Fort Knox

Pour tous les amateurs d’or et les passionnés de métaux précieux, il y a un feuilleton passionnant, celui de l’or réellement détenu par les autorités américaines.

Des analystes affirment qu’une partie de l’or américain censé être stocké à Fort Knox n’y est plus.

D’autres, plus prudents, demandent simplement qu’un audit indépendant ait lieu, pratique très courante dans de nombreux secteurs, mais pas dans celui de l’or qui est l’un des secteurs les plus opaques qui soit.

Grâce aux efforts de Koos Jansen (source, traduction condensée) et de ses lecteurs qui ont financé la procédure prévue par la loi de liberté de l’information (FOIA, Freedom of Information Act, qui oblige les agences fédérales à transmettre leurs documents à toute personne qui en fait la demande, sauf si cela remet en cause la sécurité nationale), nous avons enfin accès à des documents concernant l’or stocké par la US Mint, notamment celui de Fort Knox.

Va-t-on enfin avoir la preuve que les théoriciens du complot ont tort ? Qu’ils ont raison ? Qu’on ne sait toujours pas ? Réponse d’ici quelques lignes… mais d’ici-là, à défaut de certitude absolue, sachez que « quand il y a un doute, il n’y a pas de doute » ! En gros, quand c’est clair comme du jus de chique, c’est que c’est rarement limpide !!

Le corollaire évident c’est que s’il y a moins d’or que ce que l’on pense, il vaut mieux détenir de l’or… Après, vous faites ce que vous voulez de cette remarque !!

Charles SANNAT

« En réponse à ma demande FOIA, la US Mint a enfin communiqué les rapports qu’elle a rédigés entre 1993 et 2008 concernant les audits physiques des réserves d’or américaines. Cependant, les documents fournis sont incomplets ou révèlent que la procédure n’a pas été effectuée dans les règles de l’art. De plus, vu que la US Mint n’a pas été capable de tenir complètement ses promesses, les frais de la demande FOIA (3 144,96 dollars) ont été intégralement remboursés.

Grâce aux dons de mes lecteurs qui ont financé cette initiative, j’ai pu forcer la US Mint, via une demande FOIA, à me fournir les documents concernant les audits d’or physique qu’elle stocke. Même si les documents PDF qu’elle m’a envoyés sont expurgés, incomplets, et incluent parfois des pages en double ou des documents que je n’ai pas demandés, c’est ce qui se rapproche le plus de ce que j’ai pu voir de documents concernant l’audit physique de l’or de Fort Knox et d’autres lieux de stockage de la US Mint.

Maintenant que ces rapports sont en ma possession, je m’inquiète de constater que les procédures d’audit n’ont pas été exécutées correctement. Si on ajoute à cela le fait que les documents sont incomplets et expurgés, on ne peut qu’avoir des soupçons de fraude. Dans cet article, nous allons d’abord jeter un regard critique sur les rapports et les problèmes qu’ils soulèvent. (….)

Le gouvernement américain muet concernant les audits de Fort Knox

En guise de préambule, permettez-moi de préciser ce que je pense qu’il est arrivé au siège de la Monnaie américaine, au huitième étage du N° 801 de la Neuvième Rue à Washington D.C., avant que ces documents m’aient été envoyés.

Il devrait être clair que le Trésor américain (le propriétaire de l’or), la US Mint (le dépositaire principal), la FED de New York (second dépositaire) et l’Office Inspector General of the US Treasury (auditeur principal) sont réticents à l’idée de fournir des informations à propos des audits de l’or situé dans les 4 lieux de stockage principaux, qui contiennent plus de 8 000 tonnes d’or. D’ailleurs, la plupart des analystes chevronnés de l’or ignorent même que des audits ont eu lieu.

Le Financial Times a récemment écrit dans l’un de ses articles qu’aucun audit n’a lieu. Jim Rickards a lui aussi affirmé cela dans une interview. Non seulement les médias dominants ne sont pas au courant, mais les partisans de l’or non plus.

Ce que personne ne sait c’est que d’après le gouvernement américain, 100 % de l’or du “Deep Storage” (surnom de l’or stocké par la US Mint) a été audité entre 1974 et 2008 (page 4). Cette période peut être divisée en deux chapitres : de 1974 à 1986, lorsque le Committee for Continuing Audit of the U.S. Government-owned Gold vérifiait la majorité du métal du Deep Storage. Le second chapitre couvre la période 1993-2008, lorsque le métal résiduel fut examiné sous la supervision de l’Office Inspector General of the US Treasury. (…)

Au fil des ans, mes requêtes variées auprès des agences du gouvernement américain, via les canaux officiels, n’ont permis de découvrir que peu d’informations intéressantes concernant les audits de l’or du Deep Storage. Au début, certains départements ont coopéré, puis ont fini par ne plus répondre à mes e-mails ou par simplement me raccrocher au nez. Leur second mode de défense fut activé lorsque j’ai commencé à envoyer des demandes FOIA. Au lieu de les honorer, ils ont tenté de les ralentir et de les esquiver. Il est indubitable que le gouvernement américain préfère ne pas répondre à mes questions que d’exhiber ses audits.

Cependant, en 2016, j’ai décidé de persévérer afin de trouver combien de lingots ont été comptés, pesés et testés entre 1993 et 2008, lorsque la dernière série d’audits physiques fut censée avoir eu lieu. Sans surprise, aucun département du gouvernement américain n’a pu me fournir l’information que je cherchais, mais grâce à certaines demandes FOIA j’ai pu en introduire d’autres… et ainsi de suite, jusqu’au 12 août 2016 et cette demande adressée à la US Mint. Celle-ci me répondit que ma demande coûterait 3 144,96 dollars, car 40 heures seraient nécessaires pour rassembler les documents respectifs, 8 heures pour les revoir. Des coûts additionnels seraient également ajoutés pour fournir une copie des 1 200 pages. Je pensais que c’était des bêtises, 1 200 pages semblaient une quantité abusive de papier, pourquoi tant de temps pour trouver les documents que je demande et comment pouvaient-ils savoir qu’il s’agissait de 1 200 pages si 40 heures allaient être nécessaires pour les trouver… Mais j’ai décidé de lancer une campagne de financement participatif pour rassembler la somme.

En 24 heures, ce fut chose faite. Fin du mois d’août 2016, j’ai envoyé un chèque à la US Mint, espérant recevoir l’information dès que possible. Après que la Monnaie américaine ait prétendu pendant des semaines ne pas avoir reçu le chèque, ils m’ont confirmé le 28 septembre 2016 la réception des fonds, ainsi que le début des recherches des documents.

Un mois s’est ensuite écoulé sans que rien ne se passe. J’ai envoyé quelques e-mails et j’ai appelé la Monnaie trois fois, à chaque fois on m’a donné des excuses bidon. Ce n’est que le 23 décembre 2016 que j’ai reçu les documents pour lesquels j’avais payé. Au lieu de 1 200 pages, j’ai reçu 223 pages expurgées qui contenaient 68 pages de rapports que je n’avais pas demandés et 21 pages en doublon. En définitive, j’ai donc reçu 134 pages en rapport avec ma demande FOIA.

Lorsque j’ai fait part à la monnaie que j’avais payé 3 144,96 dollars pour 134 petites pages, j’ai donc été remboursé, et par conséquence les donateurs aussi.

Je me demande encore si la US Mint n’a pas essayé de me décourager en me demandant cette somme exorbitante pour quelques pages bien archivées ou si elle a traité ma demande en toute honnêteté. Tout esprit sceptique opterait pour la première alternative. (…) En exigeant les e-mails de correspondance interne de la US Mint via un autre FOIA, j’ai eu la réponse : Tom Noziglia, responsable de la coordination des audits à la US Mint, estimait ma demande à 2 640 dollars en raison de 1 200 pages disséminées dans 80 boîtes. Tom Noziglia, en sa qualité de responsable de la coordination des audits, est coauteur de ces documents. Il aurait donc pu estimer la quantité de pages qu’une telle demande représentait. Donc il a sciemment gonflé son estimation.

De plus, vu que la US Mint n’a pas encaissé le chèque, on peut également penser qu’elle savait très bien que cela ne prendrait pas 40 heures de travail. (…)

Les documents d’audit sont incomplets

La barrière principale que l’on rencontre dans un dépôt de la US Mint, c’est la porte de la salle des coffres. Dans le cas de Fort Knox, il s’agit d’une porte de 20 tonnes dont la combinaison complète n’est pas connue d’une seule personne. À l’intérieur du coffre, l’or est stocké dans des compartiments séparés qui sont scellés depuis les années 50 au moins.

Officiellement, depuis 2008, les 42 compartiments ont été physiquement audités. Chaque compartiment a été ouvert, l’or a été compté, pesé et testé. Après quoi le métal est empilé dans un compartiment adjacent de la salle des coffres (dans plusieurs documents, il est stipulé que c’est ainsi que les audits ont lieu). Le compartiment cible est ensuite fermé et scellé si le contenu audité est conforme au contenu d’origine. Jusqu’à 2008, de 1 à 2 compartiments furent ouverts chaque année. Pour les autres, on se contentait de vérifier les scellés.

Donc, les audits du Deep Storage suivent deux protocoles : la vérification de l’or, l’audit physique de l’or qui se trouve dans les compartiments et la vérification des scellés. L’entité qui surveille les procédures est l’Office Inspector General of the US Treasury (OIG).

Lorsque j’ai lu les documents d’audit qui m’ont été fournis, la distinction entre les vérifications de l’or et des scellés est claire. Les deux ont d’ailleurs lieu de façon séparée, et font l’objet de rapports distincts.

Après avoir organisé les documents et encodé toutes les données dans des feuilles Excel, j’ai remarqué que mes 134 pages n’incluent pas 27 inspections des scellés et au moins trois vérifications de l’or. J’ai demandé qu’ils me fournissent ces documents manquants, même si je doute les recevoir.

Il manque donc 30 inspections, ce qui est un gros problème.

Le compartiment 31 de Fort Knox fut ouvert en 1996 pour des raisons douteuses.

On trouve aussi des informations troublantes dans le rapport de vérification des scellés des compartiments de Fort Knox de 1996. En principe, il s’agit simplement de vérifier s’ils sont intacts. Pourtant, le 12 août 1996, deux représentants du GAO se présentèrent pour l’audit et décidèrent d’inspecter le contenu d’un compartiment. Malheureusement, le rapport ne dit pas combien de lingots ils ont trouvés, leur poids, etc. (…)

Les échantillons pour pesage sont remarquablement limités

En 1998, 19 800 lingots de Fort Knox furent inspectés, mais seulement 105 d’entre eux furent pesés et testés. À mon humble avis, c’est peu. Je m’attendais à bien plus.

Dans un audit mené à Fort Knox en 1953, 88 000 lingots furent comptés pour vérification. Environ 10 % d’entre eux furent pesés. Entre 1974 et 1986, environ 2 % de l’or fut pesé, une grosse baisse par rapport à 1953. Malgré le fait qu’un audit de Fort Knox de 1977 ait découvert que 2 % des lingots testés étaient en dehors du seuil de tolérance, en 1998, on est passé à 0,53 % de lingots vérifiés. Je ne suis pas un auditeur professionnel, mais le bon sens voudrait qu’en cas d’irrégularités, le nombre d’échantillons augmente, et non l’inverse. (…)

Souvent, les balances ne « marchaient pas »

En 2004, seulement 71 lingots furent pesés et testés dans un audit de West Point, mais il semble qu’aucun des auditeurs présents ne savait comment utiliser correctement la balance. (…) Un tel désastre a eu lieu à nouveau en 2008 avec des auditeurs incapables de lire la décimale, faisant ainsi une erreur de facteur 10 dans leur pesage. (…) Dans un autre audit, les auditeurs se montrèrent incapables d’utiliser la foreuse employée pour vérifier les lingots, ainsi que la balance…

Conclusion

Des exemples donnés ci-dessus, il est clair que l’or du Deep Storage n’a pas été audité par des professionnels, mais par des incompétents. Les balances ont été manifestement utilisées par des amateurs, ce qui remet en question l’intégrité des données concernant les audits des réserves d’or officielles des États-Unis.

 

 

 

 

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