Pour cet article du Monde, « l’invasion de l’Ukraine et les sanctions économiques prises contre la Russie et la Biélorussie ont entraîné d’importants volumes d’achats de cryptomonnaies payées en rouble, montrent les chiffres compilés par l’entreprise spécialisée Kaiko, dont le siège est à Paris. Le 24 février, les achats de bitcoins ont atteint un pic de 1,5 milliard de roubles (environ 20 millions d’euros, au cours de ce jour-là) sur les deux principales plates-formes d’échanges acceptant la monnaie russe, juste avant que sa valeur s’écroule ».

Sauf, que, 20 millions d’euros ce n’est franchement pas grand-chose quand on regarde la Russie, un pays de presque 150 millions d’habitants.

Vous allez me dire, oui mais bon la Russie ce n’est pas une grande économie et ce n’est pas totalement faux en regardant les chiffres puisque le PIB russe est de « seulement » 1 500 milliards de dollars, nettement moins que l’Allemagne, la France ou l’Italie.

Mais cela reste trompeur en partie car le coût de la vie comme des salaires n’a rien à voir en Russie avec ceux de l’occident. On produit un tank beaucoup moins cher en Russie de même qu’un missile nucléaire qu’en France. Lorsque j’entends certains analystes comparer les budgets militaires de la Chine et de la Russie en dollars avec celui de Etats-Unis, je peux vous dire que cette comparaison n’a qu’un sens économique partiel qu’il conviendrait de nuancer et de pondérer.

Bref, 20 millions de cryptomonnaies c’est totalement insignifiant à l’échelle planétaire.

Faut-il geler les cryptos des comptes russes ?

« Une demande du gouvernement ukrainien a, en revanche, provoqué de vifs débats – et des scissions – chez les promoteurs des cryptomonnaies : dimanche, le vice-premier ministre, Mykhailo Fedorov, avait appelé les grandes plates-formes d’échange à se joindre au mouvement global de sanctions économique contre la Russie et à geler les comptes de ressortissants russes. Ces plates-formes permettent de convertir des cryptomonnaies en monnaies classiques et constituent un point d’accès vital pour pouvoir les « dépenser ».

Les principales plates-formes d’échange ont opposé lundi une fin de non-recevoir au gouvernement ukrainien. La plupart d’entre-elles ont estimé, à l’image du leader mondial Binance, ne pas pouvoir « geler unilatéralement les comptes de millions de personnes innocentes ». Pour l’heure, aucune sanction contre la Russie et la Biélorussie ne concerne les cryptomonnaies ou les plates-formes d’échange, qui rappellent qu’elles appliquent les lois en vigueur. « Par ailleurs, si nous devions geler les comptes des ressortissants de pays qui en attaquent d’autres et qui provoquent des violences dans le monde, la première étape serait de bloquer les comptes américains », écrit, au milieu d’une série de messages lyriques et provocateurs, le PDG de Kraken, Jesse Powell.

Dans la communauté des cryptomonnaies, dont les adeptes partagent majoritairement des idées libertariennes, mettant l’accent sur la liberté individuelle, rarissimes sont les voix qui soutiennent Vladimir Poutine et l’invasion de l’Ukraine. Mais beaucoup considèrent que la liberté de disposer de son argent prime, par principe, sur tout le reste ; sur les réseaux sociaux, des débats parfois violents opposent tenants de la « liberté » et ceux qui arguent, images du conflit à l’appui, que les « principes » de la libre circulation de l’argent comptent bien peu face aux souffrances des civils ukrainiens ».

Et voilà un débat passionnant car si les comptes des citoyens russes sont bloqués, aussi méchant que soit l’empereur du mal PalPoutine, c’est bien l’ADN libertarien des cryptomonnaies qui sera totalement détruit, car, il est évident que l’intérêt des cryptos réside dans le fait qu’elles ne soient la monnaie d’aucun Etat, et justement en dehors même du contrôle des Etats.

Je pense que c’est leur immense force, mais également un immense problème qui risque d’entraîner des pertes.

Si les Russes peuvent contourner les sanctions grâce aux cryptomonnaies, alors que feront les Etats ?

Ils laisseront faire ?

Ou ils couperont d’office en légiférant pour les plateformes ?

J’ai ma petite idée.

Nous allons y arriver assez rapidement.

Charles SANNAT

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Source Le Monde.fr ici

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