La Banque de France vient de publier son évaluation des risques.

En premier, le risque d’endettement considéré comme le plus important parce qu’il croît plus rapidement que la croissance !! Et oui, c’est enfin dit, écrit noir sur blanc par la Banque de France !

Parler de croissance lorsque la dette augmente plus vite est une énorme bêtise ! Il ne peut y avoir de croissance réelle et saine que “nette” de dettes nouvelles ce qui est du bon sens.

Ce n’est pas moi qui le dit mais la vénérable et vénérée Banque de France, alors “ça vaut” !!!

Mais la Banque de France très inspirée va encore plus loin en disant que les taux bas menacent directement le modèle économique des banques et des assurances qui voient leurs marges plonger…

Je ne sais pas si j’ai commencé à vous le dire, mais cela sent l’effondrement à plein nez et à nez plein !

Charles SANNAT

La Banque de France publie deux fois par an son Évaluation des risques du système financier français qui rassemble les analyses des équipes de la Banque de France et de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). La Banque de France partage ainsi son appréciation de la situation courante sur la stabilité financière en France. Ce document permet également d’étayer toute mesure macroprudentielle contraignante dont le gouverneur de la Banque de France pourrait recommander l’adoption au HCSF.

L’environnement macroéconomique mondial apparaît moins porteur qu’à la fin 2018 et lourd d’incertitudes. L’escalade protectionniste, la montée de tensions géopolitiques (Moyen-Orient, Chine, etc.) et l’accentuation de risques politiques qui pourraient converger à l’automne (processus de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et situation politique intérieure, possible procédure de déficit excessif engagée vis-à-vis de l’Italie, changements simultanés des présidences des principales institutions européennes) façonnent un contexte défavorable même si les perspectives de croissance, bien que revues à la baisse, résistent en zone euro comme en France. Dans ce contexte, la hiérarchie des principaux risques pour le système financier français évolue à la marge mais la cotation de chacun d’entre eux est désormais jugée élevée.

Risque 1 : risques liés à l’endettement, considéré comme le risque le plus important, qui croit plus rapidement que la croissance

Le niveau actuel de l’endettement des acteurs privés ne suggère pas de risque financier généralisé à ce stade, mais sa hausse ininterrompue contribue à une fragilisation macroéconomique progressive et un affaiblissement de la résilience intrinsèque de l’économie française, alors que la capacité à mobiliser davantage de ressources publiques pour amortir de futurs chocs économiques et/ou financiers s’érode alors que la dette publique ramenée au PIB est à 98% en France, un niveau élevé, très supérieur au plafond de 60% établi dans le pacte de stabilité et de croissance européen.

Risque 2 : risques de marché, second risque est d’un niveau quasi équivalent au précédent

L’environnement de taux d’intérêt durablement bas et un recours accru à des stratégies de levier ont porté les prix des actifs financiers et non financiers (actions, obligations, immobilier, etc.) à des niveaux très élevés. Le secteur financier français n’est pas surexposé à ces risques ; il est cependant, comme partie prenante du système financier mondial, susceptible de subir les répercussions de la déstabilisation d’acteurs plus directement exposés à une correction. La détention de titres souverains français par les banques et les assurances ne constitue pas, à ce stade, une fragilité particulière.

Risque 3 : risques pour les acteurs financiers associés par la persistance de taux d’intérêt bas

Le contexte de taux d’intérêt durablement bas, s’il soutient l’économie, fragilise les modèles d’activité classiques des intermédiaires financiers (banques et assurances). La rentabilité des banques, et par conséquent leurs valorisations boursières, sont dégradées dans des marges faibles et un contexte de concurrence internationale accrue, par des acteurs souvent mieux capitalisés et disposant de coûts d’exploitation plus faibles.

Risque 4 : risques induits par des mutations structurelles, désormais jugés élevés

Le secteur financier fait face à des défis structurels qui, en l’absence d’une réponse adéquate, sont porteurs de vulnérabilité à moyen terme. La digitalisation donne un relief nouveau :

• à la préoccupation sur la maitrise des coûts dans le secteur bancaire ;

• à la transformation progressive et à la concurrence accrue dans l’ensemble du secteur (y compris de la part de nouveaux acteurs capable de déployer des techniques d’intelligence artificielle et disposant des données retraçant les habitudes des agents économiques) ;

• à la cyber-sécurité à laquelle l’essor de fournisseurs de solutions très dominants avec le développement de solutions partagées entre un grand nombre de clients donne une dimension systémique nouvelle.

Enfin, à mesure que ses conséquences se font plus visibles, l’exposition des institutions financières aux risques financiers liés au changement climatique, qu’il s’agisse des risques physiques (résultant de dommages directement causés par les phénomènes climatiques) ou de transition (résultant des ajustements brutaux ou insuffisamment anticipés qui découleraient d’une transition vers une économie bas carbone), doit faire l’objet d’une surveillance plus attentive

Ces différents risques sont largement interdépendants. Le contexte de taux d’intérêt bas qui s’est installé depuis le début des années 2010 nourrit la dynamique de l’endettement des ménages et des entreprises françaises comme la prise de risques sur les marchés financiers. Il contribue aussi à la pression actuelle sur les modèles d’activité traditionnels des banques et des assurances, que le développement de l’intermédiation non-bancaire accentue. Les évolutions du modèle de financement de l’économie française (plus globalement, européenne) appellent à s’assurer que l’action des autorités pour renforcer la stabilité financière reste efficace, y compris dans un système dans lequel l’intermédiation non-bancaire joue un rôle plus important.

Face à ces évolutions structurelles et à ces risques, la politique macroprudentielle vise précisément à prévenir les situations où les pratiques financières accentuent les déséquilibres et à renforcer la résilience du système financier dans sa globalité. Il reste que les instruments de politique macroprudentielle ne peuvent, à eux-seuls, prévenir l’apparition de déséquilibres macroéconomiques, qui appellent un ajustement de l’ensemble des politiques économiques.

Source Banque de France ici

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