Vous avez aimé la financiarisation et ses conséquences avec la naissance de la crise actuelle en 2008… Vous allez adôôôôrer la numérisation !! Les GAFAM collectent « à l’insu de notre plein gré » une quantité de plus en plus importante de données nous concernant tous. C’est ce que l’on appelle le « big data ».Tout comme la dynamite inventée en 1866 par Alfred Nobel, le big data peut être utilisé au bénéfice du plus grand nombre ou aux profits de quelques-uns. Je vous laisse conclure où nous en sommes aujourd’hui !Cette évolution de la société a pour effet d’augmenter les inégalités en appauvrissant les plus pauvres, de paupériser la classe moyenne et de considérablement enrichir les plus riches. Un rapport du 16 janvier 2017 de l’ONG OXFAM France nous apprend qu’au niveau mondial « depuis 2015, les 1 % les plus riches détiennent désormais autant de richesses que les 99 % restants ». Pour ce qui est de la France, « les 21 personnes les plus riches détiennent autant que les 40 % les plus pauvres »… « Alors que le niveau de vie mensuel moyen des Français les plus riches a progressé de 272 euros de 2003 à 2014, celui des plus pauvres a diminué de 31 euros au cours de la même période ». Cette période voit apparaître une nouvelle classe de la société : « les travailleurs pauvres » (personne gagnant de 0,8 à 2,5 fois le SMIC). L’INSEE nous apprend « qu’en 2014, 8,8 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté monétaire, qui s’élève à 1 008 euros par mois » et que « le taux de pauvreté monétaire s’élève en 2014 à 14,1 % de la population».Une « particularité française » est particulièrement efficace : notre système de couverture sociale français. En effet, il « amortit ce choc », car aux USA, ce sont 40 millions de personnes qui dépendent du programme d’aide alimentaire (l’équivalent de nos tickets de rationnement pendant la Seconde Guerre mondiale).Les victimes de ce système, de plus en plus nombreuses, ne faisant plus confiance aux partis politiques et à leurs représentants, ne savent plus vers qui se tourner pour « changer les choses ». Cela aboutit à une élection présidentielle « étonnante ». Je vous rappelle les chiffres cités dans mon billet du 13 mai dernier :

  • Les « partisans » d’Emmanuel Macron représentent 40 % du corps électoral;
  • Les « aucun des deux ne me convient » représentent 40 % du corps électoral ;
  • Les « partisans » de Marine Le Pen représentent 20 % du corps électoral.

Il faut une grande dose de désespoir politique des électeurs et surtout une É-NOR-ME dose de tripatouillage de la loi électorale pour que notre président soit élu avec si peu « d’adhésion ». En effet, dans les 40 % de « vote Macron », combien de « tout sauf Le Pen » ? Ces éléments ne sont pas de nature à créer une majorité parlementaire au nouveau président.

Ce qui me sidère, ce sont les cris d’orfraie du monde politico-médiatique qui est étonné de ces résultats. Il semble avoir oublié que dans une démocratie, « l’arme du peuple est le bulletin de vote ». La « novlangue » a pourtant tout prévu et répertorié : populisme, front républicain, fascisme, anti-système… mais rien n’y fait. Le peuple est mécontent et le fait savoir par ses votes. D’où la tentation de quelques-uns « de se passer de l’avis du peuple », tel le journaliste Jean-Michel Aphatie, qui, s’y voyant déjà, n’hésite pas à déclarer « Moi, si un jour je suis élu président de la République, savez-vous quelle est la première mesure que je prendrai ? Je raserai le château de Versailles » ou l’essayiste Alain Minc « Le Brexit est la victoire des gens peu formés sur les gens éduqués », la journaliste du Monde Hélène Bekmezian « Le droit de vote, c’est comme le permis : franchement, au bout d’un certain âge, on devrait leur retirer » ou bien l’économiste Jacques Attali, à propos du Brexit « Toute décision ayant un impact lourd sur le sort des générations suivantes ne devrait pas pouvoir être prise par une majorité de moins de 60 % des votants, réaffirmée à trois reprises à au moins un an d’écart », encore le président de Goldman Sachs, Peter Sutherland, toujours au sujet du Brexit « La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée, tout ça à cause d’une déformation des faits et des conséquences. D’une façon ou d’une autre, ce résultat doit être annulé »… et tant d’autres que le suffrage universel « gêne ».

Tout cela nous montre la faillite du système néolibéral. En guise d’espérance, notons que des changements sont en court. La banque mondiale nous indique que, depuis 4 ans, le commerce mondial progresse moins vite que le PIB mondial. Des entreprises commencent à relocaliser, mais soyons prudents car, parallèlement, beaucoup d’entreprises « robotisent » leur production. Il n’y aura donc que peu d’emplois nouveaux. Quant au « miracle Internet », il permet, notamment dans l’agro-alimentaire, de simplifier les relations producteur/consommateur. Nous assistons à la naissance d’un nouveau paradigme : « produire plus local et penser moins global », ainsi qu’au développement des « circuits courts » dont on se demande pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt. Même l’État s’y met, c’est plutôt bon signe. Des initiatives « culottées » voient le jour, tel ce regroupement de 35 cultivateurs de la région de Sélestat, au cœur de l’Alsace, qui se sont unis pour racheter une grande surface (un ancien Lidl) et y vendre leurs produits directement du producteur au consommateur. Autre exemple avec « la Ruche qui dit oui » qui distribue sur son site Internet 5 000 producteurs locaux de fruits et légumes, viande, poisson, fromages, etc. Tous sont des partisans d’une agriculture « durable ».

Hormis la difficulté de se constituer une majorité parlementaire, vu l’état politique du pays que j’ai dépeint plus haut dans ce billet, il en est une autre à régler rapidement par le nouveau président : le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu :

  • C’est une « mesure phare » du gouvernement précédent. Son application est prévue pour le 1er janvier 2018.
  • Autre « mesure phare », cette fois du programme d’Emmanuel Macron : supprimer les cotisations salariales pour le chômage et la maladie, afin d’augmenter la rémunération nette des salariés. Cette mesure serait financée par une hausse de 1,7 point de la CSG. Le principe « des vases communicants », vous connaissez ? Démonstration :
    • La suppression de ces cotisations salariales entraînera une augmentation de 3,15 % du salaire brut.
    • Parallèlement, la hausse de la CSG diminuera ce salaire brut de 1,67 %.
    • Le « gain net » sur le salaire ne sera donc que de 1,48 %.
    • À noter que l’économie sera moindre pour un salaire plus important.
  • Pour que ce gain soit TRÈS visible par les contribuables et donc politiquement « payant », il ne faut pas qu’il « soit noyé » par la hausse de la CSG, dans le passage au prélèvement à la source des impôts, prévu en janvier 2018. L’effet serait alors psychologiquement nul. Emmanuel MACRON envisage donc le report de la mise en place du dispositif de prélèvement à la source pour la fin de l’année 2018.
  • Mais… Le 5 mai 2018, Christian Eckert, secrétaire d’État au budget, se « rebelle » sur son blog, et le 9 mai, le « futur ex-secrétaire d’État » signe (juste avant la démission du gouvernement) le décret n° 2017-866 entérinant la mise en place du prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source le 1er janvier 2018, obligeant ainsi « son camarade Macron » à légiférer dans l’urgence, s’il veut conserver le gain politique de sa « mesure phare » d’allègement des charges salariales.

On se souvient tous de « l’accouchement dans la douleur » de la loi n° 2016-1088 du 8 août 2016, relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels, plus connue sous le nom de « loi Travail » ou aussi « loi El Khomri » du nom de la ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui « a porté » cette loi devant le parlement. Toujours cette habitude bien française, de vouloir donner son nom à une loi. Pour « passer à la postérité », sans doute.

Pauvre madame El Khomri dont le nom restera attaché à un texte qui en réalité ne fait que mettre en application les GOPE. Cet acronyme signifie « Grandes Orientations de Politique Économique ».  Ces documents sont préparés par la direction générale des affaires économiques de la Commission européenne. J’invite mes lecteurs qui voudraient approfondir ce sujet à lire l’excellente analyse qu’en a faite la journaliste blogueuse Coralie Delaume.

Résumons : la « loi Travail » n’est que le début de mesures plus vastes et contraignantes, décidées au niveau européen et nos différents ministres du travail n’y changeront pas grand-chose, quelles que soient les « promesses » de notre monde politique national.

Au fait, Muriel Penicaud, nommée le 17 mai nouvelle ministre du Travail, a trouvé sur son bureau un « mot doux » émanant de la CGT, premier syndicat de son ministère : « appel à la mobilisation du personnel » pour… le 18 mai !!

Voilà un quinquennat qui commence fort, très fort… Et ce n’est pas fini. Pour le président Macron, ce ne sera pas « un long fleuve tranquille »… Pour nos patrimoines, non plus. Affaire à suivre dans mes prochains billets.

Mes chers lecteurs, je vous aime et vous salue.