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Don Foss quitte l’empire qu’il a bâti.

Vous n’avez probablement jamais entendu parler de lui.

C’est pourtant le vendeur de voitures d’occasion le plus riche du monde.

Comme quoi, quand on fait des choses différemment, le succès est souvent au rendez-vous.

Il fut aussi l’un des pionniers du marché du crédit auto subprime. Il quitte le navire. À temps pour éviter la tempête ?

Charles SANNAT

Certains profils présentant de gros risques d’impayés peuvent tout de même contracter un crédit auto. Aujourd’hui, le marché du crédit auto subprime pèse plus de 175 milliards de dollars. Pourtant, il n’existait même pas dans les années 60.

À l’époque, des constructeurs tels que General Motors et Ford ne prêtaient qu’à des emprunteurs dotés d’une situation financière solide. On ne prenait tout simplement pas le risque de prêter à des gens déjà endettés.

Mais tandis que les autres voyaient du danger, Foss a décelé une opportunité. Il a commencé à vendre des voitures à crédit à des gens dont la situation financière était précaire. Était-ce risqué ? Certainement. Mais vu qu’il disposait d’un quasi-monopole, Foss pouvait exiger des taux d’intérêt extrêmement élevés. Après tout, c’était ça ou rien.

Ensuite, en 1972, Foss a créé la société Credit Acceptance (CACC) afin de gérer le financement et le recouvrement des créances de son empire en pleine expansion de la voiture d’occasion.

Aujourd’hui, Credit Acceptance est l’un des leaders du crédit auto subprime américain. La société vaut 4,2 milliards de dollars. Les affaires n’ont jamais été aussi florissantes.

L’année dernière, Credit Acceptance a réalisé un chiffre d’affaires de 872 millions de dollars. Soit 6 % de plus qu’en 2015, ou encore quatre fois plus qu’il y a une décennie.

Malgré tout, Foss veut se retirer. En janvier, il a démissionné de son poste de PDG de Credit Acceptance. Un mois plus tard, il a vendu pour 128 millions de dollars d’actions de sa société. D’après Bloomberg Markets, Foss a refusé de motiver sa décision.

Pour être honnête, Foss est depuis cinq décennies la figure de proue du secteur du crédit auto subprime. S’il y a bien quelqu’un qui mériterait de raccrocher et de se reposer, c’est bien lui.

Cela dit, on peut quand même se questionner sur le timing choisi par Foss. Après tout, Credit Acceptance sort d’une année historique. En bref, son départ soulève des questions sérieuses quant à la santé de Credit Acceptance. Mais il ne s’agit certainement pas de la seule raison d’être nerveux à propos de cette société.

Les requins tournent autour de Credit Acceptance

En ce moment, 48 % des actions disponibles de Credit Acceptance sont shortées. Ce qui signifie que beaucoup de gens parient sur un effondrement du titre. D’après Bloomberg, le titre de cette société est le troisième le plus shorté du Russell 1000, un indice composé de moyennes et de grandes sociétés. Les autres prêteurs subprime affichent également des signaux d’alarme. Par exemple, Ally Financial vient de rapporter une baisse de 17 % de son chiffre d’affaires durant le premier trimestre.

Ally, l’un des plus gros prêteurs du secteur subprime, a justifié ses mauvais résultats par la baisse des ventes de voitures d’occasion de 6,7 % du T1.

Santander Consumer, un autre acteur majeur du secteur, a vu son bénéfice chuter de 31 % le trimestre dernier. Santander a rompu ses liens commerciaux avec plus de 800 vendeurs de voitures depuis 2015 en raison de « soucis liés à la performance ». Et la société vient de rapporter une baisse de 21 % du nombre de nouveaux contrats signés.

Même les grandes banques se retirent du marché fragile du crédit auto. Le mois dernier, Wells Fargo a rapporté une baisse de 29 % de ses crédits auto, soit la pire de ces cinq dernières années. Wells Fargo est la plus grosse banque américaine. Mais voici le plus important.

D’après le Business Insider, le marché du crédit auto pèse aujourd’hui 179 milliards de dollars. Soit environ 16 % de l’intégralité du secteur du crédit auto. De plus, il s’agit du segment qui connaît la croissance la plus rapide. D’après Experian, elle fut de 8,6 % l’année dernière. Le marché du « crédit subprime avancé », qui octroie les crédits les plus risqués, a connu une croissance de 14,6 %. C’est plus de deux fois supérieur à la croissance affichée par les crédits auto classiques l’année dernière.

Autrement dit, le subprime est devenu un pilier du secteur du crédit auto. Mais ce pilier commence à présenter des fissures.

D’après Fitch, les pertes annualisées des crédits auto titrisés ont grimpé de plus de 10 % depuis l’année dernière. Elles sont proches de leur record de février 2009, soit presque au pic de la crise financière. Si cela continue, ce marché pourrait imploser. Mais bizarrement, cela ne semble pas déranger grand monde.

Cela s’explique par le poids de ce marché, qui est de « seulement » 1,2 trillion de dollars. C’est environ 10 fois moins que le poids du secteur du crédit hypothécaire. De ce fait, de nombreux investisseurs estiment que ce secteur est incapable de déclencher une crise financière majeure similaire à celle initiée par le crédit hypothécaire subprime il y a 10 ans. Mais ces gens ignorent la situation d’ensemble.

Aux États-Unis, il n’y a pas qu’un problème de dette au niveau des automobiles. Il y a trop de dettes tout court. Aujourd’hui, la dette des ménages s’élève à 12,58 trillions de dollars. Soit à un fifrelin du record de 2008 de 12,68 trillions. Record qui sera bientôt effacé.

Ne perdons pas de vue que la dette totale des ménages a grimpé de 460 milliards de dollars l’année dernière. Soit la plus grosse augmentation annuelle en presque 10 ans. Il ne faut pas non plus oublier la dette des entreprises américaines, qui a grimpé de 39 % depuis 2010. (…). La dette fédérale a atteint les 20 trillions de dollars, et continue d’augmenter. C’est trois fois plus que la dette du gouvernement en 2000.

En conclusion : le marché du crédit auto pourrait être le premier pilier du marché du crédit à céder. Mais il ne serait pas le dernier. (…) »

Source : CaseyResearch.com

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