Cette règle des 3 % n’a aucun sens économique. Cela aurait-pu être 2 % comme 5 %. Ce qui est certain, c’est que le vrai bon sens économique aurait dit “0 %” avec l’obligation de budgets équilibrés.
Hélas, pour que cela soit possible, il faut avoir sa propre monnaie pour pouvoir battre monnaie en fonction des besoins et laisser les parités se réajuster si l’on en imprime trop justement ! Bref, imposer ces 3 % pour une monnaie unique non seulement n’est pas fondé économiquement, mais c’est même une ineptie car plus les pays sont fragiles, plus ils ont besoin de déficits quand ils ne peuvent plus réajuster leur économie et leur compétitivité via la monnaie !
L’euro est une aventure absurde.
Charles SANNAT
Pas plus de 3 % de déficit annuel : l’Europe accepte volontiers que les États soient dans le rouge de 3 % chaque année (sans expliquer comment c’est financièrement viable). Il s’agit d’une limite qui fait partie des piliers des critères fiscaux de l’Union. Pourtant, comme le montre Constantin Gurdgiev dans ce billet, on dirait que cette règle a été créée uniquement pour être bafouée alors que certains pays l’ont enfreinte à répétition, voire systématiquement, tels de vulgaires multirécidivistes que l’on relâche larcin après larcin.
Les champions européens du déficit de plus de 3 %
Dans le tableau préparé par l’auteur, on retrouve le nombre de déficits supérieurs à 3 % enregistrés par pays, chiffre qui est ensuite décortiqué en faisant le compte des déficits « autorisés » (à savoir lorsqu’un pays est en récession), et les déficits non-autorisés… qui ont de toute façon lieu.
Si la Grèce trône sans surprise en tête du classement des nations qui ont accumulé le plus grand nombre de déficits annuels supérieurs à 3 % (18, soit un sans-faute vu que les statistiques remontent à 1999, ou à l’année d’accession de chaque pays), c’est la France, cocorico, qui accumule le plus grand nombre de « déficits non-autorisés ». Comme quoi, Bruxelles ne prend pas (encore) toutes les décisions en lieu et place du Parlement ! Autre intrus en tête du classement, mais pour qui cet honneur sera bientôt de l’histoire ancienne Brexit oblige, la Grande-Bretagne talonne la France en s’offrant le luxe d’égaler la Grèce (véritable référence-étalon en la matière vu sa régularité de métronome à être dans le rouge) en nombre de déficits non-autorisés.
Le cancre qui se cache bien derrière les trublions
L’Allemagne, toujours prompte à donner des leçons d’orthodoxie budgétaire à qui veut l’entendre (ou ne veut pas), ne fait pas mieux que le milieu de classement avec 7 déficits, dont 5 non-autorisés. On m’a toujours dit que, pour se permettre de donner des leçons aux autres, il fallait être irréprochable soi-même. Ce concept semble étranger à la classe politique allemande. À quand des remontrances du ministre des Finances bulgare ou estonien à l’adresse de la Germanie ? Avouez que ce serait cocasse.
Les bons élèves
Seuls trois pays peuvent se vanter d’avoir strictement suivi cette fameuse règle des 3 % : le Luxembourg, la Suède et l’Estonie. On peut aussi mettre dans le panier des bons élèves le Danemark et la Finlande en vertu de ce que l’on peut considérer comme un petit accident de parcours.