Mes chères impertinentes, chers impertinents,

Mes vieux grognards de lecteurs le savent déjà et l’ont compris depuis bien longtemps, depuis ces années où nous parlons ensemble d’économie et que l’on commente la marche brinquebalante de ce monde en décrépitude, mais pour les plus jeunes, il pourrait y avoir un petit trou dans la raquette.

Ce qu’il faut bien comprendre dans la vie de l’économie, c’est que les banques centrales décident des cycles économiques.

Elles décident des récessions, comme elles président aux expansions.

Comment font-elles ?

Simple.

Elles donnent de la monnaie ou elle retire de la monnaie.

Elles financent tout le monde à pas cher (expansion du crédit et de l’endettement) ou elles réduisent la quantité d’argent en circulation en augmentant les taux et en ne finançant plus l’économie, ou moins.

Lors de la précédente crise, celle des subprimes de l’an de grâce 2007, la FED avait monté ses taux de presque 0 à plus de 5 en deux ans. Résultat ? Le marché immobilier cale, la bulle immobilière explose, le monde est ruiné, une banque va au tapis, mais une seule. Toutes les autres finiront par racheter de l’immobilier à prix bradé qu’elles revendront bien plus cher quelques années plus tard.

Or, depuis hier, les marchés baissent, ils trébuchent, à cause de la FED, la banque centrale américaine.

Voici ce qu’en dit Le Monde, (c’est sérieux le Monde, j’aime bien donner cette précision toujours de façon quelque peu impertinente il est vrai).

La Fed fait chuter Wall Street en annonçant un resserrement rapide des conditions monétaires

« La banque centrale américaine (Fed) serait-elle (re) devenue « faucon », partisane d’une politique monétaire stricte pour contrôler l’inflation ? C’est ce que croit désormais Wall Street, qui a été prise de panique mercredi 5 janvier : le Nasdaq, riche en technologie, a reculé de 3,34 %, tandis que l’indice S&P 500, représentatif des grandes entreprises américaines, perdait 1,94 %. Les taux à deux ans, qui reflètent en général les anticipations de hausse des taux, ont atteint 0,83 %, un record depuis mars 2020, lorsque éclata la pandémie.

En cause, la publication des « minutes » de la Fed, le compte rendu de sa dernière réunion, mi-décembre 2021, qui laisse augurer un durcissement plus important et plus rapide des conditions monétaires pour contrer l’inflation, qui a atteint 6,8 % sur un an en novembre 2021. Au programme de la Réserve fédérale pour 2022 : d’ici mars, la fin des achats de bons du trésor, qui maintenaient artificiellement bas les taux d’intérêt à long terme pour doper l’économie ; l’augmentation possible des taux d’intérêt dès le mois de mars ; et, surprise, la réduction du bilan de la banque centrale – en clair, au lieu d’injecter des liquidités dans l’économie, la Fed pourrait en retirer.

Les investisseurs pensaient que la banque centrale américaine était pour l’éternité une « colombe », une partisane de l’argent facile pour doper la croissance et l’emploi

Depuis des mois, les opérateurs ne prenaient pas au sérieux l’institution présidée par Jerome Powell. A force de maintenir ses taux directeurs à court terme à zéro depuis le début de la pandémie de Covid-19, à force d’acheter sans limites les bons du Trésor, les investisseurs pensaient que la banque centrale américaine était pour l’éternité une « colombe », une partisane de l’argent facile pour doper la croissance et l’emploi. Lors de sa réunion de la mi-décembre 2021, la Fed avait pourtant déjà indiqué qu’elle augmenterait ses taux d’intérêt à trois reprises en 2022. La colombe se transformait en faucon, mais les marchés financiers n’ont pas voulu le voir, trouvant ces mesures bien peu inquiétantes : la fête pouvait continuer à Wall Street. Jusqu’à mercredi 5 janvier. »

Bon, je ne crois pas un seul instant que la FED puisse rester durablement « Faucon » et retirer massivement son soutien à l’économie.

Nous avons à chaque fois le même cirque et c’est un ballet assez rodé.

Lorsque la FED crée trop de monnaie, il faut finir par arrêter de le faire parce que sinon cela finirait par se voir comme le nez au milieu de la figure, la monnaie baisserait et l’inflation accélèrerait.

Alors que faire ?

On dit que la FED réduit ses injections, qu’elle augmente ses taux, qu’elle « normalise » sa politique monétaire. Dans le même temps, l’Etat fédéral lui, explose son budget et crée un déficit énorme injectant directement dans l’économie ce que la FED n’y met plus. Puis deux mois après, il se trouve toujours une bonne excuse pour que la FED recommence ses injections. Sa dernière excuse majeure ayant été le Covid.

La FED va créer les conditions d’un retournement de marché boursier et peut-être même un peu immobilier puisque la FED va monter ses taux.

Cela aura un impact faible sur l’inflation, car comme je l’explique dans le dossier « comment ils vont lutter contre l’inflation sans augmenter les taux », la hausse des taux ne servira à rien cette fois pour lutter contre l’inflation. Les taux ne nous sauveront pas du péril inflationniste.

Pour deux raisons.

La première c’est qu’il faudrait les monter beaucoup pour contrer l’inflation et si on les monte trop (supérieur ou égal à 5 % / an) alors c’est l’insolvabilité générale et la faillite de tous les agents économiques, Etats compris.

La seconde, c’est que vous pouvez toujours monter les taux, quand il n’y a plus de beurre, il n’y a plus de beurre ! La quantité de monnaie n’a plus aucun impact sur la disponibilité des ressources dans un monde de pénurie.

Que va faire la FED ?

Sans doute comme d’habitude faire croire qu’elle va normaliser sa politique monétaire. Elle va faire semblant de monter ses taux. Les marchés vont couiner de mécontentement. Ils vont même baisser entraînant avec eux l’or et le bitcoin. Puis d’ici quelques mois après une bonne correction, nous pourrons tranquillement racheter parce que la FED n’ira pas très loin. Elle va juste le faire croire ce qui va lui faire gagner encore un peu plus de temps.

Alors aurons-nous un krach ? Sans doute pas. Une belle correction de 30 % permettrait de faire gagner une année au système économique mondial.

A ce stade, il n’y a pas de petit profit !

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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