Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Hier j’étais l’invité de l’émission écorama comme tous les mardis pour y parler de l’apprentissage, enfin de l’échec de la politique de l’apprentissage en France, et pour un échec c’est un sacré échec.
Alors je voulais vous en parler en Edito. Finalement je vous laisserai écouter la vidéo si vous le souhaitez parce que je pense que plus important que l’apprentissage (mais comme c’est un échec depuis 50 ans, cela peut attendre encore un peu) il y a la condamnation à 9 mois de prison ferme d’horribles délinquants qui ont eu l’outrecuidance non pas de torturer mais de séquestrer quelques heures des cadres de l’usine Goodyear.
Tout ne se vaut pas ! Soyons sérieux !!
Il est évident que se faire arracher sa chemise par une foule qui hurle « à poil » ce n’est pas rigolo. Mais soyons honnêtes, les mêmes qui hurlent à l’horrible violence n’étaient généralement pas émus par des bizutages nettement plus désagréables (et qui ont toujours cours).
Même si encore une fois ce n’est pas un « bon moment », il n’y a ni sang, ni coup porté, ni blessure physique, la blessure d’amour propre faisant certainement souffrir ces ego démesurés mais n’entraînant pas mort d’homme.
Les luttes sociales sont à la limite de la violence sinon elles ne porteraient pas le nom de luttes sociales. On lutte rarement avec une fleur à la main… plus souvent la fleur au fusil. Les avancées sociales, les semaines de congés, les RTT et autres avantages dont bénéficient les millions de Français qui travaillent, les autres qui sont soit retraités, soit aux minimas sociaux n’ont pas été obtenus à force de douceur, de gentillesse et d’amour, dans la paix et la concorde générale. Tous les avantages dont tout le monde jouit aujourd’hui ont été obtenus dans le sang de nos anciens pendant des siècles de lutte !
Criminaliser la lutte sociale sans discernement c’est interdire la contestation sociale !
J’entends déjà les plus libéraux parmi vous me pousser leurs hauts cris habituels, « mais Charles vous justifiez la violence »…. et bien oui mes chers amis. La violence est incontournable. Oups arrêt sur image immédiat pour m’expliquer auprès de la police politique avant de me retrouver embastillé. Je n’appelle à aucune forme de violence. Comprenez-moi bien. Vous ne me trouverez ni sur une ZAD ni dans une manif, je dis simplement que la liberté c’est accepter qu’il y ait des transgressions et donc parfois de la violence. C’est dans ce sens que la violence, comme la délinquance sont le corollaire de la liberté. L’absence total de violence c’est un Etat totalitaire, et dans les Etats totalitaires la violence n’est plus le fait que de l’Etat… avec toute la puissance de l’Etat.
Lorsqu’il y a une contestation, il est évident que pour se faire entendre, les moyens pacifiques peuvent vite sembler insuffisants aux plus engagés, aux plus énervés et parfois comme c’est le cas dans la défense de l’emploi aux plus désespérés.
Il faut donc avoir et conserver un espace d’expression fût-il un « peu » violent. D’ailleurs, les manifestations, qui « dégénèrent » avec entrée en action de nos CRS pour faire rentrer tout le monde à la maison après une bonne baston générale font partie intégrante de notre manière collective d’extériorisation de nos tensions. Il y a rarement des morts, et uniquement de la bobologie. Je ne dis pas que tout le monde s’amuse, mais presque.
Tous mes éditos se terminent par cette phrase de Kennedy qui disait qu’à « vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes ».
Alors évidemment encore une fois empêcher un cadre de rentrer chez lui le soir faire un bisou à sa femme ce n’est pas très « bisounours » mais tout de même, soyons sérieux, vous savez le nombre de fois qu’un employeur m’a empêché de rentrer chez moi faire un bisou à ma femme pour cause de congrès débile, de séminaire crétin, ou encore de « team building » à la con où il faut grimper dans les arbres à 600 bornes de chez vous avec des collègues de merde qui sont juste des types imbuvables et pas sympas ? Comme par hasard, on trouve ces violences nettement moins violentes.
Il faut défendre une marge d’expression, (même si elle ne vous plaît pas)
Je n’ai jamais séquestré de patron, et séquestrer un patron (sans menace physique et sans bobo) n’a rien à voir avec sortir un fusil ou une barre de fer pour s’en servir. Il est évident que lorsque il y a blessures physiques voire pire, nous quittons sans le moindre doute la violence “normale” de la lutte sociale ou contestatrice pour rentrer dans le monde du crime.
Néanmoins, nous devons accepter et défendre une certaine marge d’action car il en va de la liberté de protester, du droit à être citoyen, et toutes les avancées sont le fait des « transgresseurs ». Vous auriez des OGM partout sans les faucheurs d’OGM… et que n’a t-on entendu sur leur « violence ». Pourtant ils ont agi aussi pour l’intérêt de tous.
Sans certaines actions « violentes » contre les marins japonais, vous n’auriez plus une baleine.
Il ne s’agit pas de savoir si les salariés de Goodyear avaient raison ou tort. Si vous partagez leur lutte ou pas. Il s’agit de savoir jusqu’où l’Etat et la justice vous laissent le droit de vous exprimer. Au fait, vous pensez vraiment que l’Etat aurait reculé si les bonnets rouges avaient juste mis un gros nez rouge, fait deux manif et étaient rentrés chez eux. Ils ont lutté, y compris avec une forme de violence pour refuser un nouvel impôt. Vous profitez tous du résultat de leur lutte et l’enterrement de l’écotaxe!
Accepter la sanction pour les salariés de Goodyear c’est accepter le totalitarisme marchand !
Que vous soyez de gauche ou de droite, nous avons tous intérêt comme citoyen à défendre notre droit à défendre nos droits et nos convictions.
Ne pas le comprendre c’est faire le jeu du totalitarisme marchand.
C’est une véritable guerre qui est menée contre les droits des peuples par les multinationales. Supprimez la grève, les droits sociaux, c’est la seule façon de maximiser les profits, d’améliorer la compétitivité, et croyez-moi tout cela ce n’est pas pour votre bien.
En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Charles SANNAT
Insolentiae signifie impertinence en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com »