“Pour la première fois depuis les années 1970, les principales banques centrales ne viendront probablement pas à la rescousse”.

C’est la théorie d’Andrew Balls, directeur de l’investissement de Pimco, le plus grand gérant obligataire au monde, et qui est relayée dans cet article du Monde.

En effet Andrew Balls semble penser que l’ère de l’intervention monétaire touche à sa fin.

“Quand le « lundi noir » a secoué les marchés en 1987, la banque centrale américaine (Fed) est intervenue pour calmer les marchés. Cette action a ouvert un immense cycle interventionniste de trente-cinq ans de baisse des taux d’intérêt, toujours plus bas, jusqu’à l’impensable : des taux négatifs (le taux de la Banque centrale européenne [BCE] est aujourd’hui de − 0,5 %). Jusqu’à aujourd’hui ?

Pimco, le plus grand gérant obligataire au monde, semble penser que l’ère de l’intervention monétaire touche à sa fin. « Pour la première fois depuis la stagflation des années 1970 et du début des années 1980, les principales banques centrales occidentales, menées par la Fed, ne viendront probablement pas à la rescousse d’un choc de croissance négatif, parce qu’il est accompagné d’un choc d’inflation positif. »

Cette phrase est tirée du rapport Perspectives cycliques de Pimco publié mercredi 23 mars, qui a été corédigé par Andrew Balls, le directeur de l’investissement de la société américaine. Son opinion compte : l’homme est à la tête de 2 200 milliards de dollars (environ 2 000 milliards d’euros) d’encours, presque entièrement détenus sur le marché de la dette (obligations d’Etat, obligations d’entreprises, etc.), ce qui en fait le plus important acteur de ce secteur au monde.

« La possibilité d’une récession a augmenté »

« Depuis les années 1990, les banques centrales avaient pu ignorer les hausses des prix, parce que les prévisions d’inflation demeuraient modérées, explique-t-il au Monde. Mais je crois qu’aujourd’hui elles ne le peuvent plus et sont obligées de se concentrer sur les conséquences de l’inflation. » Il faut dire que la hausse des prix frôle désormais 8 % aux Etats-Unis et dépasse 6 % en zone euro.

Le cycle de hausse des taux d’intérêt a donc commencé. La Fed a augmenté son taux de 0,25 % le 17 mars et anticipe six hausses supplémentaires en 2022, la Banque d’Angleterre a déjà augmenté son taux à trois reprises, à 0,75 %, et la BCE, parmi les plus interventionnistes, a annoncé la fin de son programme d’achat d’actifs pour le troisième trimestre. Pour les ménages et les entreprises, emprunter commence à coûter un peu plus cher. Au risque que cela donne un sérieux de coup de frein à l’économie ?

« La possibilité d’une récession en 2023 a augmenté », reconnaît M. Balls. Il ne s’agit pas d’une prévision de sa part, et ce n’est pas le scénario le plus probable, mais le risque est réel. « On a un choc, celui de la guerre en Ukraine, qui vient s’ajouter à un autre choc, celui de la pandémie. Il y a un an, je ne pensais pas que la comparaison avec les années 1970 était justifiée, mais on a maintenant un choc énergétique. Les banques centrales sont forcées d’agir et de démontrer leur volonté de lutter contre l’inflation. »

En réalité, les banques centrales quand on y pense bien sont tout simplement impuissantes.

Elles peuvent lutter contre une crise financière avec des instruments financiers. Si les banques manquent de liquidités, il n’y a qu’à imprimer et créer des liquidités. Simple et parfaitement logique.

Mais quand il s’agit d’une crise physique, les banques centrales ne peuvent pas créer du pétrole pas cher en utilisant des outils financiers ! Simple et parfaitement logique.

Les banques centrales peuvent imprimer des billets de banque, mais pas du blé, elles ne peuvent pas plus créer des barils de pétrole ou des sacs de riz.

Face à une crise de ressources, les banques centrales sont sans ressource.

Tout simplement.

Impuissantes.

Charles SANNAT

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Source Le Monde.fr ici

 

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