Comme vous le savez, je pense, et il faudrait faire quelques recherches là-dessus, que la vélocité de la monnaie en “cash” est beaucoup plus rapide, ce qui signifie que chaque billet au “noir” circule beaucoup plus vite que chaque billet “déclaré”. Conséquence : un billet au noir génère beaucoup plus de croissance qu’un billet légal.
Au-delà même de la légalité, l’exemple indien prouve qu’en réalité, l’économie “illégale” est bien moins grande que ce que les autorités peuvent imaginer. C’est la raison pour laquelle l’essentiel des billets interdits ont été rapportés à la banque par les Indiens pour être échangés, car dans leur immense majorité… ils n’ont rien à cacher. Pas comme les hommes politiques !!
Charles SANNAT
Alors que les Indiens payent encore un lourd tribut à la décision sans précédent du gouvernement de retirer subitement de la circulation les billets de 500 et de 1 000 roupies, une nouvelle conséquence fâcheuse, en plus du désordre social, se manifeste désormais : l’activité économique telle que mesurée par le PMI composite indien vient de s’effondrer de plus de 6 points !
Mais ce n’est pas tout. « Mieux » encore, le plan radical de démonétisation de Modi vient de présenter une nouvelle faille, à savoir l’erreur d’appréciation du Premier ministre indien quant à la quantité de billets qui retournerait dans le circuit officiel.
D’après cet article de Bloomberg, le gouvernement indien avait estimé qu’environ 1/3 de la masse monétaire annulée disparaîtrait de la circulation. Les billets annulés représentent un montant total de 15,3 trillions de roupies, or au 3 décembre, 12,6 trillions de roupies avaient déjà été déposés sur des comptes en banque. Cela signifie que tout ce cirque n’aura servi strictement à rien, si ce n’est tirer une balle dans le pied économique du pays. Enfin, à rien, pas tout à fait : la population a perdu confiance en la monnaie papier, ce qui pourrait la pousser à utiliser davantage les services bancaires électroniques. La guerre contre le cash est bien mondiale et permanente.