“Peu après le Déluge, alors qu’ils parlent tous la même langue, les hommes atteignent une plaine dans le pays de Shinar et s’y installent tous. Là, ils entreprennent par eux-mêmes de bâtir une ville et une tour dont le sommet touche le ciel, pour se faire un nom. Alors Dieu brouille leur langue afin qu’ils ne se comprennent plus, et les disperse sur toute la surface de la terre.” Ce récit biblique illustre les ambitions démesurées des hommes qui veulent devenir “Dieu”.

D’une certaine façon, l’Europe, dans sa configuration actuelle, est une entreprise devenue complètement folle et où plus rien ne marche. Au bout du compte, les institutions européennes vont s’effondrer sous le poids de leur propre complexité et de son incapacité à agir de façon rapide.

L’Europe, en dehors de tout débat idéologique, est la négation même de la rapidité et de l’efficacité. L’Europe n’est en aucun cas taillée pour affronter les tempêtes de l’Histoire, elle n’en a ni les moyens, ni la culture, ni la force et encore moins la légitimité.

Lorsque le vent se lèvera, le chacun pour soi des États reprendra bien vite le dessus et, comme à chaque fois, ce sont les nations qui agiront. Les intérêts sont trop divergents.

Charles SANNAT

Les dirigeants européens n’ont pas d’agenda unique, chaque pays étant centré sur ses propres problèmes. Cette incapacité à poursuivre un objectif commun pourrait provoquer une désintégration de l’Europe.

Faute de pouvoir s’entendre, les dirigeants de l’Union européenne risquent de faire échouer la construction d’une Europe unie, estime l’agence Reuters.

“Tout comme la biblique Tour de Babel, la construction ambitieuse de l’Europe pourrait échouer parce que ses peuples ne parlent pas la même langue”, souligne Paul Taylor, l’auteur de l’article.

Il précise que les moyens susceptibles d’adoucir l’impact de la crise migratoire n’existent pas. Selon l’Ancien Testament, Dieu brouilla les langues des constructeurs de la Tour de Babel afin de les rendre incapables de se comprendre et donc d’achever leur ouvrage. D’après Paul Taylor, les dirigeants actuels de l’UE se trouvent dans une situation similaire en raison d’une très grande divergence de leurs positions sur les problèmes clés auxquels l’Europe est confrontée.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les pays de l’UE n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente.

En Allemagne, de vives discussions sont en cours sur la façon de maîtriser l’afflux de réfugiés. La France a d’autres problèmes : ce pays ne s’est pas encore remis du choc causé par les attentats de Paris et “s’estime toujours être en état de guerre”, affirme l’analyste.Le Royaume-Uni est complètement plongé dans les débats au sujet du futur référendum sur l’appartenance à l’Union européenne.

À l’est de l’Europe — en Pologne —, l’attention du public est retenue par les tentatives du nouveau gouvernement de limiter les compétences de la cour constitutionnelle et la liberté des médias, par la “menace russe” et la question de savoir si l’ex-président Lech Walesa était ou non un informateur communiste dans les années 1960-1970.

L’Europe centrale discute de la meilleure façon de riposter à la pression de Berlin qui pousse les pays de la région à accueillir une partie des migrants. Enfin, les pays d’Europe méridionale, notamment l’Italie et le Portugal, se focalisent sur le redressement de leurs économies et l’Espagne sur le séparatisme catalan, la paralysie de son système politique et le risque de désintégration du pays.

“Quand les leaders des pays européens se rendent à Bruxelles, ils n’arrivent même pas à se mettre d’accord sur les questions à débattre”, conclut Paul Taylor.

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