Je le dis et le répète régulièrement.
Souvent, dans la touffeur de l’été, des événements géopolitiques majeurs ont lieu. En particulier au Moyen-Orient. Ne me demandez pas pourquoi.
Actuellement, cela chauffe et cela chauffe beaucoup, je dirais même terriblement, entre le Qatar et ses voisins.
Le problème du Qatar, c’est qu’il ne dispose pas vraiment d’une grande armée, et il ne dispose pas non plus d’une véritable géographie lui permettant de “réagir” face à une agression. Le Qatar c’est quelques kilomètres et il ne faudrait que quelques minutes à l’armée saoudienne pour occuper Doha.
Les alliés iraniens du Qatar n’auraient pas franchement la possibilité de lui envoyer une aide militaire avant qu’il ne soit presque trop tard. Ou alors il faudrait que l’Iran envoie des troupes directement de l’autre côté du détroit d’Ormuz, car d’un côté c’est l’Iran, de l’autre le Qatar et au milieu la voie maritime qui permet d’irriguer le monde entier en pétrole et énergie bon marché ! Cette partie-là du Golfe Persique est étroite. Il y a là de quoi potentiellement embraser toute la région et le monde entier.
Nous avons donc une situation explosive qui ne retient pas franchement l’attention de nos médias.
Pourtant, le quotidien Le Monde vient de sortir un article plus qu’utile et, si on lit bien entre les lignes, totalement alarmant également.
Les exigences exorbitantes du front anti-Qatar
“Un document de travail, qui a fuité, liste treize demandes de l’Arabie saoudite et des Émirats au Qatar. Elles reviennent à mettre Doha sous tutelle.
C’est une telle liste d’exigences que si elle était remplie, le Qatar disparaîtrait en tant qu’État souverain. Selon un document de travail, révélé par l’agence Associated Press, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn et l’Égypte, qui ont rompu leurs relations diplomatiques et mis en place un embargo contre le Qatar depuis le 5 juin, ont transmis une liste de treize conditions que Doha devra remplir pour mettre fin à la crise.”
Ce document demande :
- l’arrêt de tout contact avec les « organisations terroristes » – les Frères musulmans, l’organisation État islamique, Al-Qaida et le Hezbollah sont cités, mais pas le Hamas palestinien –, mais aussi avec les partis d’opposition aux EAU, à l’Arabie saoudite, à l’Égypte et à Bahreïn ;
- l’expulsion de tous les opposants hébergés au Qatar et considérés comme « terroristes » par ces quatre pays. Les Frères musulmans sont particulièrement visés ;
- la fermeture de sa chaîne d’informations Al-Jazira et d’autres médias financés par le Qatar ;
- Doha est sommé de réduire ses relations politiques et commerciales avec l’Iran ;
- Cesser toute coopération militaire avec la Turquie ;
- Enfin, l’émirat devra payer des « réparations » financières à ses voisins et se soumettre à un mécanisme de contrôle pendant les dix prochaines années.
C’est donc une guerre à mort qui a été déclarée contre le Qatar qui juge évidemment que ces mesures sont une véritable mise sous tutelle inacceptable pour le Qatar.
La question qui reste en suspens est de savoir ce qu’il se passera quand le Qatar aura refusé ces exigences.
N’oubliez pas que bien souvent, les “gentils” posent des exigences inacceptables au “méchant”, et que lorsque le très très méchant les refuse car il ne peut pas faire autrement, cela donne un prétexte pour le requalifier de super, vraiment très très méchant qu’il faut vite envahir.
Nous nous dirigeons donc vers une possible annexion du Qatar par l’Arabie saoudite peut-être dès cet été.
Charles SANNAT