Il y a quelques jours je reprenais une information publiée par un journal australien, par un journal anglais et repris par l’agence sputnik concernant le fait que des migrants, ou des réfugiés, étaient hébergés dans l’ancien camp de concentration de Buchenwald ce qui n’est tout de même pas de la plus grande finesse.
L’un de nos camarades impertinents résidant en Allemagne s’est donc penché sur l’affaire tellement il trouvait cela choquant. Nommé en urgence par mes soins correspondant spécial en Allemagne, notre camarade Christophe nous livre ce qu’il a trouvé en épluchant la presse allemande sur ce sujet.
Cette information est en fait à la fois vraie et fausse… vraie parce qu’il s’agissait bien d’une annexe du célèbre camps de déportation et d’extermination, fausse parce que l’annexe ne serait pas située franchement tout près.
Un immense merci donc à notre camarade impertinent Christophe dont je vous fais évidemment partager le résultat de ses recherches.
Charles SANNAT
Synthèse de notre camarade Christophe sur le sujet
Lorsqu’Insolentiae m’apprit que des réfugiés étaient hébergés au camp de Buchenwald j’eus un haut-le-coeur. Comment est-ce possible? Un tel évènement ferait les gros titres de la presse allemande. Une recherche rapide sur Google me révéla que l’affaire date de mi-janvier. Il n’a jamais été question d’héberger des réfugiés à Buchenwald même comme Sputnik et le Dailymail l’ont laissé entendre. Nous connaissons tous ces noms terrifiants, Auschwitz, Buchenwald, Dachau, Treblinka, Sobibor, Maidanek, Ravensbrück etc.. mais la structure des camps est moins connue. Tous les camps disposaient d’annexes, de dépendances où l’on envoyait mourir à la tâche les déportés. Il y eut des milliers de ces annexes, certaines très éphémères et même très éloignées du camp principal. A la fin de la guerre, elles furent soit arrachées, soit réaffectées à d’autres fins.
Parmi les annexes de Buchenwald situé à proximité de Weimar en ex-RDA se trouve celle dont il est question dans l’article. Cette annexe est située à Schwerte, soit à 370 km de Buchenwald.
Cette annexe servit d’atelier de réparation de la Reichsbahn (chemins de fer allemands) et vit passer 701 déportés. Depuis elle connut divers usages, hébergement de réfugiés allemands après 1945 (les Allemands furent expulsés de Silésie et de Prusse-Orientale) qui ne trouvèrent rien à redire, entrepôt, jardin d’enfants durant une vingtaine d’année sans que l’on s’en émût et atelier d’artistes. Les réfugiés devraient occuper des maisonnettes à toit plat qui servaient aux gardiens SS. Il n’est nullement question de les héberger dans les quelques baraques conservées à titre de monument et encore moins dans les vestiges d’un camp derrière des barbelés. Les camps principaux sont monuments historiques et aucun élu n’aurait l‘idée d’y hérberger des migrants. N’imaginez donc pas que ces réfugiés passèrent sous cette porte.
Vous pouvez fort bien vous trouver sur le terrain d’une de ces annexes sans rien remarquer. Evidemment si vous vous rendez au Struthof (seul camp de concentration situé sur le sol français) et que vous ne vous rendez compte de rien il faut aller consulter.
Cette affaire ne fit pas de bruit en Allemagne, seuls certains politiciens à gauche, Verts et Linke (Mélenchon) tentèrent une récupération politique. Il faut savoir que l’Allemagne fait face à un véritable raz-de-marée humain, que ces réfugiés sont répartis selon une clé bien précise et que les maires n’ont aucun moyen de s’y opposer mais doivent conjuguer le verbe “demerdieren”. Schwerte avec 60 millions d’Euros de dette pour 45.000 habitants est pratiquement en faillite (comme la plupart des villes allemandes, mais chut on ne le dit pas en France) et a vu le nombre de “ses” réfugiés tripler depuis 2011 (chiffres de janvier 2015, à ce jour c’est bien davantage), alors on se démerde.
Mes sources:
Die Zeit: Hebdomadaire très sérieux ressemblant à s’y méprendre à un quotidien dont la lecture intégrale occupe la semaine.
http://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2015-01/fluechtlinge-schwerte-kz
Der Tagesanzeiger dit “der Taz”, quotidien de gauche berlinois bien connu.
Der Spiegel célèbre hebdomadaire dont la lecture intégrale occupe plus que le week-end.