BitcoinVoilà un papier assez long sur les risques liés à l’argent virtuel et aux monnaies électroniques… Je sais, le Bictoin c’est génial et moi je suis un abruti qui ne comprend rien. Mais l’abruti en question ne comprenait rien non plus aux start-ups, aux concepts fumeux, ce qui m’a permis en tant que crétin de base de ne pas être stupidement ruiné…

C’est encore trop tôt, c’est tout ce que je dis !!

Charles SANNAT

Les nouvelles technologies lancent constamment un défi aux industries déjà établies. Les finances ne font pas exception. Même si on se demande ce qui pourrait être inventé dans un domaine qui a commencé à se mettre en place il y a des millénaires ?

Le XXe siècle a été révolutionnaire pour l’industrie financière. C’est ce siècle qui a engendré des modèles complètement nouveaux de marchés financiers où l’argent est fait à partir d’argent à l’aide d’outils que certains qualifient de virtuels : les contrats à terme, les options, les dérivés, etc. Cependant, ils n’ont rien de virtuels vu qu’ils sont associés aux objets palpables (les matières premières ou les compagnies).

Mais c’est au XXIe siècle que s’est produit un événement qui n’a pas encore eu d’impact révolutionnaire sur les marchés mondiaux, mais qui pousse déjà les autorités de nombreux pays à regarder de près le nouveau segment du secteur et à tenter de le contrôler. La première crypto-monnaie au monde a fait son apparition.

Hors du pays — hors de la politique

La crypto-monnaie est un actif exclusivement électronique, une monnaie qui existe uniquement sous forme numérique et qui n’est pas rattachée à l’économie d’un État souverain quelconque (du moins, c’est le cas pour l’instant). Cette unité monétaire est généralement émise par des structures privées garantissant sa sécurité. Sachant qu’en général toutes les informations sur les transactions avec toute crypto-monnaie sont libres d’accès et ne sont pas cryptées. C’est fait dans le but de rendre transparent le processus de circulation de la crypto-monnaie, et pour que son propriétaire soit persuadé que la chaîne de blocs (blockchain) de la base des transactions reste inchangée, autrement dit, de l’authenticité de l’unité monétaire concrète acquise. En 2011, grâce au magazine Forbes les crypto-monnaies ont été baptisées bitcoins, d’après le nom de la plateforme élaborée en 2009, bien que les auteurs de cette “unité monétaire” préfèrent l’appellation de “liquidité électronique”.

À partir de ce moment-là ce marché a entamé un développement dynamique. C’est dû au fait que les gens à travers le monde ont aperçu dans les bitcoins la possibilité d’effectuer des transactions sans attachement aux devises réelles, et donc sans contrôle des banques, des services fiscaux et d’autres institutions publiques. La demande pour la crypto-monnaie était également stimulée par la garantie de l’irréversibilité des transactions avec les bitcoins, car il est impossible de le faire sans accéder à la clé du propriétaire de la crypto-monnaie. De plus, le fonctionnement des bitcoins permet à leurs propriétaires d’agir de manière anonyme, car en dépit de l’accès libre à toutes les transactions de la “liquidité électronique” il n’y a pas de lien avec l’adresse d’un individu concret.

Il faut dire qu’après l’apparition des premières crypto-monnaies, leur valeur a commencé immédiatement à être comparée à celle des devises réelles pour pouvoir suivre les “quotas” du nouvel outil financier. À l’heure actuelle, la valeur d’un bitcoin varie autour de 700 dollars. Ce qui, à son tour, attire l’attention non seulement des financiers marginaux, mais également des organisations créancières et des sociétés d’investissement respectables.

L’épouvantail des banques centrales

De leur côté, les autorités financières des pays développés étaient dès le début suspectes vis-à-vis de ce nouvel outil financier. Certaines sont même allées jusqu’à l’interdire. On ne sait jamais. Le prétexte était pratiquement toujours le même — éviter la perte du contrôle sur les flux financiers, ainsi qu’empêcher le financement du terrorisme, du trafic de drogue et la légalisation de biens acquis illégalement.

De plus, le rapport annuel récemment publié par le Conseil de Surveillance de la Stabilité Financière (FSOC), dont font partie la Réserve fédérale, la Securities and Exchange Commission (SEC) et le Trésor américain, fait même remarquer le danger des crypto-monnaies pour la stabilité financière des États-Unis. D’après les autorités américaines, ce danger émane avant tout de la popularité croissante des bitcoins. Il faut dire que l’argent numérique est mentionné pour la première fois dans un document qui traite traditionnellement des risques les plus significatifs auxquels est soumis le système financier des USA.

Vu que les auteurs du texte ont même pointé un problème concret des crypto-monnaies —selon eux, la technologie du registre distribué utilisée dans les bitcoins “crée des risques et de l’indétermination que les acteurs du marché et les régulateurs financiers doivent contrôler”. Le fait est que les acteurs certifiés du marché financier n’ont simplement aucune expérience de travail avec un registre distribué.

“Il est parfaitement possible que les vulnérabilités d’exploitation liées à de tels systèmes ne soient pas évidentes jusqu’à ce qu’ils ne se mettent à fonctionner à plein régime”, note le rapport.

Les USA craignent également la probabilité hypothétique que les plateformes réalisant l’émission des crypto-monnaies puissent s’entendre entre elles pour affecter négativement le fonctionnement de l’ensemble du système en créant leurs propres chaînes de blocs, en rendant certaines adresses invalides, en rejetant les transactions ou en doublant les monnaies envoyées. En d’autres termes, influencer de manière incontrôlable sur tout le processus de circulation de l’argent électronique.

Pourtant, le FSOC reconnaît que le marché financier change, et que les crypto-monnaies pourraient diminuer l’importance des outils et des systèmes financiers centralisés traditionnels, c’est pourquoi les régulateurs devront s’adapter à la structure changeante du marché.

Il faut dire que la Russie et les États-Unis adoptent une position similaire vis-à-vis des crypto-monnaies. En particulier, le vice-ministre russe des Finances Alexeï Moïsseev déclarait fin mai que le projet de loi sur l’interdiction des bitcoins sera mis au point et que le ministère avait fermement l’intention d’empêcher l’usage des crypto-monnaies en Russie. Cette question sera forcément réglée, car le bitcoin est déjà devenu l’outil préféré des criminels et il contribue également à la décentralisation de l’information financière.

Et cela a lieu alors que les banques ont déjà bâti un système de sécurité et toutes les opérations suspectes sont surveillées par le service fédéral russe de surveillance financière Rosfinmonitoring. C’est pourquoi, d’après Alexeï Moïsseev, il faut avant tout vaincre l’anonymat de ce marché, pour que tous les participants aux transactions connaissent leurs clients.

De plus, le vice-ministre craint que si au moins la moitié des opérations monétaires était réalisée en crypto-monnaies, le taux d’intérêt perdrait tout son sens. Ce qui signifierait la dissolution des banques centrales. Et sur ce point, comme nous pouvons le voir, les autorités monétaires russes sont du même avis que leurs collègues américains.

Le risque est-il réel ?

Monnaie russe
Dans le même temps, les structures d’affaires ne voient pas une grande menace dans l’existence des crypto-monnaies. L’explication est simple — aujourd’hui les bitcoins ne sont pas du tout inscrits dans le champ juridique, par conséquent les structures respectables ne peuvent simplement pas les utiliser pour procéder aux opérations à l’échelle “industrielle”. Or cela garantit leur absence d’intérêt pour une telle monnaie de la part des détenteurs conservateurs d’argent. En outre, le coût élevé de chaque unité monétaire empêche pratiquement la possibilité de leur usage par la classe moyenne, qui est la principale “vache à lait” des organisations créancières dans tous les pays développés. Du coup, les banques ne s’attendent tout bonnement pas à un afflux de désireux d’effectuer des opérations avec des bitcoins.

Toutefois, à terme également, compte tenu de la lutte engagée contre les crypto-monnaies par de très nombreuses banques centrales, il ne faut pas s’attendre à une grande demande pour les bitcoins. Par exemple, selon une étude de la compagnie Juniper Research, moins de 5 millions personnes utiliseront des crypto-monnaies d’ici 2019 à travers le monde. Ce qui est, par rapport à la population totale de la planète, une goutte d’eau dans l’océan.

Et ce, en dépit du fait que plusieurs grandes plateformes en ligne ont commencé à accepter les paiements en bitcoins. C’est une fois de plus dû au fait que le nombre d’utilisateurs et de transactions avec des bitcoins est très bas par rapport aux opérations dans l’ensemble. De ce fait, les experts de Juniper Research suggèrent aux détaillants de ne pas s’immerger pour l’instant dans les subtilités de cette technologie et d’intégrer les crypto-monnaies dans leurs systèmes commerciaux. Au moins au vu de la faible sollicitation des crypto-monnaies de la part principale des consommateurs.

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