C’était un titre prometteur pour cet article du Midi-Libre.

« Fatigués par l’inflation, les Européens pourraient ressusciter des comportements d’achat datant des années 70/80 ».

Quels pouvaient donc être les comportements de nos ainés confrontés à l’inflation des années 70 ?

Voilà une sacrément bonne question.

Côté réponse c’est plus que décevant puisque le quotidien du Sud nous explique que…

« Conformément aux prévisions des analystes, le niveau de l’inflation flirte avec les +10 % à mesure que nous nous approchons de la fin d’année. Dans un rapport consacré à la stratégie des Européens pour faire face à cette situation économique qui les inquiète, l’institut IRI évoque l’hypothèse d’un retour à des habitudes d’achat que les consommateurs n’avaient pas eues depuis la fin des années 70/début 80 ».

D’accord mais lesquelles d’habitudes ?

« Solutions pour les foyers les plus fragiles qui cherchent à limiter les dépenses, les premiers prix sont les plus impactés avec des coûts en progression de 13,48 % sur une année, contre +12,16 % pour les produits à marques de distributeurs et +8,11 % pour les marques nationales ».

Et donc ? Si les premiers prix augmentent, on achète du deuxième prix encore plus cher ?

« Les pâtes premiers prix ont vu leur tarif flamber de 34,5 % tandis que la tendance est à +32,39 % pour la viande et la volaille surgelées de même catégorie. La conjoncture actuelle « obligera sans nul doute les consommateurs à revoir la composition de leur panier et les enseignes à faire preuve de créativité (promotion) et d’adaptation pour alléger la note de plus en plus salée de leur caddie », indique Nicolas Léger, directeur service client analytique chez NielsenIQ »…

Quand les prix montent, ils montent, et les prix avec promotions seront toujours plus chers quand même ! Ce n’est pas ni un changement de comportement, ni même une « stratégie » que d’acheter en « promotion ». Tout le monde fait déjà ça !

« Dans un rapport riche d’enseignements publié par la société d’analyses Iri, réalisé auprès de douze marchés mondiaux dont la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas, on apprend même que des habitudes d’achat que nous n’avions pas adoptées depuis la fin des années 70/80 pourraient ressurgir si la situation ne s’améliore pas ».

D’accord mes lesquelles ?

« Dans les faits, 71 % des Européens déclarent avoir déjà modifié leurs habitudes d’achat. Près de six Européens sur dix (58%) disent ainsi avoir réduit leurs dépenses essentielles, jusqu’à – pour certains – décider de sauter des repas… Des comportements que l’on avait repérés au moment de la crise économique de 2008 refont surface comme celui de puiser dans ses économies, pour 35 % de consommateurs européens ».

Dans les années 70 on ne sautait pas de repas ! Il y avait du travail, des salaires indexés sur l’inflation et accessoirement des frontières avec une souveraineté économique !

Bref, expliquer que « comme dans les années 70 on réduit nos dépenses » est tout simplement faux !

La réalité c’est que l’on progressait plus dans les années 70 qu’aujourd’hui, ce qui ne veut pas dire que le niveau de vie actuel est plus bas que dans les années 70, au contraire, nous croulons pour beaucoup sous la consommation pas forcément utile d’ailleurs.

« D’après l’Iri, les économies que les Européens avaient réalisées au moment des confinements au plus fort de la crise sanitaire ont été épuisées pour couvrir les frais d’une vie devenue trop onéreuse ».

« Plébiscité durant la crise sanitaire, le fait-maison constitue à nouveau une solution pour manger bon et pas cher. 49 % des Européens comptent y avoir recours. Une tendance qui réinstaurera le panier repas pour la pause-déjeuner comme habitude, en particulier pour 34 % de répondants.

Parmi les autres comportements surprenants en vue de boucler les fins de mois, on notera que certains consommateurs ont prévu de prendre leur douche à la salle de sport ou sur leur lieu de travail ».

Là encore, il n’y a aucun rapport avec les comportements des années 70, ou les cantines d’entreprises étaient la norme, les salles de sports n’existaient pas et on y prenait encore moins sa « douche ».

Ce que l’on peut prévoir, c’est le retour du stockage comme de l’emprunt à taux fixe pour acheter des actifs dont le prix monte avec l’inflation naturellement.

Acheter aujourd’hui ce qui coûtera plus cher demain, c’est ça le retour aux années 70, car les flux tendus étaient beaucoup moins développés qu’aujourd’hui.

Et pour cause, on fonctionne en flux tendus quand la trésorerie ne rapporte pas grand chose et que les stocks coûtent chers. Quand les stocks rapportent, alors ne pas en avoir est stupide.

Nous sommes à nouveau dans ce type d’économie où stocker rapporte de l’argent par la hausse des prix et donc l’augmentation de la valeur de vos stocks.

Charles SANNAT

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Source Midilibre.fr ici

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