vin de France et Kermit

Le défi de 2017 de Marine Le Pen est mort. Pour mon journaliste britannique fétiche, Emmanuel Macron n’aura aucune peine à dresser un cordon sanitaire afin de tenir l’extrême droite en respect durant le second tour de l’élection présidentielle française… Bien que vu ce qu’il s’est passé hier, à Amiens, il vaudrait mieux pour Macron que cela ne se produise pas trop de fois !! Il gagnera vraisemblablement mais la faiblesse de son score pourrait être un autre séisme politique au soir du 7 mai.

Charles SANNAT

La menace existentielle pesant sur l’union monétaire européenne est donc pour le moment écartée. Les marchés ont instantanément capitalisé sur le sursis. L’écart entre les obligations françaises et allemandes sur 10 ans est retombé à son niveau « pré-populisme » à seulement 40 points de base.

Mais la fête pourrait être de courte durée. « La France sera très difficile à gouverner », a déclaré Éric Dor, de l’IESEG de Lille (école de commerce).

« On pourrait assister à la balkanisation de l’Assemblée nationale. Personne ne sait si Macron aura une majorité en état de fonctionner. La crainte est de voir la France perdre à nouveau cinq ans », a-t-il déclaré.

Rares sont ceux qui remettent en cause la grande habileté de Monsieur Macron, qui a réussi à se vendre en tant qu’élément extérieur du système malgré le fait qu’il soit un produit de l’ENA, une institution d’élite, un ancien banquier de chez Rothschild ou encore le protégé du même haut dirigeant socialiste qui est à la tête de la France depuis 2012.

Il a remporté 24 % des suffrages grâce à une plate-forme qui poursuit grosso modo l’agenda politique et les réflexes européistes d’une présidence Hollande II, dans sa seconde phase réformiste, mais qui devra diriger un pays dans lequel les trois quarts de l’électorat ne souhaitent pas cette politique. Rassembler une coalition tactique pour battre Marine Le Pen le 7 mai est le cadet de ses soucis.

La France est divisée par des clivages profonds : sur l’Europe, les migrants, l’islam, l’importance et le rôle de l’État, le commerce et les présumés ravages du capitalisme sauvage.

Environ 48 % de l’électorat a voté pour des mouvements allant de la gauche dure à la droite dure, qui rejettent fondamentalement l’Union européenne dans sa structure actuelle, avec notamment le candidat souverainiste Nicolas Dupont-Aignan qui s’est adjugé 1,7 million de votes avec une plate-forme purement anti-européenne.

Cinq ans auparavant, la même constellation avait remporté seulement 30 % des suffrages. Ceux qui affirment que cette élection valide l’idéologie européenne ignorent étrangement ces tendances.

5 % de l’électorat s’est positionné en faveur de la purge thatchérienne proposée par François Fillon, le conservatisme catholique et son évocation de Vercingétorix qui en appelait à la France ancestrale.

« La division entre le nouvel establishment de Macron et les populistes non représentés devrait être une source constante d’instabilité », a déclaré Jonathan Fenby, responsable de la recherche politique européenne chez TS Lombard.

« Le grand syndicat CGT va devenir plus militant, il sera dans les rues à la moindre tentative de réformer les conventions collectives », a-t-il déclaré. (…)

La vraie question est de savoir s’il pourra vraiment bouleverser le paysage politique et construire une coalition assez forte pour faire passer les réformes qui furent entravées durant les 20 dernières décennies, même lorsque le président était soutenu par des partis bien disciplinés. (…)

Gilles Moëc, de Bank of America, a déclaré que l’attention des investisseurs va désormais se détourner des sondages quotidiens pour se pencher sur la question plus essentielle de savoir ce que cette élection signifie pour le futur de l’Union monétaire.

« Nous pensons que la survie de la zone euro dépend de la capacité de la France et de l’Allemagne à s’accorder sur la seconde étape de la construction européenne, qui inclurait une forme d’union fiscale », a-t-il déclaré…

Monsieur Macron souhaite restaurer la crédibilité française via des réformes du Code du travail, à savoir l’instauration de la « flexicurité » nordique plutôt que les méthodes allemandes de compression des salaires menant à la paupérisation de 2003 et 2004.

Le pari est que cela permettra d’obtenir le consentement de l’Allemagne pour la création d’un ministère des Finances de la zone euro, de la mutualisation de la dette, d’un budget de la zone euro pour aider la BCE. Ce scénario se base sur des suppositions très optimistes à propos de la culture politique allemande tout en ignorant des obstacles majeurs dressés par la constitution allemande.

Les Français eux-mêmes sont fortement divisés sur l’UE, le sondage de Pew suggérant que la majorité souhaite voir le pouvoir de Paris renforcé. L’ardente adhésion de Monsieur Macron au projet européen est courageuse dans les circonstances actuelles, mais il semble déterminé à essayer de faire une révolution constitutionnelle avec l’appui d’une base électorale très réduite. (…) »

Article d’Ambrose Evans-Pritchard, publié le 24 avril 2017 sur le site du Telegraph

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