Et si nous parlions uniquement de la corruption en Russie, en Chine ou encore je ne sais pas moi, au hasard, en Arabie saoudite. C’est vrai que nous sommes des parangons de vertu… Que nous donnons des leçons au monde entier et puis au hasard de quelques fuites, alors, on perçoit que presque tous nos dirigeants, récompenses de lois passées contre la volonté de leurs peuples, se gavent ou sont gavés par de gentils donateurs qui donnent dans des endroits discrets appelés “paradis fiscaux”.
Alors comme à chaque fois, l’Europe brandit sa réaction de rigueur, à savoir une nouvelle “liste noire”, et le cirque recommence. On dit qu’on fait une liste noire, que l’on fera ou pas mais qui ne changera rien et que l’on s’empressera d’oublier dès que l’opinion publique tournera les yeux.
Comme tous les scandales, celui-ci durera une semaine et puis nous passerons vite à autre chose et il ne se passera rien d’autre. La reine d’Angleterre continuera à gérer sa fortune comme bon lui semble et les autres planqueront leurs pots-de-vin…
Charles SANNAT
Les noms de membres de la monarchie britannique, des dirigeants canadien et australien Justin Trudeau et Malcolm Turnbull, mais aussi du secrétaire d’État US Rex Tillerson figurent dans les « Paradise Papers », nouveau dossier sur l’activité des sociétés offshore publié dimanche par le Consortium international des journalistes d’investigation.
La reine du Royaume-Uni plaçant sa fortune aux Îles Caïman et Rex Tillerson administrant une société enregistrée aux Bermudes pour exploiter du pétrole au Yémen — parue un an et demi après le fameux dossier « Panama Papers », la nouvelle enquête journalistique internationale vient faire la lumière sur des schémas d’optimisation fiscale. Intitulée « Paradise papers » et couvrant une période de 50 ans, elle est basée sur près de 13,4 millions de documents sur des activités dans les paradis fiscaux, dont ceux provenant apparemment du cabinet d’avocats Appleby, enregistré aux Bermudes, et cite les noms de quelque 120 personnalités politiques et de multinationales, dont Appel et Uber.
À en croire les révélations, le duché de Lancaster, domaine privé et source de revenus des souverains britanniques, a placé 7,5 millions de dollars dans un fonds aux Îles Caïmans. Ce dernier a pour sa part investi des fonds de la monarchie dans la société qui contrôlait la tristement célèbre BrightHouse, qui vend des meubles et des équipements électroménagers à crédit à un taux d’intérêt de près de 100 % et dont l’activité a été reconnue illégale en octobre dernier.
Un représentant de la reine Élisabeth II a confirmé que des investissements dans ce fonds avaient bien eu lieu, soulignant, toutefois, que le duché ignorait les détails sur le sort ultérieur de ces fonds.
Les documents citent en outre les noms de représentants d’autres monarchies, dont le roi Salmane d’Arabie saoudite et Noor al-Hussein, veuve du roi Hussein de Jordanie.
D’après les informations divulguées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), Stephen Bronfman, ancien trésorier de campagne de Justin Trudeau, ami de ce dernier (et d’après des données non officielles son conseiller informel), est impliqué dans un trust aux Îles Caïmans. D’après l’ICIJ, Bronfman a investi sur un quart de siècle des millions de dollars par le biais de la société Claridge lui appartenant et de l’entreprise de son parrain Leo Kolber, ce qui lui aurait permis d’éviter l’impôt au Canada, aux États-Unis et en Israël.
Un représentant de Bronfman a déjà réagi à ces informations, précisant que les transactions de la société étaient légales et n’étaient pas liées à une question de fiscalité.
Les « Paradise papers » indiquent en outre que le Premier ministre australien Malcolm Turnbull avait dirigé pendant les années 1990 la Star Technology Systms Limited, enregistrée aux Îles Vierges britanniques, que Rex Tillerson avait administré à la fin des années 1990 une société enregistrée aux Bermudes pour exploiter du pétrole au Yémen, le conseiller économique de la Maison-Blanche Gary Cohn a été à la tête de 20 sociétés établies aux Bermudes et affiliées à Goldman Sachs entre 2002 et 2006, et ainsi de suite. Le dossier mentionne en outre des milliardaires russes, de grandes fortunes françaises et des vedettes du monde du show business dont le leader de U2, Bono, Madonna et Keira Knightley.