Derrière la pénurie de saisonniers, la réforme de l’assurance chômage titre le journal Libération avec justesse.

Le changement de calcul des indemnisations pénalise les saisonniers, dont les emplois sont plus courts et discontinus. L’exécutif s’apprête encore à durcir les règles d’indemnisation.

«Admettons qu’un saisonnier atteigne le seuil de six mois, il a le droit aux allocations chômage, mais à un montant beaucoup moins élevé qu’avant», pointe Denis Gravouil de la CGT. (Herve Chatel/Hans Lucas)
par Nina Jackowski

«Traiteur, services, taille de vigne… J’ai fait tout ce qui était possible comme saisonnière ou extra. La précarité, c’est ça. Mais l’assurance chômage m’apportait une sécurité.» Céline Absil, 53 ans, raconte ses mille vies dans un rire las. Cette mère célibataire ardéchoise a été guide saisonnière pendant plus de vingt ans, jonglant en plus avec des petits boulots. De quoi gagner 1 500 à 1 800 euros net les bons mois. Pas assez pour partir en vacances, mais elle adorait ça. « Avec le confinement, tout s’est arrêté », regrette-t-elle. La pandémie a mis sa passion en veille. Mais c’est bien la réforme de l’assurance chômage qui l’a enterrée.

La saisonnière trilingue soupire : « C’est trop dangereux, on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé. » La dernière saveur était amère. Elle a reçu une offre pour un poste de guide de 30 heures hebdomadaires en juin, en temps plein pour l’été, puis de nouveau 30 heures à la mi-septembre. « Je les ai appelés pour dire qu’ils ne pouvaient pas faire de pareilles offres avec la réforme. Ça nous bouffe nos droits », raconte-t-elle. Cette année, la quinquagénaire a choisi de bosser à la plonge chez un patron « qui a tout compris » : six mois de contrat et le smic. De quoi toucher, selon ses prévisions, 800 à 850 euros d’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE). Depuis le 1er décembre, il faut désormais avoir travaillé six mois au lieu de quatre pour ouvrir des droits au chômage.

Est-ce une bonne chose ou pas ?

Le débat n’est pas simple d’un point de vue macro-économique.

En effet, il n’appartient pas à l’Etat et donc à nos impôts et cotisations de payer l’inactivité des saisonniers qui globalement travaillaient 6 mois sur 12; les 6 premiers aux frais d’un patron et les 6 suivants aux frais de la collectivité.

D’un autre côté cela bloque complètement le marché des “saisonniers” et les entreprises ne trouvent plus de volontaires.

On peut penser qu’entreprises comme salariés finiront par s’adapter aux nouvelles règles d’indemnisation du chômage mais dans cette période intermédiaire qui va durer encore au moins 12 mois, il sera difficile pour les entreprises d’être attractives pour les saisonniers car il faut que les mentalités de tous s’adaptent aux nouvelles règles du jeu.

A savoir, qu’être saisonnier ne permettra plus de ne travailler que la moitié du temps et d’être indemnisé le reste de l’année.

Si la mesure est économiquement juste et pertinente, cela veut dire que les entreprises devront augmenter les salaires de manière significative et loger également par exemple leurs saisonniers pour que cela vaille la peine pour les salariés de prendre un contrat court par rapport à un CDI ou un CDD qui serait de durée beaucoup plus longue.

En réalité et sans le dire, c’est le régime des saisonniers que l’état veut supprimer car évidemment il coute très cher à l’assurance chômage puisque indirectement les entreprises font peser cette souplesse sur la collectivité.

Charles SANNAT

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Source Libération.fr ici

 

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