Déclin ou pas? Oui, l’Inde passe devant la France en valeur absolue de PIB, pas en valeur relative par habitant, puisque les Indiens sont… 1,3 milliard.

Nous sommes donc logiquement condamnés, pour partie en tout cas, à voir passer devant nous la « force pure » du nombre et de la masse, mais la « puissance » ce n’est pas uniquement le PIB et la somme d’argent. C’est aussi l’argent et… tout le reste : culture, innovation, intelligence, recherche, rayonnement linguistique, etc.

La France ne doit pas avoir peur de devenir un petit pays, elle doit se forger un projet et une vision qui lui assureront une place dans le concert des nations.

Charles SANNAT

L’Inde prend la place de la France comme sixième économie mondiale, c’est le verdict qui vient de tomber au dernier classement de la Banque mondiale. En 2030, la France sera neuvième… le début de la fin ?

Que l’Inde dépasse la France, c’est une surprise « annoncée ». « Cela fait une quinzaine d’années qu’on voit émerger les économies émergentes », note Joël Ruet, économiste et chercheur au CEPN (Centre d’économie de Paris-Nord). « Ce qui est intéressant, c’est que l’horizon se rapproche sans cesse »… Jusqu’à mettre à la marge les pays européens qui, il n’y a pas si longtemps encore, qualifiaient leurs lointains voisins de « pays en voie de développement » ?

Ces pays plus gros qu’un continent progressent, sur le plan du PIB, à vitesse grand V. Lentement mais sûrement, l’Inde avance : « Il n’y a rien de soudain, c’est une régularité. Il y a quinze ans, elle était à 7 % de croissance, puis a ralenti, mais s’est vite reprise », explique Joël Ruet, spécialiste des économies émergentes notamment de l’Inde et de la Chine.
« L’Inde est beaucoup moins internationalisée que la Chine », ajoute le chercheur. Aussi, même si elle a raflé la sixième place à la France dans le classement des puissances économiques établi par la Banque Mondiale le 9 juillet dernier, sa présence dans le monde « reste inférieure à celle de la France ». « On est au tout début de l’entrée de l’Inde dans l’économie mondiale », note l’expert.

Avec 1,3 milliard d’habitants pour l’un, et 67 millions pour l’autre, « le PIB par habitant en Inde reste 20 fois inférieur au PIB par habitant en France ». Et la croissance indienne a un revers : pollution de l’air et des nappes phréatiques « très préoccupantes », dépendance aux matières premières, chômage, emplois informels importants qui créent « des inégalités de revenus et d’accès aux structures sociales ».
La France, avec ses 1,9 % de croissance, est-elle vouée à dégringoler à la neuvième place, comme le prédit le Centre for Economics and Business Research, à Londres ?

« La France est une économie qui est arrimée à ses grands voisins et à l’économie mondiale », explique M.Ruet, qui rappelle que « la structure industrielle en France est très différente de la structure industrielle en Allemagne », peu de PME étant intégrées dans le sillage des grandes entreprises.

D’après l’expert, « il y a besoin de plus de courage de la part des institutions bancaires françaises » pour financer l’innovation : « C’est ce que le gouvernement et le Président actuel essaient de mettre en place. La France a pris du retard par rapport à l’Allemagne dans ce domaine-là. » Un problème qui se rencontre néanmoins ailleurs dans la zone euro :
« Il y a besoin d’innovation financière pour partager le risque d’innovation avec une PME. Aujourd’hui, quand une PME développe une innovation, elle prend 100 % du risque… Et si elle survit à l’investissement, elle ne trouve pas toujours les moyens de son développement. »

En tout cas, rien n’est perdu pour la France : « C’est pendant qu’il y a la croissance qu’il faut mettre en place des actions courageuses et ça on l’a encore peu vu dans les nouveaux budgets publics depuis l’élection d’Emmanuel Macron. »

Source Agence russe Sputnik.com ici

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