Vous allez pouvoir lire ci-dessous, dans cette édition un peu spéciale où de nombreux articles sont consacrés à cette fameuse entrée du yuan dans le panier du DTS du FMI, un passage concernant le paradoxe de Triffin, qui est un élément important à comprendre puisqu’il explique pourquoi, dans un monde où le dollar est LA monnaie d’échange internationale, on a besoin du déficit américain pour approvisionner le monde de dollars… S’il n’y a pas de déficit, il manque des dollars à l’économie mondiale ; s’il y a trop de déficit, les USA sont en faillite…

Il n’y a pas à dire, une monnaie non liée à un État est la meilleure solution possible, et les seuls candidats crédibles… ce sont l’or et l’argent !

Charles SANNAT

L’inclusion du yuan dans le panier des DTS peut résoudre le paradoxe du système monétaire international dominé par le dollar (REPORTAGE)

BEIJING, 1er octobre (Xinhua) — L’inclusion du yuan (aussi appelé renminbi, RMB) dans le panier des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) le 1er octobre a marqué les premiers pas du RMB sur la voie de l’internationalisation et comblé certains défauts fondamentaux du système monétaire international.

LE PARADOXE DE TRIFFIN

Depuis des décennies, l’économie mondiale est hantée par le paradoxe de Triffin qui, en faisant du dollar américain la monnaie de réserve mondiale dominante dans le système monétaire international actuel, rend nécessaire le déficit de la balance courante des États-Unis pour alimenter le système en liquidité.

Or, les déficits à long terme peuvent entraîner une dépréciation du dollar, alors même que la stabilité et la fermeté sont les conditions préalables pour qu’une monnaie soit désignée monnaie de réserve internationale.

Selon Li Daokui, directeur du Centre pour la Chine dans l’économie mondiale de l’Université Tsinghua, le paradoxe de Triffin se manifeste différemment suivant les périodes.

Dans les années 1990, par exemple, la Réserve fédérale américaine avait adopté une politique de resserrement monétaire afin d’éclater les bulles de son secteur de l’Internet en plein essor. Cette décision avait abouti à une pénurie de dollars dans la région économique dynamique de l’Asie du Sud-Est, ce qui avait conduit à la crise financière asiatique de 1997.

Un scénario similaire commence à se dessiner à l’heure actuelle. Les États-Unis, qui se remettent relativement bien de la dernière crise financière mondiale qui a débuté en 2008, envisagent de passer d’une politique d’assouplissement monétaire visant à stimuler l’économie à une politique de resserrement monétaire.

Cependant, du point de vue de l’économie mondiale, le dollar américain, en tant que monnaie de réserve internationale, ne devrait absolument pas être « resserré », car l’économie mondiale peine encore à se relever et a besoin de plus de liquidités.

« Le gouvernement américain a toujours ajusté sa politique monétaire en tenant compte de ses propres besoins, et dans une moindre mesure du rôle du dollar dans l’économie internationale », a indiqué M. Li. « De ce fait, les turbulences dans l’économie mondiale et le marché financier mondial pourraient s’exacerber », a-t-il estimé.

« C’est précisément là que réside le cœur du paradoxe de Triffin : le développement de l’économie mondiale a dépassé les capacités d’une seule monnaie nationale », a-t-il ajouté.

LA PROPOSITION DE LA CHINE

À la suite de la crise financière, le gouverneur de la Banque populaire de Chine Zhou Xiaochuan avait explicitement désigné le paradoxe de Triffin comme étant la cause principale du désordre économique et appelé à une réforme du système monétaire international en mars 2009.

« Le déclenchement de la crise [financière de 2008] et ses répercussions dans le monde entier reflètent les vulnérabilités inhérentes et les risques systémiques du système monétaire international existant », avait déclaré M. Zhou.

« Le déclenchement de la crise et ses répercussions dans le monde nous ont confrontés à une question de longue date, mais encore sans réponse, à savoir, de quel type de monnaie de réserve internationale avons-nous besoin pour assurer la stabilité financière mondiale et faciliter la croissance économique mondiale ? », a-t-il indiqué dans un discours intitulé « La réforme du système monétaire international ».

Une solution possible serait de s’éloigner progressivement du dollar américain comme seule monnaie de réserve pour utiliser à la place le panier des DTS du FMI comme monnaies de réserve mondiale.

« Le FMI a créé les DTS en 1969, lorsque les défauts du système de Bretton Woods ont commencé à apparaître, afin d’atténuer les risques inhérents posés par les monnaies de réserve souveraines. Pourtant, les DTS n’ont pas été pleinement exploités en raison des limitations sur leur allocation et de la portée de leur usage », a indiqué M. Zhou.

Il a estimé que des efforts devraient être faits pour promouvoir l’allocation des DTS et élargir leur champ d’application afin de leur permettre de satisfaire pleinement la demande des pays membres d’une monnaie de réserve.

M. Zhou a également souligné la nécessité de mettre en place un système de règlement entre les DTS et d’autres monnaies.

La proposition de M. Zhou a attiré l’attention du monde entier. John Lipsky, ancien premier directeur général adjoint du FMI, a estimé que cette idée était une « proposition sérieuse. »

Les dirigeants du G20 ont décidé en 2009 d’autoriser le FMI à allouer l’équivalent de 250 milliards de dollars américains en DTS pour injecter des liquidités au système économique mondial en alimentant les réserves de change de 186 pays membres.

Le FMI s’est fait l’écho de la proposition de M. Zhou dans une étude publiée en avril 2010 en recommandant au monde d’adopter une nouvelle monnaie de réserve mondiale, appelée le bancor, et de créer une banque centrale mondiale chargée d’administrer cette monnaie supranationale.

L’AVENTURE MONDIALE DE LA MONNAIE CHINOISE

Le 1er octobre, le FMI a officiellement ajouté le RMB à son panier de DTS, dans lequel la monnaie chinoise pèse 10,92 % contre 41,73 % pour le dollar américain et 30,93 % pour l’euro, marquant ainsi les premiers pas de la monnaie chinoise dans son aventure mondiale.

L’inclusion du RMB dans le panier de DTS du FMI, d’une part, renforcera la crédibilité internationale de la monnaie, ce qui profitera à un grand nombre de pays, d’entreprises et d’individus.

D’autre part, l’inclusion dans la « réserve mondiale » du RMB, seule monnaie d’une économie émergente, aidera le système monétaire international défaillant actuellement monopolisé par le dollar américain à avancer vers une direction multipolaire, et le rendra plus stable, représentatif et contemporain.

« L’inclusion du RMB dans le panier de DTS du FMI est le point départ d’un grand voyage », a déclaré M. Li. « Il a une grande importance et constitue une reconnaissance significative du rôle mondial du RMB. »

Pour une monnaie, être incluse dans les monnaies de réserve signifie qu’elle entre réellement dans le cercle des monnaies mondiales, car les marchés ont toujours tendance à garder les « bonnes monnaies » qui sont plus sûres et rentables et jouissent d’une meilleure liquidité.

En mai dernier, les investisseurs asiatiques, européens et africains se sont arraché des obligations souveraines chinoises d’une valeur de 3 milliards de RMB qui ont attiré 8,5 milliards de RMB de droits de souscription. Après cette émission réussie, Matthew Taylor, directeur des finances internationales du Trésor britannique, a déclaré que le Royaume-Uni continuerait à soutenir l’internationalisation du RMB.

Selon des études du FMI, 38 pays possèdent actuellement des actifs en RMB. À présent, le RMB est devenu la deuxième monnaie la plus utilisée pour le financement commercial, la cinquième pour le paiement international et la septième pour les devises de réserve dans le monde.

Selon le dernier rapport de la Banque des règlements internationaux, le volume des échanges du RMB dans le marché des changes a presque doublé au cours des trois dernières années, et son volume des échanges quotidien est passé de 120 milliards à 202 milliards de dollars américains.

Tout ceci a des conséquences directes sur la vie des Chinois. C’est ainsi que Mme Zhou, une touriste chinoise, a pu s’acheter de l’eau en payant en RMB à 5 000 kilomètres de Beijing, après avoir grimpé le fameux Rocher du lion de la Citadelle de Sigirîra, au Sri Lanka.

Alors que Mme Zhou était épuisée et assoiffée après l’ascension, elle pensait ne pas pouvoir acheter d’eau, car elle n’avait pas de roupie sri-lankaise sur elle. À ce moment-là, un marchand local a crié : « Renminbi, Renminbi ! » Surprise, Mme Zhou lui a alors donné un billet de cinq yuans, que le vendeur a accepté avec joie en lui rendant deux bouteilles d’eau.

« Waouh, je ne m’attendais pas à ce que mon renminbi puisse être utilisé ici ! », s’est-elle exclamée.

Maintenant, avec l’entrée dans le panier de DTS du FMI, le RMB chinois pourrait voyager encore plus loin.

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