Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
« C’est désormais acté. La Banque centrale européenne a engagé jeudi un virage monétaire en décidant de la réduction, largement anticipée, de son imposant programme anticrise en zone euro, tout en laissant comme prévu ses taux inchangés. Les rachats de dette publique et privée effectués au rythme de 60 milliards d’euros par mois, parvenant à échéance fin décembre 2017, vont être réduits à 30 milliards d’euros mensuels entre janvier et septembre 2018, conformément au scénario attendu par une majorité d’observateurs, a annoncé l’institution »…
Bon, cela pourrait sembler ne pas être une très bonne nouvelle car la conséquence d’une telle réduction c’est évidemment moins d’argent gratuit pour inonder les marchés obligataires européens.
Mais Mario Draghi, la “colombe” de la BCE, n’est pas une guêpe folle. Il procède donc avec une immense prudence et se hâte de préciser qu’il ne faut surtout pas avoir trop peur du manque d’argent en zone euro.
En effet, « la BCE réaffirme, en revanche, se ménager la possibilité d’augmenter à nouveau ce montant si les perspectives devaient s’assombrir en zone euro, et n’engagera de remontée de ses taux d’intérêt que «bien après» la fin des rachats d’actifs, précise-t-elle »…
Voilà de quoi rasséréner nos marchés financiers car c’était exactement cela qu’ils voulaient entendre, à savoir que d’une part on se gardait le droit de vite faire marche arrière, dès que le premier craquement inquiétant se ferait entendre par exemple, et que d’autre part les taux monteront peut-être mais seulement dans longtemps… très longtemps. Et longtemps, pour les marchés qui ont un horizon mémoriel de poissons rouges, cela veut dire jamais.
Enfin, preuve que cela ne va pas si bien que cela, Mario Draghi lui-même dit que cela ne va pas si bien que cela…
« Mario Draghi a prévenu que la BCE allait toutefois conserver «un niveau élevé» de soutien à l’économie de la zone euro. «Un degré élevé de stimulation monétaire demeure indispensable», a-t-il déclaré à la presse, dans une formule légèrement moins accommodante qu’auparavant, qui reflète la «confiance croissante» de l’institution dans les perspectives de croissance et d’inflation. »
En gros, on est moins pessimiste qu’avant mais il faut encore des taux zéro et plein de sous gratuits pour que tout cela ne s’effondre pas comme un château de cartes.
Du coup, les marchés peuvent se réjouir et monter, monter et monter encore !!
Pourtant, la quadrature du cercle reste inchangée.
Ne rien faire c’est finir par tuer la valeur des monnaies. Faire quelque chose c’est prendre le risque d’un énorme krach et d’une crise encore plus grande.
Nous en sommes toujours au même point désespérant parce que nous sommes, hélas, dans une situation où il n’y a plus aucune bonne solution pour nous en sortir facilement et sans douleur. Alors nous poursuivons dans nos stratégies et techniques qui n’ont pour résultat que de gagner un peu plus de temps.
Mais cela peut durer encore longtemps… Ou pas !
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
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