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La suggestion du président américain Donald Trump d’une possible renonciation à la tradition de politique du dollar fort pousse les investisseurs du monde vers les marchés de l’or en tant qu’assurance contre une possible dépréciation du billet vert.

Peu de temps avant son investiture de la semaine dernière, Trump avait déclaré au Wall Street Journal que « notre dollar est trop fort » par rapport au yuan chinois.

Trump pourrait prendre ses distances avec la politique monétaire américaine menée par les présidents précédents, qui se basait sur la supposition qu’un dollar fort va dans l’intérêt national. Les investisseurs se ruent vers l’or, dont le prix a tendance à évoluer dans la direction opposée du dollar, afin de mitiger le risque.

Les experts de l’or au Japon estime que l’optimisme envers les marchés de l’or est en train de grandir.

« Les hedge funds européens et américains ont commencé à cibler l’or en tant que destination de leurs investissements de crainte d’une guerre des devises entre les États-Unis et la Chine », a déclaré l’analyste Itsuo Toshima.

Yuichi Ikemizu, responsable d’une agence de Tokyo d’ICBC Standard Bank, a déclaré que « les fonds qui furent des acheteurs actifs de dollars et d’action ont augmenté leurs rachats, et ont passé de nouveaux ordres d’achat d’or sur les marchés ». L’annonce de la sortie de l’Europe de la Grande-Bretagne ainsi que les commentaires de Trump suggérant qu’il poursuivra des politiques en faveur d’un dollar plus faible ont généré ces mouvements, a-t-il déclaré.

L’or, connu pour être « la devise sans État », est utilisé conventionnellement en tant qu’alternative aux actifs libellés en dollars. De ce fait, le prix du métal évolue souvent en direction opposée de celui du Dollar Index, qui jauge la valeur du billet vert par rapport à un panier de devises majeures.

La hausse des taux américains est une mauvaise nouvelle pour l’or, qui ne génère pas d’intérêt, et fait donc baisser son cours. Cependant, les investisseurs ont apparemment confirmé leur opinion que l’or est « l’actif le plus sûr » des marchés financiers et des matières premières en raison de l’imprévisibilité de Trump et de perspectives moins agressives pour le relèvement des taux.

Durant sa campagne pour la présidentielle, Trump a mis l’accent sur sa promesse de ressusciter le secteur industriel américain et de créer davantage d’emplois dans la fameuse Rust Belt (la ceinture rouillée) du Midwest, le cœur industriel historique des États-Unis. Avant même son investiture, Trump a critiqué vertement le transfert des usines automobiles vers le Mexique, où la main-d’œuvre est moins chère, et les importations de davantage d’acier chinois bon marché.

Toshima prévoit déjà la hausse du cours de l’or, anticipant que Trump « finira tôt ou tard par affaiblir le dollar » afin de ressusciter la compétitivité internationale du secteur industriel américain.

La politique de taux de change de Trump et ses politiques concernant les échanges commerciaux pourraient cibler d’autres pays que la Chine, en vertu de son agenda « l’Amérique d’abord ». Il a agi pour empêcher les constructeurs automobiles Ford et GM de délocaliser leur production au Mexique. Les cibles des attaques de Trump se sont élargies aux constructeurs étrangers, dont le japonais Toyota et l’allemand BMW.

Les risques en Europe

Koichiro Kamei, analyste financier et métaux précieux, déclare que non seulement le caractère imprévisible de Trump mais aussi les risques politiques en Europe permettent au marché de l’or d’attirer les investissements. L’agenda anti-immigration de Trump et sa posture antimondialisation pourraient se propager à l’Europe, où plusieurs élections importantes auront lieu cette année.

Les Pays-Bas organiseront leurs élections générales en mars. La possibilité de voir le Parti de la Liberté de Geert Wilders, antimusulman, devenir le premier parti du pays est mise en avant. Le parti de Wilders pousse également pour une sortie de l’Union européenne.

Dans l’élection présidentielle française, prévue fin avril et début mai, Marine Le Pen, leader du parti d’extrême droite Front National, pourrait émerger. Le Pen a promis à l’électorat un référendum sur l’appartenance de la France à l’Union européenne.

Toshima, Kamei and Ikemizu s’accordent à dire que le fameux « tail risk », un événement qui a de faibles probabilités d’arriver mais qui aurait un impact significatif s’il devait se produire, a commencé à planer sur l’Europe au même moment où Trump démarre son mandat de président américain. Ils partagent cette même opinion que le « début d’une nouvelle ère imprévisible et de peur se répandant aux États-Unis et en Europe pousse les capitaux mondiaux vers les marchés de l’or ».

Article de nikkei.com, publié le 24 janvier 2017

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