Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Je répète avec constance depuis plusieurs années que nous sommes dans un processus de destruction de l’Union européenne telle que nous la connaissons. Ce processus répond à une logique d’étapes successives dont chacune porte en elle les germes de la suivante, dans un enchaînement aussi mortifère qu’inéluctable.
De la même manière que j’écrivais un article intitulé “Une révolution, ça prend du temps”, il en va exactement de même pour la destruction non pas de l’Europe géographique, mais de la fiction imaginaire collective de l’Europe politique qui a enfanté un monstre.
Je ne maîtrise pas le temps, et je n’ai pas la prétention, contrairement au Jupiter du Palais, d’être le maître des horloges. Restons humbles, le processus, lui, peut-être résumé ainsi.
« Construction, union, intégration, désintégration, dislocation et explosion »
La construction, nous avons tous vu comment elle s’est faite. D’ailleurs, dans ces derniers instants, je pense au Traité de Lisbonne, cela s’est d’ailleurs fait sur des dénis de démocratie qui sont le point de départ de la désintégration.
Nous venons de passer à une étape supérieure avec le Brexit, mais aussi certains pays de l’Est qui sont en rupture profonde, sans oublier que les affreux “populistes” sont au pouvoir dans un nombre chaque fois plus important d’États européens.
Enfin, en Europe, s’est installé Steeve Bannon, l’ancien conseiller de Trump, qui a pour mission, depuis le départ, de savonner la planche de l’Europe.
Non, pour être plus précis, il a pour mission de liquider l’Union européenne, repaire de mondialistes convaincus et serviles serviteurs du totalitarisme marchand et du consumérisme d’État.
Depuis plusieurs mois, il est à l’œuvre et l’offensive est aussi multiple que pluridimensionnelle.
L’affaire Benalla n’en est qu’une facette, et au Palais, ils feraient nettement mieux de s’inquiéter de l’ingérence américaine que de s’inquiéter des réseaux russes. J’dis ça, j’dis rien. D’ailleurs, nous allons aller un peu plus loin.
Il y a quelques jours, Bannon (l’homme de Trump) donne une interview à L’Express dans laquelle il tire à boulets rouges sur Macron…
Voici ses “meilleurs moments” !
“Son vrai visage est apparu au grand jour lors de son allocution télévisée après la grande manifestation des Champs-Élysées. On voyait bien qu’il était déstabilisé. Il n’a même pas eu le cran de s’adresser aux Français dans les yeux, en direct. Il est hors sol. Sous son costume, il n’y a rien. Je connais bien ce genre de profil : j’ai connu plein de banquiers d’affaires chez Goldman Sachs, dans les années 1980. Ces types-là voient les choses de loin, de manière abstraite. Pour eux, rien n’est jamais concret ou réel. À leurs yeux, un plan social avec 5 000 suppressions de postes, c’est une présentation PowerPoint pour McKinsey. Rien d’autre. Ils ne comprennent pas comment vivent les gens, ne savent pas à quoi ressemble une fin de mois difficile.”
Concernant la crise des Gilets jaunes voici ce qu’il en dit :
“Ce qui se passe était écrit d’avance. Depuis le début, j’ai le sentiment que son mouvement, La République En Marche, est nébuleux, sans vrai soutien populaire.”
“La démarche et les actions des Gilets jaunes sont une inspiration pour le monde entier.”
N’oubliez pas le soutien que Trump apporte au gouvernement italien depuis qu’il est aux manettes. Ce soutien est massif, et lorsque l’Europe a voulu faire du chantage à la dette au gouvernement “populiste” italien, c’est directement Washington qui est venu au secours de l’Italie en indiquant que les États-Unis rachèteraient la dette italienne si l’Union européenne ne le faisait pas !
Cette simple déclaration (et Trump ne bluffe pas en fait) a suffi à calmer immédiatement les velléités mesquines des autres gouvernements européistes dont évidemment l’administration Macron qui s’est mis rapidement à dos le nouveau gouvernement italien… Évidemment, c’est le coup de pied de l’âne que reçoit maintenant Macron, enlisé dans sa crise sans fin des Gilets jaunes, avec un soutien populaire qui ne se dément pas.
Di Maio reçoit une délégation de Gilets jaunes !
Il a suffit que Di Maio reçoive une Normande (ha, ces normands, ils sont partout !!!) Ingrid Levavasseur et Chalençon qui constituent une liste pour les élections européennes pour définitivement mettre le feu aux poudres entre les deux pays. Il faut dire que le feu couvait depuis longtemps, mais…
Aujourd’hui, coup de tonnerre, la France rappelle son ambassadeur pour consultation !
Je n’ai pas mémoire d’un rappel d’ambassadeur de France en Italie, et si nous devions rompre nos relations diplomatiques, ce serait alors… une crise politique sans précédent entre la seconde économie de la zone euro et la troisième, sous l’œil goguenard d’une Allemagne qui, elle, a les moyens de son indépendance…
Voici le communiqué officiel du Ministère des Affaires étrangères reproduit ci-dessous.
“La France et l’Italie sont unies par une histoire commune ; elles partagent un destin. Elles ont ensemble construit l’Europe et œuvré pour la paix. La France est profondément attachée à cette relation d’amitié qui nourrit des coopérations dans tous les domaines et une proximité entre nos peuples. L’amitié franco-italienne est plus que jamais indispensable pour relever les défis qui sont les nôtres au XXIe siècle.
La France a fait, depuis plusieurs mois, l’objet d’accusations répétées, d’attaques sans fondement, de déclarations outrancières que chacun connaît et peut avoir à l’esprit. Cela n’a pas de précédent, depuis la fin de la guerre. Avoir des désaccords est une chose, instrumentaliser la relation à des fins électorales en est une autre.
Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable. Elles violent le respect dû au choix démocratique, fait par un peuple ami et allié. Elles violent le respect que se doivent entre eux les gouvernements démocratiquement et librement élus.
La campagne pour les élections européennes ne saurait justifier le manque de respect de chaque peuple ou de sa démocratie.
Tous ces actes créent une situation grave qui interroge sur les intentions du gouvernement italien vis-à-vis de sa relation avec la France.
À la lumière de cette situation sans précédent, le gouvernement français a décidé de rappeler l’ambassadeur de France en Italie pour des consultations.”
La France appelle l’Italie à agir pour retrouver la relation d’amitié et de respect réciproque, à la hauteur de notre Histoire et de notre destin commun.
« Construction, union, intégration, désintégration, dislocation et explosion »
Nous vivons une époque formidable. Une époque d’accélération des processus historiques, qui restent des processus qui s’inscrivent dans le temps long malgré des moments de rupture ou des passages d’effets de seuil.
Brexit, relations franco-italiennes au plus bas, pour ne pas dire ouvertement conflictuelle, Hongrie, Pologne, ou Autriche en quasi-cession, émissaires américains qui secouent le cocotier européen, crise économique qui menace à tout instant de réduire à néant le peu de stabilité de l’euro, crise sans précédent des Gilets jaunes, sans oublier une Angela Merkel affaiblie et sur le départ, en Europe, décidément, rien ne va plus.
Nous en sommes donc entre la désintégration et la dislocation. Nous sommes à la frontière entre les deux. Si nous basculons définitivement dans la dislocation, alors l’explosion de l’Union européenne ne sera plus qu’une question de temps.
Pour le moment, le processus peut-être encore inversé.
Vers l’Eurocrature En Marche
Il ne peut l’être qu’en mettant en place une Eurocrature, c’est-à-dire une Europe profondément dictatoriale et autoritaire, et c’est d’ailleurs exactement ce que l’on voit se mettre en place en France.
Le système ne veut pas mourir.
Il veut survivre à tout prix.
On réprime, on interdit, on criminalise, la pensée comme les manifestations, on mélange maintien de l’ordre avec maintien au pouvoir, on transforme la police en milice, on éborgne, on estropie, on voit, miette après miette, les libertés se réduire.
Ce système vit ses derniers instants avant de mourir ou de basculer en une terrible Eurocrature.
Dans tous les cas, “malheur aux vaincus”, traduction de l’expression latine “Vae victis” prononcée par le chef gaulois Brennos, qui avait vaincu Rome, une maxime que ceux qui pensent qu’il n’y a pas de permanence dans l’histoire de France feraient bien de méditer.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
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