Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Si notre Enrico national est en procès, je ne ferai pas le sien ici car ce n’est pas l’objectif. Mon but c’est de vous montrer à travers cet exemple que même lorsque l’on est conseillé, que même lorsque l’on est « riche » à millions, pour ne pas dire à dizaine de millions, on peut se faire « tarter » comme un bleu, et c’est exactement ce qui est arrivé à notre Enrico.

Enrico a beau dire et clamer pour les besoins du procès que « j’ai été volé », je ne partage pas mais alors pas du tout cet avis et vous allez vite comprendre.

Retour sur les faits pour comprendre de quoi nous parlons et ce qui est arrivé à notre star !

Voilà l’essentiel de l’explication avancée par l’AFP sur ce dossier.

« Le procès pour escroquerie de la Landsbanki Luxembourg, filiale d’une banque islandaise emportée par la crise en 2008, a débuté mardi avec plusieurs témoignages de plaignants. Plus d’une centaine de clients, dont le chanteur Enrico Macias, estiment avoir été floués. Pour certains le préjudice dépasse les 40 millions d’euros.

Retour sur les faits : à l’été 2007, la banque fait signer à des propriétaires de biens immobiliers en France – souvent en mal de liquidités – des offres alléchantes de prêts. Ces dernières entraînent le placement de leur maison, villa ou appartement sous hypothèque. Les propriétaires obtiennent ainsi un prêt (en argent frais, mais également sous forme de placements censés couvrir les intérêts) correspondant à la valeur des biens. Cela pour au moins 500 000 euros.

À l’époque, Enrico Macias cherche plusieurs centaines de milliers d’euros pour effectuer des travaux dans sa villa de Saint-Tropez (Var). Découvrant ce montage séduisant, il emprunte 35 millions d’euros à la banque et hypothèque sa maison. Problème, la “crise des subprimes” éclate quelques mois plus tard. La maison-mère est emportée par la crise financière puis nationalisée, comme toutes les grandes banques islandaises. La Landsbanki Luxembourg fait faillite en 2008 et sa liquidatrice entreprend de recouvrer non seulement les sommes effectivement versées aux emprunteurs, mais aussi la totalité des créances, quitte à vendre ou menacer de vendre les biens hypothéqués. »

Ce qu’il s’est passé expliqué simplement

Bon, allons à l’essentiel et soyons simples. L’idée de ce montage proposé par la banque islandaise était très « simple » en soi.

Vous avez une maison d’une valeur de 150 000 euros. Vous avez besoin d’argent ? En échange d’une hypothèque sur votre maison (si celle-ci est déjà intégralement payée évidemment et pas hypothéquée ne serait-ce que partiellement par ailleurs), alors je vous prête disons… 100 000 euros (en tant que banquier ou « escroc » au choix), je prends une petite marge de manœuvre au cas où.

Puis vous faites ce que vous voulez de ces 100 000 euros. Dans ce cas précis, certaines personnes ont emprunté en hypothéquant leur maison pour renflouer leur entreprise par exemple, voici une petite nuance que l’on peut garder en mémoire pour plus tard.

Tous les autres, Enrico en tête, voulaient faire des travaux pour quelques centaines de milliers d’euros – mais finalement il va emprunter pour 35 millions d’euros, 35 !!! Alors qu’il n’en avait pas besoin.

Pourquoi diable va-t-il donc faire cela notre Enrico national ?

Simplement parce qu’en face, la banque lui propose de placer les 35 millions d’euros prêtés dans des placements qui vont, disons, rapporter du 10 ou 12 % un peu à la « Madoff » évidemment, puisque qui dit gros rendement, dit… gros risques !!

Et c’est ainsi qu’Enrico a cru qu’il allait pouvoir s’enrichir facilement, sans travailler, sans effort, en étant propriétaire de sa maison, en l’occupant, en y faisant ses travaux avec de l’argent qu’il n’avait pas mais qui ne lui coûterait rien, car avec ce montage génial où il empruntait la totalité de la valeur de sa maison pour placer cet argent qu’il n’avait pas, l’effet de levier serait considérable…

Évidemment, comme toutes les « trop » belles histoires, généralement, cela se termine mal. Pourquoi ?

Simple : on ne peut pas s’enrichir réellement sans rien faire.

Pourquoi donc Enrico est ruiné ?

Il a péché par appât du gain !

Et de vous à moi, je ne plaindrai aucune victime de cette banque ou presque à commencer par Enrico qui peut jouer l’éploré dans son coin. La réalité c’est que depuis la nuit des temps, le lucre, le veau d’or, bref, peu importe le symbole, les religions, les morales vous mettent en garde contre cette volonté d’enrichissement sans limites qui fait perdre les repères et le bon sens.

La catastrophe est toujours, toujours au bout du chemin.

Lorsque l’on dispose d’une maison d’une valeur de 35 ou 40 millions d’euros, somme que jamais, jamais 99 % des Français ne pourront avoir, et que l’on se retrouve ruiné, on ne peut que s’en prendre à soi-même.

A-t-il été mal conseillé ?

Sans doute.

A-t-il été « escroqué » ?

Sans doute.

Est-il responsable de ce qui lui arrive ?

À 100 %, et sans réserve aucune.

Que devez-vous retenir pour vous ?

Vous n’êtes pas des victimes ! Vous êtes responsables de vos choix financiers, de vos placements, de vos décisions. Ne vous en remettez pas à vos conseillers, à des vendeurs.

Souvent, vous me dites « oui mais je n’y connais rien », ou encore le célèbre « les placements ce n’est pas mon truc, je suis prof de lettres moi / artiste / peintre / infirmière (rayez les mentions inutiles), alors je suis bien obligé de m’en remettre aux gentils conseillers bancaires, de la compagnie d’assurance, privé, ou commerciaux vendeurs d’immobilier et autres artifices de défiscalisation »…

Eh bien si vous considérez que vous n’y connaissez rien, et que vous ne vous donnez pas la peine d’y connaître quelque chose, alors vous ferez au mieux des placements pas terribles, et au pire des âmes pas vraiment charitables se chargeront de vous faire les poches.

Votre argent. Votre responsabilité. Ce n’est pas la faute des autres. C’est la vôtre. Ceci est peut-être choquant, mais je vous assure que c’est la vérité et Enrico en est un exemple saisissant, car il peut se rouler par terre, il y a des chances qu’il perde vraiment sa maison, car le juge, qui, lui, gagne 3 000 euros, va avoir du mal à croire qu’Enrico qui n’avait pas besoin d’une telle somme n’avait pas bien saisi ce à quoi il s’exposait. Du coup, comme il n’avait pas saisi grand-chose, son esprit a été saisi quand il a appris sa saisie… et il a du mal à se ressaisir. (Vous admirerez au passage mon allitération saisissante !!)

Règle 1 : vous êtes responsables de vos décisions

Autre piège, évidemment, l’appât du gain. Si vous voulez pousser à l’extrême la logique de la rentabilité et du rendement, alors vous vous exposez inévitablement à une prise de risque exponentielle.

Je vous invite toujours à conserver cette approche du couple « rendement-risque » et de placer votre curseur là où vous ne risquez pas de perdre votre chemise.

Pour vous donner un exemple, jamais, jamais vous ne me ferez hypothéquer ma maison pour acheter une voiture par exemple ou partir en vacances !! C’est une opération par définition trop risquée, et aucun profit potentiel ne justifie un tel risque car dans un tel cas, le couple rendement-risque est très défavorable, car si cela se passe mal on se retrouve dehors avec femme et enfants… Pas top en gros comme perspective.

Donc on s’abstient !

Règle 2 : on ne court jamais à tout prix derrière les gains et le rendement

Enfin, le dernier grand risque qui fait perdre chaque année beaucoup d’argent à beaucoup de gens, c’est évidemment les impôts ! Ou plus précisément l’aversion aux impôts.

Les impôts c’est pas bô ! Les “zimpôts” c’est trop cher, les “zimpôts” c’est horrible.

Certes. Et je ne vous dirai pas le contraire.

Sauf qu’acheter un appartement clapier en périphérie d’une grande ville dans laquelle vous n’avez jamais mis les pieds à 200 000 euros, que vous serez obligé de louer pendant 12 ans, avec des loyers encadrés et des revenus de vos locataires également encadrés le tout pour économiser 3 000 euros d’impôts c’est bien, mais pour économiser 3 000 € par an, il faut que vous en dépensiez 200 000 !! N’oubliez jamais cela, car nombreux sont les fauchés de la défiscalisation immobilière et actuellement cela continue encore et encore avec les fameux « Pinel » qui sortent de terre un peu partout en France pour le plus grand bénéfice des promoteurs, des notaires, de l’État, des vendeurs et des entreprises de commercialisation et des constructeurs… Votre bénéfice à vous est évidemment très secondaire, car vous êtes la contrepartie (version pudique) ou la vache à lait si vous préférez (version réalité tendance « trash »).

C’est d’ailleurs pour cette raison-là et pour vous protéger et vous montrer qu’il est possible de défiscaliser en achetant de l’immobilier sans forcément passer par les « Pinel » que j’ai consacré la lettre STRATÉGIES du mois d’avril aux différentes méthodes de défiscalisation immobilière. Vous pouvez vous abonner ici si le sujet vous intéresse, et en tout cas ne vous lancez pas dans de telles opérations sans faire un grand travail de recherche et d’analyse… Vous allez en prendre pour 15 ans de crédit, et 200 000 € : cela mérite de prendre le temps de la réflexion !

Règle 3 : on n’achète jamais, jamais une défiscalisation !!

Une carotte fiscale doit rester une carotte, l’idée n’est pas de finir par vous faire « carotter » !

N’oubliez pas ces 3 règles.

Votre argent, votre responsabilité.

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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 « À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)

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Source AFP via Boursorama ici

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