pays européens.
Une Europe juste serait enthousiasmante ! Nous en sommes loin, trop loin.
Charles SANNAT
Ce sont les États-Unis qui possèdent le premier pôle bancaire de l’ombre du monde, avec des actifs s’élevant en 2015 à 13,8 trillions de dollars, d’après le dernier rapport annuel du secteur par le Conseil de stabilité financière, basé à Bâle et dont l’objectif est d’identifier les risques potentiels d’une finance mondialisée qui se complexifie chaque jour.
Les Îles Caïman, qui ont participé pour la première fois à l’étude du CSF, occupent la seconde marche du podium avec ses 4,3 trillions de dollars, suivies par le Japon et ses 3,2 trillions de dollars.
En 2010, les pays du G20 et les économies émergentes ont donné pour mandat au Conseil de stabilité financière de suivre l’expansion des activités financières qui ont lieu en dehors du cadre bancaire classique, vu le rôle que ce secteur a joué dans la crise mondiale de 2008. Alors que les banques centrales ont pris des mesures pour limiter la prise de risques excessive dans le secteur bancaire au lendemain de la crise de 2008, la crainte est que celui-ci exploite la finance de l’ombre pour échapper aux régulateurs.
« La finance classique offre une diversification importante aux ressources fondatrices qui soutiennent l’économie réelle », a déclaré Mark Carney, gouverneur de la banque d’Angleterre et président du CSF à l’occasion de la publication du dernier rapport.
« Ce système de surveillance à l’échelon mondial, amélioré et coordonné, va nous permettre de poursuivre notre meilleure compréhension des activités financières non bancaires et des risques qu’elles posent au système financier. Cela nous permet de mieux juger la situation et de prendre les mesures nécessaires tandis que nous faisons de la finance de l’ombre un pan résilient du système financier. »
Pas de données pour la Chine
Le Conseil de stabilité financière a déclaré que la Chine, qui était arrivée en troisième position du classement précédent à égalité avec l’Irlande, n’a pas fourni ses chiffres dans les temps si bien qu’elle n’a pu être incluse. Le Luxembourg, le principal rival européen de l’Irlande dans les activités financières non bancaires, n’a pas encore pris part à l’étude annuelle.
La finance non bancaire propose une alternative de choix de financement, elle permet de soutenir l’activité économique, d’après le CSF, ajoutant qu’elle peut offrir une ligne de crédit alternative « bienvenue » et apporter une « concurrence saine pour les banques ».
Petit à petit, le Conseil a modifié sa définition des éléments susceptibles d’être pris en compte dans la finance de l’ombre et qui sont comptabilisés dans son rapport annuel. Le dernier mode de calcul, qui exclut les actifs comptabilisés sur les bilans des groupes bancaires, évalue le poids de la finance de l’ombre à 34 trillions de dollars en 2015, soit en hausse de 3,2 % par rapport à l’année précédente.
« Cela correspond à 60 % du PIB des 27 pays concernés, et 13 % de leurs actifs financiers », spécifie le rapport.
L’Irlande, un gestionnaire d’envergure mondiale
La finance de l’ombre irlandaise est importante en raison du fait qu’il s’agit d’une plateforme internationale pour les fonds et les gestionnaires d’actifs. (…) Environ un cinquième des actifs de la finance de l’ombre irlandaise consistent en des entités ad hoc et autres structures financières. Ils ont été permis par des lois ratifiées en 1997 ayant pour objectif d’offrir des conditions fiscales très attractives pour la titrisation des véhicules utilisés par les banques, les fonds de gestion et autres sociétés à la recherche d’emprunts garantis par des actifs dissociés. (..) »
Source : article de Joe Brennan de l’Irish Times, publié le 10 mai 2017