Faut-il abandonner le « modèle Volcker » ? se demande le Figaro, très justement d’ailleurs.

Pour plus de clarté le Figaro aurait pu dire aussi faut-il abandonner la lutte contre l’inflation, car en réalité, c’est bien de cela qu’il s’agit lorsque l’on parle de Paul Volcker.

« Paul Volcker, ancien président de la Réserve fédérale des États-Unis, est décédé ce 9 décembre 2019. Pionnier de la lutte contre l’inflation par la politique monétaire, sa détermination force le respect, estime Nicolas Goetzmann. Mais sa théorie n’est plus adaptée à la conjoncture actuelle ».

Pour Nicolas Goetzmann, « peu d’hommes ont eu une influence aussi profonde que Paul Volcker sur les quarante dernières années, aux États-Unis mais également en Europe. Le 6 août 1979, alors que les États-Unis font face à une crise inflationniste d’ampleur, le président démocrate Jimmy Carter nomme Paul Volcker à la tête de la Réserve fédérale des États-Unis. Dès son arrivée à la tête de l’institution monétaire, Volcker va alors prendre une succession de décisions – dont la plus emblématique est celle du 6 octobre 1979 – pour mettre un terme à cette hausse des prix incontrôlée. La tâche est d’autant plus difficile que la profession économique exprime ses doutes quant à la capacité de la FED d’apporter une solution à cette crise. Après une première tentative qui va s’avérer infructueuse entre 1979 et 1980, Paul Volcker resserre son étreinte en restreignant la croissance monétaire de façon drastique, ce qui va avoir pour conséquence de propulser les taux d’intérêt américains au-delà des 20 % dans les premiers jours de 1981. En faisant cela, la FED sait pertinemment que les conséquences pour l’économie du pays vont être lourdes. Le taux de chômage atteint les 10.8 % au cours de cette période – au moment même où Ronald Reagan est élu président des États-Unis – ce qui correspond à un niveau plus élevé que ce que le pays a connu pendant la grande crise de 2008 ».

Vous l’avez donc compris, quand on parle de Paul Volcker on parle de l’homme qui a « vaincu » la crise inflationniste des années 70 !

Rien que ça et ce n’est pas rien évidemment.

Ce que dit Nicolas Goetzmann qui est responsable de la recherche et de la stratégie macroéconomique à la Financière de la Cité, c’est que nous sommes dans une situation où nous devrions sans doute faire l’inverse de ce que Volcker faisait pour lutter contre l’inflation et laisser faire l’inflation !

« Nous sommes donc aujourd’hui à un moment charnière qui pourrait aboutir à une refonte des stratégies économiques occidentales vers un système plus équilibré entre lutte contre l’inflation et plein emploi. En octobre 2011, Christina Romer, ancienne conseillère économique de Barack Obama, publiait une tribune dans le New York Times pour demander à Ben Bernanke (alors président de la FED) de mener son « moment Volcker », c’est-à-dire de transformer en profondeur la stratégie de l’institution. En l’occurrence, il ne s’agissait pas de lutter contre l’inflation, mais de lutter en faveur de l’emploi, c’est-à-dire de prendre le contre-pied de ce qui avait été fait quelques décennies plus tôt. C’est ce débat qui a lieu aujourd’hui, aussi bien aux États-Unis qu’au sein de la zone euro. Nous devons espérer que les dirigeants actuels des banques centrales s’inspireront de la volonté et de la détermination de Paul Volcker. Cette fois-ci, il ne s’agira pas de lutter contre l’inflation, mais en faveur du plein-emploi ».

Nicolas Goetzmann n’ose pas franchir le Rubicon, ce que je fais sans aucune hésitation et je vous le dis et vous le répète depuis plusieurs mois. Nous allons avoir de l’inflation, elle sera durable, elle sera plus forte que prévue et de plus en plus forte, et les taux ne monteront pas ou avec un grand temps de retard et très faiblement.

Pourquoi ?

Parce que nous ne sommes pas dans les années 70.

Nous ne sommes plus dans les années 70.

Parce que les ressources sont désormais limitées, parce que la transition énergétique et écologique est très inflationniste, parce que tous les Etats croulent sous les dettes, et parce qu’en fait nous n’avons juste pas le choix.

C’est pour cette raison que le mois dernier je vous parlais de l’inflation et ce mois-ci je vous parle des pénuries. Tout est intimement lié, mais pour avoir le tableau d’ensemble il faut regarder aux bons endroits et avec la bonne focale.

Ceux qui veulent tous les éléments peuvent s’abonner aux dossiers STRATEGIES en cliquant ici ou sur les images ci-dessous.

Nous ne pouvons pas monter significativement les taux d’intérêts. La FED va faire semblant de pouvoir le faire exactement comme elle l’a fait à partir de 2013, en menaçant de monter ses taux pendant des années, puis en les montants avec une lenteur fatigante avant de bien vite cesser le mouvement de hausse tant les marchés se sont mis à couiner à l’approche des 3 % !

Si nous ne pouvons pas monter les taux d’intérêt, alors nous ne pouvons pas faire comme Paul Volcker à la fin des années 70 pour casser l’inflation.

Si nous ne cassons pas l’inflation, alors elle se développera.

Et si elle se développe nous connaîtrons un retours aux années… 70 !

CQFD.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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