Chacun sait que nos élites ne font plus de discours mais utilisent ce que leurs conseillers appellent des « éléments de langage » pour communiquer avec les gens d’en bas (ou les « sans-dents », ce qui est la même chose).

Essayons de traduire en bon français ce que peuvent bien être ces « éléments de langage ».

Le principe est très simple : il y a des mots qui ont une résonance positive dans l’esprit de tout un chacun du type « amour maternel », et l’un de ces mots dans le vocabulaire politique est « démocratie ».

L’embêtant c’est que tous ceux qui se présentent à des élections sont, en général, pour la démocratie, au moins en parole. Le candidat va donc demander à ses spécialistes en communication de lui fournir des adjectifs ne signifiant pas grand-chose mais qui auront des résonances positives chez les électeurs et qu’il pourra accoler à « démocratie ». Prenons par exemple l’adjectif « social » ou bien encore un autre adjectif « participatif ».

Notre candidat ne va donc plus être simplement partisan de la démocratie, ce qui serait un peu juste comme programme, mais sera l’ardent défenseur d’une démocratie à la fois sociale et participative, ce qui ne veut rien dire mais fera bon effet. Lors de la campagne électorale, s’il lui arrive de plancher devant certains réseaux, il pourra ajouter que son but est de créer « une démocratie sociale, participative et fraternelle » et il aura vraiment coché toutes les cases importantes.

Le premier principe de traduction est donc que si l’auditeur entend deux ou trois mots tous à connotation favorable mis les uns derrière les autres sans que l’on sache très bien ce qui relie ces concepts, alors il doit savoir que le candidat n’a pas grand-chose à dire et cherche simplement à l’enfumer.

Dans un second cas, on retrouvera non plus avec amusement mais avec angoisse la « novlangue » de ce cher Orwell où les mots veulent dire exactement le contraire de ce qu’ils sont censés décrire dans leur sens original. Paix veut dire guerre, liberté veut dire esclavage, respect des opinions individuelles veut dire asile psychiatrique ou camp de concentration pour ceux qui osent penser par eux-mêmes et ainsi de suite. Par exemple, quand j’entends un homme politique me dire que toutes les civilisations se valent et qu’accepter cette réalité serait faire preuve de tolérance, je frémis d’horreur.

Deux principes essentiels doivent donc être retenus par tous ceux qui cherchent à déchiffrer ce que nos dirigeants disent pour emporter nos suffrages et les voici :

  • La juxtaposition de mots ronflants, tous à connotation favorable, est toujours l’œuvre de quelqu’un qui cherche surtout à ne rien dire, ce qui n’est pas bien grave et fait penser à la formule de Coluche : « Si les élections servaient à quelque chose, «ils» les interdiraient. »
  • La juxtaposition de mots simples mais contradictoires ne peut avoir lieu que si notre homme politique ne veut pas dire ce qu’il fera une fois au pouvoir car il sait très bien que le peuple ne n’élirait jamais s’il annonçait la couleur. Dans ce second cas, il est de bon ton d’utiliser une expression telle « qu’en même temps » qui permet de dissimuler que l’orateur dît une chose mais agira exactement en sens inverse… en même temps.  En fait, le candidat ne cherche pas à ne rien dire il veut nous tromper… et c’est beaucoup plus grave.

Armés de ces deux principes, essayons de nous livrer à quelques traductions libres de déclarations faites par nos hommes politiques.

Commençons par : « Le temps de dire la vérité est venu. Je vais donc demander aux Français de faire preuve de courage civique ».

Traduction ? Les impôts vont augmenter, tout le monde va en prendre plein la gueule, sauf la classe administrativo-politique bien entendu. Une traduction alternative pourrait être : Le secteur privé va en prendre pour son grade et rien ne changera pour le secteur public.

Prenons une autre phrase, très à la mode en France en ce moment : « Il y a trop d’élus en France. »

Traduction ? Les pouvoirs des technocrates non élus vont augmenter puisque le pouvoir des élus va baisser.

Continuons avec : « La France est fière de son armée. »

Traduction : les budgets militaires vont être coupés, les généraux qui s’y opposeraient seront virés et nos soldats vont continuer à se faire tuer comme des lapins faute de matériel. Mais chacun d’entre eux, une fois mort, aura droit à une belle cérémonie aux Invalides et la Tour Eiffel sera éteinte à chaque fois en leur honneur.

Enchaînons avec « Notre détermination à combattre le terrorisme reste inébranlable ».

Traduction : bien entendu, nous ne ferons rien, sauf peut-être installer un bouton au chevet du lit d’Anne Hidalgo pour éteindre la Tour Eiffel, pour que chaque extinction ne coûte pas trop cher.

Terminons avec : « La Souveraineté de la France n’est pas négociable. ».

Traduction : il n’y a plus rien à négocier puisque tout a déjà été abandonné, et depuis très longtemps, sans que son avis ait été demandé au peuple, et si ça ne vous fait rien, parlons maintenant de défense européenne, le but réel étant de vendre l’armée française à la Commission européenne (en fait à l’Allemagne) pour ne plus avoir à en supporter le coût.

NDA : Le lecteur aura compris et je sens que je vais lui demander de me fournir un certain nombre d’exemples qu’il aura tirés de ses expériences personnelles. Le concours est ouvert et le vainqueur se verra attribuer l’un de mes livres, de son choix, qui lui sera envoyé gracieusement dédicacé.

Mais cette première forme de manipulation des mots est sans grand danger et consubstantielle à la démocratie. Comme le disait Chirac, « les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient ».

La deuxième forme de discours est beaucoup, beaucoup plus grave.

Comme je ne cesse de l’écrire, la caractéristique essentielle de notre civilisation est la prééminence donnée à l’individu sur la tribu. Au cours des siècles, de nombreux droits ont été arrachés de haute lutte par des individus qui y ont souvent laissé leur vie (Socrate, le Christ, Thomas More, Thomas Beckett, Jean Moulin) pour garantir la protection de la liberté de pensée pour chaque individu. Et ces droits objectifs sont tous attaqués aujourd’hui au nom de ce que je pourrais appeler des morales subjectives défendues par ceux qui veulent ramener l’individu sous le contrôle de la tribu.

En voici quelques exemples.

  • Ma liberté de parole (et donc la vôtre) est attaquée comme elle ne l’avait plus été depuis les grands moments de l’inquisition, du fascisme et du communisme. Et au nom de quoi l’attaque-t-on ? Apparemment, MA Liberté de parole pourrait heurter les sentiments délicats de telle ou telle tribu qui réside à l’intérieur de la Nation depuis très peu de temps. Et donc MA liberté de parole pourrait heurter la sensibilité exquise de telle ou telle religion ou de tel ou tel corps constitué, ce qu’il faut empêcher toutes affaires cessantes, au nom de l’unité de la tribu. Et donc une loi scélérate a transformé en crime mon droit de dire ce que je pense. Je voudrais simplement rappeler ici que le but ultime de la liberté de parole est de faire de la peine aux autres s’ils sont dans l’erreur. En ce qui me concerne, je supporte avec beaucoup de patience les imbécillités proférées par les médias et bien de mes amis quand ils parlent de mes convictions libérales ou chrétiennes, sans pour cela que je les traîne devant les tribunaux. Une liberté de parole qui ne ferait de peine à personne serait un peu comme une diplomatie sans armée (Bismarck) : pas bien crédible. Par exemple, monsieur Dupont-Aignan, grand honnête homme s’il en fut et député de la Nation, vient de se voir condamner à Paris par la 17e chambre de sinistre réputation pour avoir dit que la France « était l’objet d’une invasion migratoire », ce qui serait un « appel à la haine ». Des juges que personne n’a élu appliquent sans faiblir une législation odieuse (les lois dites “mémorielles”) pour faire taire les gens qui ne pensent pas comme ceux qui leur donnent des ordres à eux les juges… Voilà qui rappelle les lois abominables passées contre les Juifs après notre défaite en 1940, et ces lois furent appliquées sans sourciller par toute la magistrature de l’époque. Comme le dit la célèbre plaisanterie, il y a : la magistrature assise, la magistrature debout, mais la plus dangereuse est bien entendu la magistrature à plat-ventre… Ce que cette classe cherche en fait à faire est de contrôler le ‘’LOGOS’’ (voir mon article sur le sujet) en utilisant les tribunaux, ce qui est la marque de toute dictature honteuse de l’être et cherchant à donner un semblant de crédibilité à sa forfaiture. Comme l’a écrit Soljenitsyne, le but de la novlangue est de permettre au pouvoir de repérer facilement ceux qui refusent de l’utiliser pour pouvoir les briser plus aisément. Nicolas Dupont-Aignan est à l’évidence dans cette catégorie.

 

  • Ma liberté de mener ma vie en fonction de la morale individuelle que je porte en moi a disparu. Le Pouvoir m’impose de vivre une morale collective conforme aux instructions qu’il a donné aux médias et aux juges, soit en me discréditant aux yeux de l’opinion publique (Renaud Camus), soit en se servant d’une justice qui ne mérite plus ce nom, ce qui est infâme. Antigone, dans leur monde, ne ferait pas long feu.  Dans la pratique, un ministère de la Vérité a été créé et ceux qui refusent de suivre ses diktats sont excommuniés. Ce qui est exactement à l’opposé de ce que notre civilisation cherche à défendre depuis toujours. Encore une fois, la morale collective n’existe pas, il n’existe de morale qu’individuelle, Dieu ne sait compter que jusqu’à un. Prenons l’exemple de la tolérance. La tolérance est une notion ambiguë. Comme le disait Burke, « à partir d’un certain moment, la tolérance devient de la lâcheté». J’ai le droit de penser que l’Islam, le Bouddhisme ou le Christianisme sont des abominations et qui plus est, j’ai le droit de le proclamer haut et fort. Mais aujourd’hui, les princes qui nous gouvernent et les juges qui suivent leurs ordres ont réinventé le crime de blasphème au profit exclusif d’une religion sans racine historique en France et qui ne prêche que le principe de la supériorité de la tribu sur l‘individu.  Bien des intellectuels français qui s’opposent au retour de ce qui est en fait une pratique tribale chez nous sont condamnés au même titre que Calas à Toulouse ou le chevalier de la Barre à Arras au XVIII -ème siècle, sous les applaudissements de ceux qui se disent les héritiers de Voltaire et de la Révolution Française.

 

  • L’Egalité de tous devant la Loi est battue en brèche comme jamais, le racisme est de retour et cela est inévitable si l’on se met à préférer à nouveau la tribu à l’individu.  Historiquement, la notion de Liberté Individuelle est née en Europe et ceux qui l’ont développé ont plutôt été en général des hommes âgés, blancs et Chrétiens. Mais, si l’on veut retourner à la Mère tribu, pour pouvoir exclure ceux qui n’en font pas partie, il faut déconsidérer absolument cette catégorie très particulière incarnée par le Père qui représente la morale et la responsabilité individuelle. Et donc, l’on voit se développer aujourd’hui, en particulier aux USA où les mauvaises et les bonnes idées ont tendance à apparaitre un véritable racisme anti homme blanc. L’homme blanc d’un certain âge est coupable par essence de tous les crimes qui ont ensanglanté l’histoire, ce qui parait un peu réducteur. Si par hasard, il est Chrétien, alors là il n’y a même plus besoin de procès. Que le lecteur s’amuse à un petit jeu : quand un Oint du Seigneur dit du mal des électeurs de Trump, de ceux qui ont voté en faveur du Brexit ou encore de tel ou tel homme politique qui ne partage pas ses lubies, alors que le lecteur remplace les qualificatifs utilisés par notre ODS par « Juif » et il verra immédiatement que le langage utilisé est porteur d’exclusion et de haine, de racisme pour parler clairement. J’ai lu récemment des lignes écrites par un journaliste de gauche aux USA, très connu, expliquant que les électeurs de Trump ne devraient pas avoir le droit de vote et sans doute pas le droit de vivre. Je vois mal la différence avec ce qu’écrivait Hitler dans Mein Kampf sur les Juifs.

Je veux conclure sur une constatation toute simple.

Nos régimes démocratiques sont l’objet d’une attaque gigantesque de la part de gens qui haïssent la Liberté Individuelle et leur objectif est de créer un fascisme élitiste, inégalitaire et quelque peu mondialisé, pour le plus grand profit d’une classe (au sens Marxiste du terme).

En Europe, où le combat a commencé il y a bien longtemps, les ODS mènent le continent à sa perte avec beaucoup d’entrain. Grace à Dieu, la Grande-Bretagne a décidé de s’en aller, ce qui constitue pour eux une incroyable défaite et les pays de l’ancienne Autriche Hongrie se battent pour préserver à la fois leurs identités et leurs souverainetés.

Aux USA, cette classe avait pris le contrôle des universités, des médias, du monde de la culture et en bons élèves de Gramsci, ils pensaient, avec Madame Clinton, prendre le contrôle une fois pour toutes non seulement du système politique mais surtout de la Justice (nominations à la Cour Suprême) et donc tout contrôler, ce qui est le rêve ultime de tous ceux qui haïssent la liberté. Patatras, un « chevalier blanc » est élu (les voies de Dieu sont impénétrables) et depuis, ils ne décolèrent plus tant ils savent que détruire la liberté Individuelle est possible si les USA et la Grande-Bretagne tombent, mais que tout est foutu si ces deux pays retournent à leurs racines profondes. C’est pour ça que j’aime bien Trump, un peu comme je supporte l’équipe de Rugby qui joue contre l’Angleterre. Il a foutu une raclée à ces dangers publics. Dans le fond, tous ceux qui s’opposent à Trump ou au Brexit auraient sans doute été pétainistes pendant la guerre, à mon humble avis. Mais avec Trump et le Brexit, les troupes de la liberté viennent à nouveau de débarquer en Normandie.

Il va falloir que nos pétainistes partent pour Sigmaringen, à nouveau. La marée est en train de redescendre et l’horizon s’éclaircit.

Enfin.

Source Institut des Libertés ici

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