L’accord signé entre la Chine et l’Iran est historique également par son montant, puisqu’il stipule que Pékin va investir 400 milliards de dollars en Iran sur 25 ans ! Bon rapporté à l’année cela ne fait “que” 16 milliards de dollars par an, mais pour Téhéran, isolé, sous sanctions internationales, c’est évidemment énorme, c’est une sacrée bouée d’oxygène.
La Chine se fiche comme d’une guigne des sanctions imposées par les Etats-Unis au reste du monde et à l’Europe en particulier.
La Chine est l’usine du monde, et l’usine de l’Amérique.
Elle considère que les USA ont besoin d’elle, ce qui n’est pas faux.
Trump voulait démondialiser.
Biden est hésitant. Le reste de son mandat nous renseignera sur ses intentions mais pour le moment c’est le retour de la mondialisation-comme-avant.
Alors, la Chine avance.
Et quand la Chine avance, les Etats-Unis reculent. C’est la logique des vases communicants.
Charles SANNAT
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Accord Chine-Iran: «c’est un pied de nez aux Occidentaux»
Suite à la visite du chef de la diplomatie chinoise Wang Yi à Téhéran, la Chine et l’Iran ont conclu un accord commercial pour une durée de 25ans. Ce partenariat confirme les bonnes relations et s’inscrit dans une volonté d’indépendance à l’égard de l’Occident, estime Thierry Coville, directeur de recherche à l’IRIS et spécialiste de l’Iran.
À défaut de pouvoir commercer avec l’Occident, l’Iran se rapproche de la Chine. Lors de sa tournée au Moyen-Orient, le ministre chinois des Affaires étrangères, s’est entretenu le 27 mars avec son homologue iranien. Au cours de cet échange, les deux pays ont conclu un accord historique de coopération, qui doit courir sur 25 ans. Ce partenariat comporte aussi bien un volet militaire que commercial.
Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif s’est félicité de la signature de ce traité sur son compte Twitter: «Un excellent échange sur l’expansion de la coopération mondiale, régionale et bilatérale dans le cadre de notre partenariat stratégique global.» Dans un communiqué officiel commun, Pékin et Téhéran ont rappelé l’importance «de coopérer et avoir des investissements réciproques dans différents domaines, notamment les transports, les ports, l’énergie, l’industrie et les services.» Selon Thierry Coville, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste de l’Iran, la signature de ce pacte était prévisible.
«Cela fait plusieurs mois que l’Iran et la Chine négocient. En juillet dernier déjà, ils avaient annoncé avoir trouvé un accord. Aujourd’hui, ce n’est ni plus ni moins que la confirmation des excellentes relations sino-iraniennes», souligne-t-il au micro de Sputnik.
En effet, le deal est sur la table depuis la visite du Président chinois Xi Jinping à Téhéran en 2016. En juillet 2020, les deux pays avaient annoncé une coopération sur 25 ans, mais «on n’était pas au bout des procédures. Aujourd’hui, on attend que le document soit ratifié par le parlement iranien, chose qui ne devrait pas tarder», estime le chercheur de l’IRIS.
En juillet dernier, l’ayatollah Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique, avait déclaré que «le gouvernement et le peuple iraniens cherchent, comme ils l’ont toujours fait, à élargir leurs relations avec des pays indépendants et fiables tels que la Chine.» Cet accord répond à la logique commerciale chinoise du «gagnant-gagnant», mais également à l’inflexion donnée par Ali Khamenei, consistant à se rapprocher des partenaires asiatiques.
Pékin va investir 400 milliards de dollars
Si ce partenariat est stratégique pour la Chine en vue de la réalisation de son projet des nouvelles routes de la soie, il semble être aussi important pour la République islamique d’Iran. Soumise au durcissement des sanctions économiques depuis 2018, l’économie iranienne est exsangue. Par l’intermédiaire de l’extraterritorialité du droit américain, l’Administration de Donald Trump a su empêcher les autres pays de commercer avec l’Iran. Face à ce quasi-embargo, l’Iran perçoit cet accord avec la Chine comme «une première étape d’une avancée économique majeure», estime Thierry Coville.
«La Chine est déjà un partenaire économique et militaire important de l’Iran, elle est même devenue le premier partenaire commercial de l’Iran. Pékin va investir dans les infrastructures, dans l’énergie, dans le transport, mais également dans le militaire.»
L’arrangement stipule que Pékin va investir 400 milliards de dollars en Iran sur 25 ans. À ce titre, Thierry Coville rappelle qu’il y a une «corrélation entre la baisse des exportations européennes et la hausse des exportations chinoises en direction de l’Iran depuis les années 2000.» Ceci s’explique entre autres par l’effet dissuasif des sanctions américaines à l’égard des entreprises européennes qui voudraient commercer avec l’Iran.
Téhéran desserre l’étau occidental
Au cours de l’année dernière, les exportations iraniennes vers la Chine étaient de 8,9 milliards de dollars, tandis que les importations en provenance de la Chine atteignaient 9,7 milliards de dollars. «nous remercions la Chine pour ses positions et actions appréciables en ces temps de sanctions cruelles contre l’Iran», déclarait le chef de la diplomatie iranienne. En effet, leurs échanges bilatéraux ont diminué depuis 2018 et ont été impactés par les sanctions américaines:
«L’Iran n’arrive pas à vendre son pétrole. Et d’ailleurs, la Chine elle-même a dû réduire ses achats de pétrole à l’Iran sous l’impact des sanctions. Or, depuis l’arrivée de Joe Biden, la Chine importe plus de gaz et de pétrole iranien», explique le spécialiste des questions iraniennes.
Ce partenariat sino-iranien permet de fait d’une pierre deux coups pour Téhéran et pour Pékin. En le paraphant, les deux pays se servent l’un de l’autre. La Chine pour asseoir son projet commercial et l’Iran pour tenter de sortir de l’asphyxie des sanctions occidentales. De plus, ce rapprochement sert également «des intérêts géopolitiques et conjoncturels bien précis», ajoute le chercheur de l’IRIS.
La signature du document d’entente bilatérale intervient en effet dans un contexte géopolitique tendu entre la Chine et les États-Unis. Depuis plusieurs semaines, Pékin est au cœur des critiques occidentales sur la problématique des Ouïghours. Au cours d’un échange avec le Président chinois, Joe Biden a récemment déclaré: «tant que vous et votre pays continuerez à violer de manière aussi flagrante les droits de l’homme, nous continuerons de manière implacable de le porter à l’attention du monde.» Une pression que fait baisser l’entente entre Pékin et Téhéran: ainsi, le locataire de la Maison-Blanche a-t-il souligné son inquiétude et sa préoccupation face à ce partenariat.
Pékin et Téhéran face au «gendarme du monde
De fait, cet accord sino-iranien participe également à la mise en place d’un «discours anti-américain», estime Thierry Coville. Pékin et Téhéran partagent la même opinion à l’égard de Washington. Du côté iranien, «c’est un message clair d’indépendance», note notre interlocuteur.
«Les Iraniens sont tout simplement en train de dire aux Européens et aux Américains: “nous ne sommes pas dépendants de vous”. C’est un pied de nez à Occident. L’Iran veut diversifier ses partenaires commerciaux et ne pas être dans une dépendance occidentale.»
Pourtant, les Iraniens avaient attendu avant de signer cet accord, rappelle le chercheur de l’IRIS: «il y avait une préférence des industriels iraniens à traiter avec les Européens, mais les progrès de la Chine sont immenses et aujourd’hui elle prend la place prévue pour des Occidentaux.»
Thierry Kellner, auteur de nombreuses études portant sur la politique étrangère chinoise et la politique étrangère de l’Iran, rappelle qu’historiquement, les Iraniens sont davantage tournés vers l’Europe et que «la Chine est plus un choix par défaut».
Néanmoins, Thierry Coville nuance l’impact de ce partenariat sur les futures négociations sur le nucléaire iranien.
«Il y a un effet d’annonce avec ce partenariat. Tous les diplomates occidentaux avaient connaissance de cet accord. L’Iran ne va pas se passer des Chinois sous prétexte qu’il veut une ouverture avec l’Occident. L’un n’empêche pas l’autre, les Iraniens sont dans une logique d’ouverture à l’Est comme à l’Ouest.»
En effet, conclut-il, «indépendamment de ce rapprochement avec la Chine, les Iraniens ne vont pas attendre que les Occidentaux changent d’avis pour développer leur économie.»
Agence de presse russe Sputnik.com ici
“Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera…”
On y est !
Le dragon est réveillé…. et rien ne pourra l’arrêter…
Le monde avance et les américains ont beau freiner des deux pieds , le progrès vers un multilatéralisme est inéluctable , avant la mondialisation qui ne l’est pas moins .
Bien sûr ce sera dans la douleur et le sang , mais tous les bouleversements font des dégâts “collatéraux ” .
Le monde est malade de l’humain .
La partie d’ échecs entre les USA et la Chine continue.
Pour le moment, c’est surtout la Chine qui attaque et les Américains sont sur la défensive.
Je crains qu’ à terme les Américains soient “mat”.
Il ne fait pas bon aujourd’hui d’être policier ou gendarme dans notre pays ou dans le monde, Biden doit très vite le comprendre mais aussi l’occident.
La Chine, après avoir pillée nos technologies, s’équipe militairement, discrètement et dans le silence des agneaux… Il est vrai que la mer de Chine Hong Kong et Taiwan sont très loin !
Se contenter de faire une comparaison avec l’ancienne guerre froide URSS vs Occident ne suffira pas à se convaincre que la Chine n’est qu’un géant aux pieds d’argile !
La Chine s’éveille… n’est-ce pas M. Alain Peyrefitte ?
Ce sera un coup de canif sérieux dans le contrat de la “pax americana” lorsque ces encours seront libellés en Yuans, voire en Euro (rigolons un peu). Pour l’instant ce n’est que al contre-valeur de quelques centaines de millions de barils.
bonjour a tous
la Chine a passé son pic charbon et pétrole si elle veut alimenter son économie elle est obligée de faire des coups de forces pour se procurer ces précieuses matières énergétiques cela annonce les futures tensions .
La gestion du dossier Iranien est calamiteuse depuis le début.
On ne peut pas internationnalement isoler et mettre au ban un des plus grands pays du Monde, héritier du berceau de la Civilisation.
On est passé d’un excès d’USA, avant le Shah, à un gros déficit ensuite. De mémoire l’ Iran a en bonne partie echapé au dépècement de l’ Empire Ottoman qui donna cette noria de petits Etats, partageant n’importe comment des territoires, dont celui des Kurdes, sur la base essentielle de la captation des ressources de gaz et de pétrole.
Ses relations n’ont jamais cessé avec la Russie non plus, possibles mais difficiles par le petit corridor qui .traverse l’Arménie.
Nos mamamouchis européens comme US sont à coté de la plaque depuis plusieurs décennies.
Les US n’ont jamais digéré la prise d’otages de leur ambassade, et le fiasco de leur opération de libération, et l’ont fait payé très cher au peuple iranien, plus brillant que le quidam occidental ne peut le croire.
Comme le précise Christian, c’est un peuple riche d’une culture millénaire que l’on confond trop souvent en occident avec les arabes (il n’y a rien de péjoratif dans ce propos) du Moyen Orient. Ce sont des perses, il ne faut pas l’oublier !
La géopolitique du long terme ayant disparu des sphères de pouvoir occidentales, les raisons de la quête iranienne sur le nucléaire ont été vite oubliées.
Les pays (qui étaient) “riches” ont laissé le Pakistan et l’Inde, frères ennemis, se doter de l’arme nucléaire sans trop broncher.
L’Iran se retrouve donc coincé entre une Arabie Saoudite (seul pays au monde portant le nom de la famille régnante…) surarmée par les US (et bien incapable de s’en servir efficacement, cf Yemen), Israël (eux, savent s’en servir et l’améliorer mais aussi innover) et ce bloc Pakistan/Inde.
C’est donc tout naturellement, et comme ses voisins de l’Est, que l’Iran se tourne vers le nucléaire pour avoir un poids régional.
Les excès (multiples) de nos “amis” à la bannière étoilée viennent juste de précipiter l’Iran dans la gueule du dragon chinois, devenu avide de tout et très agressif.
Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur des choix qui se présentait à notre occident déclinant.
Les cartes de la géopolitique mondiale sont en train de se rebattre et pas forcément à notre avantage.
Votre bulletin de vote est votre argent, à vous de décider des priorités et de qui vous voulez “financer”.
Personnellement, je pense que les chinois et les américains (avec leur monstrueux pouvoir d’extraterritorialité du dollar) n’ont pas besoin de mon argent, ils en ont déjà bien trop comme ça !
“De fait, cet accord sino-iranien participe également à la mise en place d’un «discours anti-américain», estime Thierry Coville”…….. ben non en fait, les américains se débrouillent très bien tous seuls pour ça! La Chine voit sur 25 voire 50 ans…alors que Bidon et Micron réfléchissent encore aux décisions qu’ils prendront d’ici ce soir, en espérant que ces décisions ne les handicaperont pas trop dans leurs campagnes électorales permanentes. Là est toute la différence……
C ‘ est curieux comme l ‘ Iran se prépare à ANÉANTIR Israël au motif que ce pays martyrise les Palestiniens – musulmans sunnites – , mais se fout pas mal du sort des Ouïghours , musulmans sunnites également !!! Vous avez dit « hypocrisie » ??
@Christian : l ‘ Iran , certes l ‘ un des berceau de la civilisation , est animé AUJOURD ‘HUI de sentiments belliqueux et de volonté d ‘ imposer le chiisme musulman ! On trouve souvent la main de Téhéran dans beaucoup d ‘ événements au Moyen Orient , au nom de la dissension sunnisme-chiisme . Il n ‘ y a rien de plus cynique et meurtrier que les guerres de religion , y a pas de vaccin pour ça !!
@Eric : chronologie de la bombe A dans la région : la Chine , puissamment aidée par son « grand frère » Soviétique , fut le premier pays asiatique à se doter de cette arme . L ‘ Inde , qui a de sérieux contentieux avec son grand voisin du Nord , s ‘ en est immédiatement dotée aussi , suivie du Pakistan ennemi héréditaire . L ‘ Iran n ‘ est MENACÉ par personne , ne vous en déplaise , mais MENACE Israël qui ne lui a rien fait !! Fanatisme quand tu nous tiens ! Personne ne veut d ‘ une « nucléarisation » de l ‘ Iran , c ‘ est mettre le doigt dans un engrenage dangereux : si l ‘ Iran se dote de l ‘ arme atomique , l ‘ Arabie Saoudite suivra , ensuite l ‘ Égypte , la Turquie , etc … quand on connaît les FÊLÉS qui dirigent ces pays , on peut craindre le pire ….
Non Charles , les États-Uns n ‘ ont pas besoin de la Chine , comme nous d ‘ ailleurs , c ‘ est plutôt l ‘ inverse : c ‘ est la Chine qui a besoin de nous , je le répète souvent assez !!
C ‘ est l ‘ Occident qui génère la richesse de la Chine , c ‘ est nous qui la tenons par les gonades : que l ‘ on cesse d ‘ acheter des produits “made in China” , et ce pays s ‘ écroule !!
Et l’Iran, qui est quand même une républiqe islamisque, n’est pas choquée par ce que la Chine fait aux Ouïghours ?
Heureusement que les Américains, chrétiens au bon coeur, font la morale sur les droits de l’homme aux vilains chinois ! MDR 🙂
Ne me dites pas que ce n’est pour le bizness tout ça, hein… ils ont bon dos les Ouïghours…
Avec cela comment pouvez-vous encore croire que les USA sont les maitres du monde ? Oh il feront encore illusion, un temps. Le dollar est encore LA monnaie du monde. Mais pour combien de temps ? Car La Russie et La Chine vont devenir si ils ne le sont pas déjà les maitres du monde. Les chinois détestent les musulmans,, il n’y a qu’à voir ce qu’ils font avec leur minorité et pourtant, ils arrivent à faire du négoce avec la république islamiste la plus dure. Curieux paradoxe ! Mais bon business is business … et si en même temps cela fait rager les américains , c’est encore mieux.