Notre ami Hubert livre ici la seconde partie de son étude sur “qui” est derrière l’impérialisme américain.
Bonne lecture.
Charles SANNAT
Nous avons vu, la semaine dernière, que John RHODES mit son immense fortune au service de « sa noble cause » : l’hégémonie totale de l’Empire britannique sur le monde, sous la forme d’un gouvernement mondial, basé sur des unions régionales. Pour mener cette tâche de longue haleine, il s’entoura « d’amis sûrs », partageant sa vision du monde, au rang desquels les plus influents membres du « premier cercle » furent :
- Philip KERR, 11e marquis de LOTHIAN … Ancien de l’université d’Oxford… Cette même université qui dispense gratuitement un enseignement de grande qualité aux “Z‘heureux Z’élus” sélectionnés par la fondation John RODES, grâce aux bourses scolaires (Rhodes Scholarships) ;
- Alfred MILNER, 1er vicomte MILNER, lui aussi « passé » par Oxford. Secrétaire d’État à la Guerre de la Grande-Bretagne, il fut aussi « journaliste » à la Pall Mall Gazette. Il jouera, avec Cecil RHODES, un rôle prépondérant dans la « Guerre des Boers » en Afrique du Sud, ainsi que dans la constitution de la Société des nations (SDN), « ancêtre » de l’actuelle Organisation des nations unies (ONU).
Alfred MILNER était animé d’un profond dégoût des partis politiques autant que du système parlementaire. Jugez plutôt de ses écrits :
- « Je suis fortement impressionné par deux choses : l’une est que le cœur de la nation est solide, la deuxième est que notre constitution et nos méthodes sont archaïques et mauvaises, et que la saine opinion du peuple n’a pas la moindre chance de se voir représentée au sommet » ;
- « Un gouvernement représentatif a sans doute des mérites, mais l’influence des partis représentés à l’assemblée sur l’administration est pratiquement toujours mauvaise ».
Je trouve, pour ma part, « amusant » de les mettre en perspectives avec des déclarations récentes que je vous citais à propos du résultat du vote relatif au Brexit : l’essayiste Alain MINC, « Le Brexit est la victoire des gens peu formés sur les gens éduqués » ; la journaliste du Monde Hélène BEKMEZIAN, « Le droit de vote, c’est comme le permis : franchement, au bout d’un certain âge, on devrait leur retirer » ; ou bien l’économiste Jacques ATTALI, à propos du Brexit, « Toute décision ayant un impact lourd sur le sort des générations suivantes, ne devrait pas pouvoir être prise par une majorité de moins de 60 % des votants, réaffirmée à trois reprises à au moins un an d’écart » ; ou encore le président de Goldman Sachs, Peter SUTHERLAND, toujours au sujet du Brexit, « La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée, tout ça à cause d’une déformation des faits et des conséquences. D’une façon ou d’une autre, ce résultat doit être annulé ».
Sur près de 60 ans, ce groupe, financé par la fortune personnelle de ses membres ainsi que par certaines banques britanniques très puissantes, dont la principale était Lazard Frères et Cie, étend son influence sur trois fronts. La politique, l’éducation et le journalisme :
- le recrutement et la formation des futures élites britanniques et américaines acquises à leur cause, via l’université d’Oxford. Voici quelques noms d’anciens « boursiers de RHODES » ayant occupé des postes clés aux USA : Bill CLINTON, déjà cité, mais aussi le général Wesley CLARK (ancien commandant des forces de l’OTAN) ainsi que James WOOLSEY (ancien patron de la CIA) ;
- contrôle, le plus souvent indirect, de médias influents (The Quarterly Review, The Round Table, The Journal of Commonwealth affaires, Pall Mall Gazette, The Times…)
- l’influence des dirigeants politiques (Roi d’Angleterre compris), par des alliances matrimoniales, familiales et par la reconnaissance avec des titres de noblesse et des positions de pouvoir, cachés le plus souvent possible, aux yeux du public.
Ces hommes se sont d’abord dénommés « le groupe » ou « la bande » ou bien « nous », puis « la société ». Le groupe d’origine, en se développant, se scinda en de multiples autres groupes. Au gré des influences de chacun des principaux dirigeants et de façon informelle, en fonction des objectifs et alliances du moment, ils s’appelèrent « le groupe de RHODES », « le bloc de Cecil », « le groupe de la table ronde », « le groupe du Times », « le bloc de Cecil », « le jardin d’enfants de Milner ». Ces différentes organisations voulues par RHODES et MILNER faisaient que beaucoup de leurs membres n’avaient pas toujours conscience du ou des groupes auxquels ils appartenaient. Seuls les idéaux et objectifs étant communs, ils œuvraient tous pour « la cause ». À la mort des fondateurs de ces « sociétés secrètes » et encore beaucoup plus largement après la Seconde Guerre mondiale, de nouvelles « organisations secrètes » ont vu le jour, dont le groupe de Bilderberg (en 1954) et la commission trilatérale (en 1973) avec toujours la même volonté d’imposer une gouvernance mondiale de type néolibéral, au seul profit de l’oligarchie britannique, renforcée par celle des États-Unis d’Amérique. L’après-guerre vit l’adoption d’un nouvel objectif qui était… et est TOUJOURS, de « lutter contre le communisme ». Comme vous le voyez, les différentes campagnes antirusse d’aujourd’hui ont de « profondes et solides » racines.
À ce stade de notre connaissance de toute cette nébuleuse, nous pouvons déjà « tordre le cou » à une bien commode et classique esquive au débat, celle de « la théorie du complot ».
En effet, comme je l’ai écrit dans de nombreux billets et récemment rappelé, je répète que le complot est, par essence, secret, or tout ceci est parfaitement documenté et accessible à tous. Il suffit « d’aller chercher », ce que j’ai plaisir à faire pour vous, chers lecteurs.
Vous pouvez donc accéder, via les divers liens hypertextes de mes différents billets, ainsi que par les livres, dont je vous donne les références, à mes propres sources. Pour aller plus loin, je vous engage à vous procurer les livres cités, car « les écrits restent » alors que certains liens hypertextes, un jour, bizarrement, aboutissent à … une page blanche, pour cause d’« erreur 404 » !!! Dommage, car ce sont souvent les « plus intéressants ». Vous avez dit censure du net ? Je reviendrai prochainement sur ce point. Nous sommes donc aujourd’hui capables de nous faire une idée sur cette « gouvernance mondiale », ses racines, ses motivations, ses méthodes et … ses résultats à ce jour. Tous ces éléments nous permettent de raisonnablement imaginer ce qui nous attend de la part de ces groupes de pouvoir. Il n’existe donc pas de « complot » dans cette conduite des affaires du monde. Ce que l’on peut observer, c’est qu’au gré des événements de l’Histoire, à un moment donné, une convergence d’intérêts financiers, renforcés par des « idéaux mondialistes », fait se rassembler des « aristocrates fortunés », des « grands banquiers » et des « capitaines d’industrie » au sein d’organisations plus ou moins complexes et non-figées, qui « communiquent » de façon à être soit totalement ignorées, soit au contraire perçues par le grand public comme des « forces occultes insaisissables » agissant dans le cadre d’un « plan machiavélique » préétabli.
Ceci étant dit, ou plutôt écrit, je reviens, comme promis, à la conclusion de mon billet de lundi dernier : « À la lueur de tous ces éléments, il est aisé de comprendre que tôt ou tard, entre la City et Wall Street, c’est l’oligarchie et la finance britannique qui «va gagner la partie». Nous y reviendrons la semaine prochaine. »
Mais pourquoi donc ai-je pris le risque de faire cette « prédiction » ? De quelle « partie » s’agit-il ? Souvenez-vous de l’histoire de la création des États-Unis d’Amérique que je vous expliquais. Les colons anglais, qui se sont établis le long de la côte est du nouveau continent, ont formé les historiques « 13 colonies britanniques ». Pour ne plus être « rançonnés » et ligotés par les entraves au libre développement de leur commerce par la couronne britannique, ils se sont révoltés (la fameuse « Boston Tea Party » du 16 décembre 1773) et ont fini par obtenir leur indépendance le 4 juillet 1776 à Philadelphie.
Stratégiquement, nous avons vu que RHODES, KERR et MILNER se sont appuyés sur les élites américaines pour atteindre plus rapidement et efficacement leur dessein hégémonique de gouvernance mondiale. Je vous citais la semaine dernière une partie du 1er testament de Cecil RHODES qui précisait « la restauration ultime des États-Unis d’Amérique comme une partie intégrante de l’Empire britannique ». Mais… En latin, bis repetita… L’histoire semble se répéter.
Je vous invitais à garder un fait en mémoire. La promulgation du « Tea Act » : « Le Tea Act voté en mai 1773, exemptait la British East India Company de taxe sur les ventes de thé aux colonies américaines. Grâce à cette loi, la Compagnie remporta le monopole sur la vente de thé en Amérique du Nord face aux autres compagnies étrangères lourdement taxées. Cet événement inquiéta encore plus les colons qui craignaient la fin de la libre concurrence pour d’autres produits. Gardez bien ce point en mémoire. »
La stratégie de RHODES, KERR et MILNER de changer le système financier mondial de la livre au profit du dollar donne naissance à une « longue histoire d’amour » de l’oligarchie anglo-américaine. Mais, comme le chantaient si bien les Rita Mitsouko, « les histoires d’amour finissent mal, en général ». Les élites américaines, tout comme en 1773, se rebellent et veulent « rouler pour elles ». Elles aspirent à être « seul maître à bord » avec LEUR « monnaie mondiale ».
Nous sommes en présence d’une lutte entre deux “Z’élites” : l’historique, anglaise, mondialiste et sa finance (ROTHSCHILD…) symbolisée par la place financière de la CITY, et l’establishment américain, avec sa finance (JP MORGAN, ROCKEFELLER…), ses multinationales (GAFAM, Boeing, Lockheed Martin …), autrement dit « l’État profond », dont je vous ai déjà entretenu, symbolisé par la place financière de Wall Street et la réserve fédérale des États-Unis (FED). Je reviendrai très prochainement sur la véritable identité de la FED et ses pouvoirs, car, croyez-moi, cette histoire mérite d’être connue. Elle vous permettra, en remettant les faits à leur place, de mieux comprendre les « désordres financiers » actuels et surtout, ceux qui sont potentiellement devant nous.
Ayant à cœur de satisfaire votre saine curiosité, c’est dès la semaine prochaine que nous allons voir, ensemble, quelques épisodes suuurprenants autant qu’innnnattendus de la lutte à mort que se livrent (déjà depuis longtemps) ces deux blocs d’influence. Vous pourrez alors « prédire » tout aussi bien que moi quel sera le vainqueur. Allez, pour vous mettre l’eau à la bouche, je vous livre dès à présent la couverture de The Economist du … 1er septembre 1988, qui annonçait une nouvelle monnaie mondiale « le Phénix », pour … 2018. Nous y sommes. Comme l’écrit mon ami Charles SANNAT à la fin de chacun de ses billets journaliers, « Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous ! ».
Dès la semaine prochaine, ceux d’entre vous qui investissent en misant sur le dollar, comme le recommandent tant de « brillants spécialistes médiatiques », ceux qui « se ruent » sur le Bitcoin et autres « nouvelles monnaies d’avenir », auront de nouveaux éléments leur permettant, éventuellement, de modifier leur approche d’investissements. Je vous le répète, méfions-nous des « vérités économiques autoproclamées ».
Le monde d’aujourd’hui change très rapidement mais, c’est l’objectif de cette série de billets, je vous propose d’élargir ensemble notre connaissance « d’autres informations » afin de voir si, par hasard, le consensus des économistes ne serait pas qu’un rideau de fumée, bien loin du monde de demain, tel qu’il est souhaité par les tenants du mondialisme, qui sont à la manœuvre.
Gérer ses investissements en fonction de la variation d’un dixième de pour cent des taux de la FED est, à mon sens, beaucoup moins pertinent que de comprendre où va l’économie de demain, afin de saisir les opportunités et d’éviter les investissements dans un ou des véhicules patrimoniaux voués à disparaître.
Chers lecteurs, je vous dis à la semaine prochaine et d’ici là, portez-vous bien. Je vous aime et vous salue.