Voici ce que nous apprend le grand quotidien espagnol El Pais :
“La Banque d’Espagne prévoit une baisse du PIB pouvant atteindre 15,1 % en cas de forte résurgence du virus cette année…
La Banque d’Espagne limite sa prévision d’effondrement du PIB en 2020, marquée par la crise du coronavirus. S’il y a un mois et demi, alors que la désescalade était encore loin et que le préjudice économique était encore difficile à calculer dans toute son ampleur, la Banque d’Espagne prévoyait un effondrement économique compris entre 6,6 % et 13,6 %, ce lundi, ses techniciens ont réduit la fourchette à un niveau compris entre 9 % et 11,6 %, à une exception près toutefois : un scénario extrême qui porterait l’effondrement à 15,1 %. Cela signifie que l’économie va se contracter en une seule année autant qu’elle l’a fait pendant toute la Grande Récession, alors qu’en six ans elle a perdu neuf points et demi de PIB.
La sortie est également plus limitée : l’année prochaine, l’économie devrait rebondir à un rythme assez “robuste” – entre 7,7 % et 9,1 %, sauf dans le scénario final où elle resterait à 6,9 % – avec une récupération complète de tout ce qui a été perdu qui, dans le cas le plus optimiste, se produirait en 2022 et dans le cas le plus pessimiste, au plus tôt, en 2023. “Dans le meilleur des cas, la persistance de la crise sera relativement élevée et la reprise sera assez asymétrique”, a déclaré la direction générale de l’économie et des statistiques du superviseur. “La chute va être très importante et il est fort probable qu’en 2022, nous n’aurons même pas retrouvé le niveau d’avant la crise. Cela va nous prendre un certain temps”.
La Banque d’Espagne prévoit une baisse du PIB allant jusqu’à 15,1 % en raison de la crise Covid-19
Grâce aux mesures de soutien à l’économie et de maintien de l’emploi et du tissu d’entreprises, tant en Espagne que dans le reste de la zone euro, la dette de l’ensemble des administrations publiques se situera cette année dans une fourchette comprise entre 114 et 119 % du PIB, pour diminuer légèrement et atteindre entre 112 et 116 % en 2021. Là aussi, le voyage à travers le désert sera long : il faudra des années pour que le passif accumulé revienne dans les 95 %, alors inquiétants et maintenant tant attendus, avec lesquels l’Espagne a clôturé l’année 2019.
Sur le marché du travail, toujours sensible – s’il existe une variable qui relie la macroéconomie à l’économie réelle, c’est bien celle-ci -, la cicatrice que laissera la pandémie sera énorme, mais l’escalade sera loin du maximum enregistré lors de la crise du sud de l’Europe il y a dix ans, lorsque près d’un quart des Espagnols en âge de travailler cherchaient un emploi sans succès. Dans une large mesure, cela s’explique par le fait que l’ajustement se fait par le biais de l’ERTE (l’équivalent du chômage partiel en France NDLR) et non par la destruction définitive de l’emploi, les caisses publiques couvrant une partie importante des travailleurs qui ont dû rester chez eux lorsque l’activité s’est effondrée.
Dans le pire des scénarios de base présentés lundi par la Banque d’Espagne, celui d’une “reprise progressive”, le chômage augmentera cette année à 19,6 % pour tomber à 18,8 % l’an prochain et à 17,4 %. Dans le cas d’une “reprise précoce” plus bénigne, la hausse se maintiendra à 18,1 % fin 2020, avec une légère augmentation supplémentaire en 2021 à 18,4 % (en raison de la date d’expiration de l’instrument ERTE) et une baisse considérable en 2022 à 17,1 %.
Ce n’est que dans le cas le plus extrême, avec une résurgence, que le chômage s’élèverait à 23,6 % en 2020, un niveau comparable (bien que plus bas) à celui de la Grande Récession. Même dans les deux premières alternatives, deux ans de rebond économique ne suffiraient pas pour revenir aux 14,1% avec lesquels le rideau est tombé l’année dernière, alors que cinq lettres et deux chiffres (covid-19) n’avaient pas encore tout renversé. Le niveau de chômage est très conditionné par l’ERTE, des programmes de licenciements temporaires et non permanents qui maintiennent les chiffres du chômage à des niveaux plus modérés. “La variable du chômage doit être prise avec la plus grande prudence jusqu’à ce que nous sachions comment l’ajustement finit par se faire”, avertissent-ils.
Le superviseur admet que ses scénarios sont construits dans un environnement de forte incertitude et d'”exceptionnalité absolue” qui l’oblige à formuler des hypothèses sur le comportement des principaux acteurs économiques. Pire, des scénarios de reprise plus lente ne sont pas à exclure. “Nous ne voyons pas beaucoup de possibilités d’une évolution du PIB meilleure que prévue, mais nous n’excluons pas des chutes importantes”, déclare le responsable des études de l’agence, Oscar Arce. Cependant, les chiffres du scénario le plus extrême élaboré par la Banque d’Espagne semblent, compte tenu du rythme de la désescalade et de l’absence de chocs majeurs, moins réalisables qu’il y a quelques semaines…
Voilà pour l’essentiel de cet article qui revenait sur les prévisions ou les “projections” de la Banque d’Espagne que je vous invite à mettre en perspective avec celle de la Banque de France.
Comme le dit la Banque d’Espagne ces scénarios “sont construits dans un environnement de forte incertitude et “d’exceptionnalité absolue”… autant dire en réalité que personne n’en sait rien et que tout dépendra de Monsieur coronavirus.
Charles SANNAT
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Source El Pais ici