Je ne boude pas mon plaisir.
Cela fait plusieurs années que j’explique aux abonnés à la lettre Stratégies que les raisons pour lesquelles les immenses villes se sont créées n’existent plus !
Mieux, ces raisons se sont totalement inversées depuis que l’on peut avoir recours techniquement au télétravail.
Il restait plus qu’à voir ces nouvelles manières de travailler rentrer dans les usages.
Il aura fallu une pandémie pour accélérer de façon vertigineuse un mouvement qui était dans tous les cas aussi prévisible qu’inéluctable.
Les grandes villes sont obsolètes et elles sont loin d’être attractives.
Cette attractivité est fantasmée par les “amoureux” de la ville qui ne jurent que par la densité des musées pour les plus intellectuels d’entres eux, ou par la densité des bars, pour les plus nombreux.
Pourtant il existe toute une catégorie de la population pour qui les villes sont devenues invivables, notamment les familles et les seniors. Cela commence à faire beaucoup !
Charles SANNAT
« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »
Exode urbain : “Il y a des crispations à certains endroits mais ça fait 20 ou 30 ans que la population des campagnes et des petites villes augmente”
franceinfo : Qu’est-ce qui explique cet exode urbain ?
Jean Viard : Si vous voulez, je pense que cette pandémie a bousculé nos sociétés d’une façon absolument incroyable. Et au fond, on n’a qu’à se dire qu’on a tous été malades. Il y en a qui ont eu le Covid évidemment, on est resté enfermé chez nous, on a réfléchi sur la vie, etc. et au fond, on est en train de se réveiller, un peu comme quelqu’un qui aurait eu un cancer et qui se dit : je suis guéri, qu’est-ce que je fais du temps qu’il me reste ?
On estime qu’il y a 4 ou 5 millions de gens qui ont déjà déménagé. Il y en a 10 à 15% qui se posent la question, mais c’est pareil dans les ruptures amoureuses, il y a un million de couples qui ont explosé, etc. Il y a des tas de salariés qui ont démissionné. Au fond, la question, c’est : quel est le sens de la vie que je mène, avec qui je la mène, où j’habite, comment j’élève mes enfants, est-ce que vraiment ça vaut la peine de travailler autant, est-ce que je ne pourrais pas travailler un peu moins, quitte à vivre avec un loyer plus bas, par exemple ? C’est ça qui se pose.
Vous avez plusieurs millions de Français en cours de déplacement, le long des voies de chemin de fer. L’année dernière, on a vendu 800 000 résidences secondaires, mais je ne sais pas lesquelles seront habitées toute l’année, à la fin. Et de même que les 3 millions et demi de résidences secondaires qu’il y avait avant en France, il y en a certainement des dizaines de milliers qui en fait vont être habitées à l’année. Et les gens vont dire : j’irai à Paris, à Marseille ou à Lyon deux jours par semaine. Tout ça est en plein bouleversement.
Et au fond, on a compris une chose pendant la pandémie, c’est que les grandes métropoles, c’est un lieu génial de carrefour, de rencontres, de business, etc. Mais au fond, on n’est pas obligé d’y habiter. Et donc, je crois que c’est cette idée-là qui est en train de s’organiser dans l’espace.
Et quelles conséquences pour ceux qui voient ces urbains arriver ?
Il y a deux choses parce que quand ils arrivent, ils achètent ou ils louent. Donc, il y a des gens qui sont contents, c’est ceux qui vendent ou les propriétaires. Et puis, de l’autre côté, il y a des gens locaux qui peuvent trouver qu’il y a des concurrences, ces urbains ont plus d’argent parce qu’ils sont souvent payés sur le salaire des grandes villes, qui sont plus importants que les salaires des petites villes ou des campagnes. Donc, il y a des concurrences.
Après, si vous voulez, il faut faire attention. C’est un mouvement ancien de la société française. Ça fait 20 ou 30 ans que la population des campagnes et des petites villes augmente, pas partout, il y a des endroits qui ne marchent pas. C’est pour ça qu’il ne faut pas trop généraliser. Mais en gros, quand même, ça fait 20 ou 30 ans que c’est comme ça. Regardez Paris : Paris perdait 10.000 habitants par an depuis les cinq dernières années déjà. Donc, le mouvement était déjà là, de recherche d’un art de vivre où on voit la nature, on voit la campagne, on a un jardin où les enfants jouent au ballon. Et c’était déjà là.
Au fond, la pandémie a accéléré ça, et donc il y a des concurrences. Je pense que c’est surtout violent dans des territoires à forte autonomie culturelle, par exemple le Pays basque. Je pense que ça peut jouer dans certains coins de Bretagne, dans des endroits où les gens se disent mais bon, s’ils arrivent trop nombreux quelque part, on n’est plus chez nous. Dans la vraie vie, la société française est extrêmement brassée. Il faut toujours se dire que 50% des gens ne vivent pas dans le département où ils sont nés, à peu près la moitié de la population, et en plus, ceux qui vivent dans le même département ont souvent déménagé. Ne faisons pas trop une caricature d’une province où tout le monde serait là depuis 14 générations et des grandes métropoles interlopes, louches. C’est pas comme ça que ça marche, mais il y a des crispations à certains endroits. Il peut y avoir aussi des utilisations politiques en période électorale.
Vous pensez à quelle utilisation, par exemple ?
C’est des discours identitaires qu’on entend au niveau national sur la place de l’immigration, on peut très bien avoir, je dirais, des identitaires restés locaux qui vont au fond tenir le même discours. C’est pour ça qu’il faut faire attention. C’est un peu dangereux. Sur les enquêtes nationales, par exemple, il y a 60 ou 70% des gens qui vous disent qu’il y a trop d’étrangers. Mais quand le cabinet Elabe a travaillé là-dessus, ces chiffres viennent de leurs études, il n’y a que 20% des gens qui trouvent qu’il y a trop d’étrangers là où ils habitent. Vous voyez, si on vous pose la question abstraitement, c’est une chose mais dans la vraie vie quotidienne, c’est une petite minorité. Je crois qu’il faut bien avoir ces chiffres dans la tête pour ne pas trop faire donner d’importance au phénomène.
Source France Info ici
Bonjour. Fin de compte pour vivre: De l’eau, se chauffer, manger. Dans les années 50 en gros c’était cela, un plus, il y avait l’électricité
Vous avez raison, il n’est pas étonnant de voir les gens normaux qui veulent survivre encore un peu, quitter des villes devenues invivables.
Les grandes villes aux mains du commerce de luxe, des green-bobos, des touristes fortunés et des migrants ?
C’est vrai, dans les petites villes ou les villages, il n’y a pas énormément d’étrangers. Mais dans les grandes villes, c’est autre chose. Et si les gens du cru quittent en nombre ces villes pour la campagne, le pourcentage d’étrangers va augmenter mécaniquement dans les dites villes.
Par contre faudra songer à ramener le salaire de ces “urbains”, notamment parisiens,sur celui des provinces…cette migration a fait exploser les prix de l’immobilier.
Jean VIARD, VRP de la bien-pensance et de la macronie……Il ne peut pas s’en empêcher, ça partait pourtant bien, son dernier couplet m’a bien fait rire.
Mon cher Charles,
Déjà du temps de Delanoé, la propreté dans la capitale faisait débat, et bien des habitants fuyaient dès que possible certains quartiers désormais insalubres aujourd’hui. Ce n’est donc pas une nouveauté révélée par les récentes élections de maires écolos de salon ou que sais-je. Pourquoi vivre dans la “Poubelle ville du Monde”, titre qui va si bien à Paris, ou à Marseille, réputée pour ses conflits sociaux qui empuantissent chaque année les rues, quand la campagne vous offre la seule véritable et inimitable odeur de purin …?
Merci Charles,
Toutefois il manque un maux :
Le risque que les anciens urbains amène leurs lubies et leur mauvaises habitudes de la ville.
Rappelez vous l’affaire du chant du coq (sur l’île d’Oléron)…
Je ne pense pas que la résistance soit sur leur arrivée mais plutôt sur le mode de vie qu’ils vont vouloir implanter… Il y a grand risque qu’ils troublent la quiétude locale et le contrat social implicite.
Exemples? La chasse, les coutumes/pratiques agricoles, les humanités…
La volonté de vouloir tout contrôler et tout normer. Le tout en voulant être dans l’anonymat qui permet les excès (l’effet positif du “qu’en-dira-t-on”)
Oui, il ne faut pas généraliser et il faut de la nuance.
Tout le monde ne peut pas télétravailler et certaines régions sont plus attractives que d’autres, notamment au niveau du climat.
En ce qui concerne les cadres sup d’ Ile de France, il semble qu’ils aient tendance à migrer vers les métropoles régionales (Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux).
Les non-cadres auraient une approche plus “rurale”…
Charles, bonjour
“les « amoureux » de la ville qui ne jurent que par la densité des musées pour les plus intellectuels d’entres eux, ..”
Croyez vous que tous les blaireaux aillent au musée OU soient les plus intellectuels ? Je m’interroge souvent en y voyant cette foule attirée !
** concernant les bars, c’est une autre réflexion !
Si l’on veut se réindustrialiser il faudra bien conserver des grands centres urbains (sous traitants, formation, savoir faire…). Le télétravail c’est la poursuite de l’idée que nous pourrions délocaliser l’industrie et vivre du tertiaire. Cela à été notre déclin.
Le purin dans la campagne est une pollution due au modèle d’agriculture industriel. Cela devra changer.
Je ne sais pas à quel endroit il vit mais s’il veux faire une analyse sociologique correcte il devrait aller sur le terrain et y passer un peu de temps! Je peux l’orienter vers pleins de destinations où il pourra voir ce qu’il se passe vraiment au lieu de nous sortir des banalités « politiquement correctes » . Encore une élite de plus qui nous méprisent. Désolant. Ces gens là ruinent notre pays et quand ils l’auront fait ils partiront ailleurs et nous laisseront dans le marasme qu’ils auront créé.
Nos différentes fuites
Parisiens de souche (le Marais ) , 91 la guerre du Golfe, nous sommes passes à St Cloud face à l’hippodrome, un air de meilleur qualité et surtout le sas du bois de Boulogne.
mais travaillant toujours à la capitale 2008 fut la goutte d’eau , allez hop direct le sud profond, j’etais retraite mais ma compagne devait encore 3 ans pour la sienne , nous avons déchanté , le Gard déjà sinistré rien sinon garde d’enfants , aucun regrets nous sommes heureux de vivre dans un petit village typique tout proche d’Uzes , un peu comme St Cloud et Paris mais possible d’aller à pied au premier duché de France, d’autant depuis 2020 , sommes auto confinés, la pampa passé la porte, beaucoup de producteurs autour avec de très bon produits
Seul bémol relations délicates avec les natifs, nous sommes des étrangères parisiens , nos nouveaux amis belges , anglais, suisses, mais c’était la vie d’avant, c’est amusant d’y repenser, comme une illusion perdue.
le Bonjour souriant campagnard à la rencontre de gens inconnus lors des promenades s’efface comme à Paris, tout change, la mode masquée a éradiqué les sourires.
Les couturières qui recevaient un ballot hebdomadaire à domicile, c”était du télétravail, mais ça n’était pas du secteur tertiaire (le moins résilient des trois).
En temps d ecrise, on peut se passer de la plupart des emplois tertiaires.
Beaucoup plus difficilement des secondaires, et pratiquement pas des primaires.
à Trucmuche :
Toi ,t’as l’air de vachement t’y connaître mon gars ! :-)))
A moins d’avoir un humour au 4e degré !
Bonjour à tous
Exode urbain et télétravail ………
Et si cela montrait la petite part de la population qui travaille vraiment en produisant ou en réparant quelque chose de concret , sans oublier tous ceux qui s’occupent des autres , qui sont très mal payés .
Et si cela montrait la masse des improductifs , dans leur grande majorité incapables de faire quoi que ce soit de concret et d’utile .
Dans les temps qui viennent ils seront les premiers à être lourdés , pardon !! Remerciés .
Une armée de fonctionnaires du publique et du privé capables de remplir des pages de tableaux Excel , pas plus !
On en parle moins , mais à un moment on parlait de “boulots de merde”……. L’accoutumance !
Certain que les chinois ont encore de beaux jours devant eux pour nous vendre leur pacotille……
Appréciée par ces mêmes “créateurs” sur tableaux Excel .
Salutations
“de l’autre côté, il y a des gens locaux qui peuvent trouver qu’il y a des concurrences, ces urbains ont plus d’argent parce qu’ils sont souvent payés sur le salaire des grandes villes, qui sont plus importants que les salaires des petites villes ou des campagnes. Donc, il y a des concurrences”
Il y a aussi des villages qui sont heureux de voir de nouveaux arrivants redynamiser le coin. Pour un petit village de 400 habitants comme celui dans lequel je viens d’emménager suite au premier confinement, de nouveaux arrivants c’est l’espoir de voir rouvrir des commerces et de recréer quelques emplois.
Structurellement :
– les ruraux/GJ n’ont rien !
– les urbains migrants veulent plus que rien !
La migration que l’on subit frappe les villes parce que s’y trouvent les ONG-Bobos compatissants qui les y invitent. Mais arrive le temps où ces Bobos trouvent le voisinage inquiétant et cherchent à fuir. Ils s’installent dans leur résidence secondaire ou déménagent, en dépit de leur idéologie, grâce à la mode du télétravail. Seuls restent en ville les fonctionnaires logés par l’administration et les travailleurs manuels banlieusards mélangés malgré eux aux migrants. Triste avenir et rupture sociale assurée.