Gerhard Schröder, l’ancien chancelier allemand, est devenu le grand patron du géant de l’énergie Rosneft après avoir été pendant des années l’un de ses vice-présidents influents.
Sa vision et ses propos sont à avoir en tête pour comprendre la terrible guerre pour l’énergie que mènent les États-Unis, et dans laquelle les Européens sont beaucoup trop passifs et inféodés aux Américains, à l’encontre même de leurs propres intérêts.
Charles SANNAT
Si l’Europe est intéressée à ce que la Russie prospère dans le domaine énergétique car son isolement n’a de sens ni politique, ni économique, les États-Unis sont eux intéressés à ce que la Russie soit plus faible, estime Gerhard Schröder.
Les États-Unis veulent affaiblir la coopération énergétique entre la Russie et l’UE, a déclaré l’ex-chancelier allemand et président du conseil d’administration du géant pétrolier russe Rosneft, Gerhard Schröder.
« Quant à la politique énergétique, nous voyons qu’il y a un intérêt dans la recherche de cette coopération entre l’UE et la Russie, mais les États-Unis veulent affaiblir cette coopération », a-t-il déclaré lors du Forum économique eurasien.
Selon Gerhard Schröder, l’Europe, contrairement aux États-Unis, est intéressée par la prospérité de la Russie, car l’isolement de la Russie n’a pas de sens ni du point de vue politique, ni du point de vue économique.
« Je vois que les États-Unis sont intéressés à ce que la Russie soit plus faible. Et l’intérêt de l’Europe et de l’Allemagne réside dans le fait que la Russie prospère (…). Nous avons besoin d’un marché, en particulier en Allemagne, nous avons besoin de ressources pour notre industrie », a-t-il dit.
Et d’ajouter : « Il n’y a aucun sens à continuer d’isoler et de déstabiliser la Russie. Nous devons œuvrer pour que les sanctions soient abrogées. »
Début août, Donald Trump a signé la loi portant sur les nouvelles restrictions à l’encontre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel a qualifié les restrictions d’illicites, faisant remarquer que de cette manière les USA voulaient se libérer la place pour fournir des hydrocarbures américains en Union européenne. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a déclaré que Bruxelles défendrait les intérêts économiques de l’UE.
Selon l’ambassadeur permanent russe auprès de l’UE Vladimir Tchijov, l’Union européenne a réussi à « aplanir certains points et à corriger certains chiffres » par rapport à la version initiale du projet de loi sur les restrictions. Les efforts des leaders de l’UE ont permis de modifier la loi sur les nouvelles restrictions américaines visant la Russie, l’Iran et la Corée du Nord et d’épargner des projets énergétiques.
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