Pour le moment, je ne pense pas qu’il faille s’attendre à des distorsions de prix significatives d’un marché à l’autre.
En effet, il n’est pas dans l’intérêt de la Chine (ni de la Russie), au moment où j’écris ces lignes, de faire augmenter de manière importante les cours de l’or alors qu’ils sont toujours en phase d’accumulation.
En revanche, pouvoir disposer de son propre marché, de sa propre place et de sa propre cotation dans sa propre devise permet à la Chine d’internationaliser un peu plus son économie et sa monnaie, mais surtout de “désaméricaniser” davantage l’économie mondiale tout en restant maître chez elle sans avoir à se soumettre aux marchés anglais ou américain.
L’objectif d’indépendance de la Chine est bien le premier et c’est ce qu’illustre cette information.
Les cours de l’or ne monteront donc pas, pas plus que le yuan ne sera convertible en or, contrairement à certaines rumeurs qui agitent le Web. Pour le moment, il n’y a pas de yuan convertible. Ce qui ne veut pas dire que ce ne sera pas un jour le cas, mais pas pour le moment, et il faudrait un effondrement systémique ou une rupture géopolitique majeure pour que cela devienne vrai à très court terme.
Charles SANNAT
La Chine est le pays qui achète le plus d’or dans le monde : elle vient de lancer une série d’initiatives qui pourrait lui permettre de prendre la place de Londres sur ce marché très lucratif.
Pékin a en effet lancé des contrats en yuans, mais a aussi créé un mécanisme pour déterminer son propre étalon-or.
Cet événement historique sur le marché des métaux précieux pourrait considérablement changer tout le mécanisme à l’œuvre actuellement.Le premier étalon-or chinois est un contrat pour 1 kg d’or. Son prix, dans le cadre des échanges entre les 18 membres de la Shanghai Gold Exchange (SGE), a été établi à 256,92 yuans (39,69 dollars) le gramme, soit 1 234,5 dollars l’once.
La création de son propre étalon est l’aboutissement des efforts entrepris par la Chine ces dernières années pour réformer son marché intérieur de l’or. Pékin cherche en effet à disposer de capacités plus larges pour contrôler ce marché important où Londres a longtemps dominé et où, à l’heure actuelle, on détermine des prix spots qui sont un repère pour tous les autres pays dans le monde.
La Chine, qui ne veut plus dépendre du dollar dans les opérations internationales, estime que son poids sur le marché lui permet de fixer le prix de l’or. Actuellement, l’étalon-or chinois ne représente aucune menace directe pour Londres mais les acteurs du secteur notent qu’à long terme, la Chine pourrait réellement faire de l’ombre à Londres ou constituer un sérieux concurrent, notamment si le yuan devenait entièrement convertible.
D’après la Banque populaire de Chine, les échanges d’or en yuans à la bourse de Shanghai assureront un prix juste de ce métal précieux, qui aidera à améliorer le mécanisme de formation des prix du yuan et à contribuer à l’internationalisation du marché chinois de l’or.
Avec l’introduction de son propre étalon, la Chine peut acheter plus activement de l’or à des conditions favorables. Il est fort probable que d’autres acheteurs en Asie, l’Inde par exemple, préféreront désormais acheter de l’or en yuans plus qu’en dollars. Mais le développement de Shanghai comme place centrale du marché de l’or prendra encore des années.
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