L’idée est bonne, et je ne veux pas la critiquer bêtement pour une fois au moins que l’on tente quelque chose !
Le problème c’est l’absentéisme des professeurs, et quand un professeur est absent il peut être difficile de le remplacer, encore plus dans certaines matières. C’est le cas dans mon petit coin de Normandie où nous sommes loin des grandes villes. Enfin quand je dis loin je ne parle pas en kilomètres forcément mais en « prix du kilomètre ». Si vous devez faire 75 km aller et 75 km retour par jour soit 150 kilomètres pour un salaire de 1 900 euros par mois, autant ne même pas aller travailler.
Résultat, quand il manque un prof de math… et bien il manque durablement un prof de math.
D’où l’idée de faire des cours en visio dans ce cas.
« Depuis le 3 novembre 2025, des élèves d’un lycée d’Istres (Bouches-du-Rhône) ont cours de français avec un professeur remplaçant qui se trouve derrière un écran. Ces enseignants titulaires forment des « brigades numériques ». Le dispositif est testé depuis 2024 dans l’académie d’Aix-Marseille. »
« C’est nul. Je n’aime pas. On ne comprend rien au cours », « c’est un peu horrible », « c’est assez compliqué et galère » : sacs sur le dos, des élèves de seconde du lycée Arthur Rimbaud à Istres ne semblent pas vraiment convaincus par le cours de français, assuré par un professeur en visioconférence, dont ils sortent. Depuis le retour des vacances scolaires, le 3 novembre dernier, quatre classes de 2de et de 1re n’ont pas d’enseignant présent physiquement dans leur salle, mais derrière un écran.
Les « brigades numériques » sont testées à l’académie d’Aix-Marseille depuis la rentrée 2024. Il s’agit de professeurs titulaires d’une zone de remplacement (TZR dans le jargon). Dans la classe, les élèves sont encadrés par un autre adulte, un surveillant ou un enseignant.
« Ça nous inquiète », Camille en classe de 1re
Dans la classe d’Amal, une seule élève à lever la main sur deux heures d’étude de texte, raconte la jeune fille : « La prof est en visio. Du coup, nous, on la voit au tableau. Elle, elle ne nous voit pas, parce qu’il faut tourner la caméra pour qu’elle nous voie. En fait, ça change. Ça aurait été mieux si on avait un vrai prof. Là, elle est affichée au tableau. Comment on fait nous ? L’année prochaine, on passe le bac de français, donc si on n’a pas une vraie prof avec nous, qui vient nous expliquer, c’est pas ouf. »
Camille relit ses fiches de révision. Elle est déjà en classe de 1re : « Ça nous inquiète un peu. C’est un peu plus compliqué au niveau de la prise de parole : on se coupe souvent la parole. Puis, on voit bien que les cours ne sont pas faits de la même façon. C’est compliqué aussi quand elle doit nous montrer les choses au tableau, elle fait un partage d’écran de son ordinateur et on essaie de lire ce qu’il y a marqué. »
Bien évidemment un prof en visio ne peut pas remplacer à qualité équivalente un enseignant en présentiel, mais n’est-ce pas mieux que rien ?
Faut-il s’en contenter ?
Le pire étant qu’en plus dans cette configuration on se retrouve collectivement à payer un prof en visio ET un surveillant pour surveiller les classes.
Ce qui est envisageable pour les jeunes plus âgés et je pense aux étudiants post-bac est-il possible et aussi pertinent pour les lycéens ou les collégiens ?
Tout se mélange…
Et dans cet article de France bleu, nous avons droit à tout… (source ici), et même au témoignage de Rayan 15 ans !
« La professeure TZR de français remplace un poste manquant depuis le début de l’année scolaire 2025 et une enseignante en congé maternité depuis les vacances d’automne. Les cours de soutien en français sont eux annulés pour Rayan, 15 ans. Mais pour le garçon, qui souffre des troubles de dyslexie, dyspraxie et dysorthographie, et qui veut poursuivre des études de lettres, cette solution en visioconférence n’est de toute façon pas la bonne : « En maths, le prof vient et regarde si le graphique est bon. Pour le coup, le prof ne pourrait pas venir te parler qu’à toi, pour t’expliquer qu’à toi, pour réellement créer cette bulle. Donc si on perd ce contact déjà physique, c’est comme si c’était remplacé par un genre de robot. C’est une personne humaine derrière, mais on n’a pas cette proximité avec le prof et donc il n’y a aucun intérêt. »
Le problème de Rayan est-il ici le prof en visio ou ses difficultés individuelles de troubles de dyslexie, dyspraxie et dysorthographie ?
Avec de telles difficultés faut-il encourager ce jeune homme à poursuivre des « études de lettres » ?
Il est certain que la visio, si elle peut dépanner sur des temps courts (une semaine ou deux) ne peut pas assurer la même qualité d’enseignement que la présence d’un vrai professeur, la visio peut encore moins permettre la gestion de cette école que l’on veut « inclusive » de manière tellement large que les professeurs sont obligés de gérer de multiples difficultés individuelles ce qui n’est pas sans poser d’immenses problèmes d’homogénéité de niveau.
Comme vous le voyez, c’est donc un problème compliqué et difficile, surtout que l’ensemble des techniques pédagogiques et des modes d’apprentissages vont rapidement être bouleversés par l’arrivée de l’IA.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
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