Voilà une bonne nouvelle sur le front de la guerre contre le cash avec la déclaration de la Banque centrale Suisse qui confirme qu’elle ne compte pas du tout supprimer les espèces.

Charles SANNAT

De par le monde, on a beaucoup écrit et débattu sur le numéraire au cours des dernières années et des mois passés. Pour certains de ses détracteurs, il y a lieu de le supprimer, pour d’autres, les possibilités de paiement sans numéraire le rendront de toute façon obsolète au fil du temps. On constate cependant que « les rumeurs concernant la mort du numéraire sont très exagérées », pour broder sur une citation de Mark Twain.

Preuve en est la demande robuste émanant du public. Ces dernières années, de nombreux pays ont enregistré une progression du numéraire en circulation par rapport au produit intérieur brut (PIB). Ce phénomène est lié à la crise financière mondiale qui a engendré par moments une incertitude accrue concernant la stabilité des banques. Il s’explique aussi par le fait que l’argent placé sur un compte courant génère peu d’intérêts, et que le coût d’opportunité pour la détention de numéraire est donc faible.
En même temps, différentes enquêtes et la simple observation des faits montrent que le numéraire reste un moyen de paiement toujours largement répandu. Cela peut surprendre au vu du nombre d’options disponibles permettant de payer sans espèces. Ainsi, le public privilégie le numéraire pour des raisons personnelles, par exemple parce qu’il permet un « contrôle budgétaire » plus efficace ou qu’il requiert moins d’aptitudes techniques. Ces préférences peuvent certes changer. Mais le numéraire présente des caractéristiques dont les moyens de paiement sans numéraire ne sont pas dotés dans la même mesure. Il est par exemple plus fiable, car il peut aussi être utilisé indépendamment des infrastructures techniques. En outre, il assure une protection complète de la sphère financière privée. Seule la disponibilité de numéraire garantit que la décision de fournir des informations financières à tel ou tel destinataire appartient bel et bien au propriétaire des données.

Abstraction faite de ces considérations relatives à la demande, la Banque nationale suisse (BNS), en tant qu’institut d’émission, n’a pas l’intention de remettre en question la pérennité du numéraire. Assurer l’approvisionnement en numéraire, de même que faciliter et assurer le bon fonctionnement de systèmes de paiement sans numéraire sont deux tâches qui lui sont assignées à valeur égale par la loi. En les assumant l’une et l’autre, la BNS permet aux usagers d’opter pour le moyen de paiement qu’ils préfèrent dans tel cas concret.

Le libre choix n’est toutefois garanti dans les faits que si les deux moyens de paiement − avec ou sans numéraire − jouissent de la confiance du public. La confiance dans le numéraire requiert une politique monétaire axée sur la stabilité et en mesure de garantir que les billets et monnaies conservent leur valeur sur le long terme. Elle présuppose aussi la mise en circulation de billets de banque de haute qualité et difficiles à contrefaire. La nouvelle série de billets de banque suisses fournit à ce titre un excellent exemple. Répondant en effet à des exigences élevées en termes de technologie, de sécurité et de graphisme, elle est ainsi également un symbole de la qualité et de la stabilité de notre monnaie, mais aussi une « carte de visite » pour la Suisse.

Source Romandie.com ici

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