Paris et Berlin s’affrontent sur le désendettement

La Commission européenne propose un plan novateur avec des trajectoires individualisées négociées par État. L’Allemagne est vent debout contre cette proposition.

Austérité ou investissement : les Européens s’affrontent sur les futures règles budgétaires de la zone euro. Réunis à Luxembourg, les vingt-sept ministres des Finances de l’UE doivent entrer vendredi dans le vif du sujet des normes de dette et de déficit révisées, censées entrer en vigueur en 2025. Suspendus depuis la pandémie, les anciens « critères de Maastricht » du pacte de stabilité et de croissance sont caducs. Leur réforme est un serpent de mer depuis plusieurs années. La Commission est pressée d’aboutir cette année. Mais, alors qu’elle escomptait un consensus autour de ses propositions dévoilées en avril après de longues consultations, les divergences s’accroissent entre États membres, en particulier entre la France (111 % d’endettement) et l’Allemagne (66 %).

Si les seuils de 60 % du PIB pour la dette et de 3 % du PIB pour le déficit restent en vigueur sur le papier, les tensions portent sur les moyens d’y parvenir. Dans un esprit radicalement novateur, la Commission propose des trajectoires individualisées négociées de gré à gré avec elle par les États membres concernés, via des plans individuels de désendettement de quatre ans. L’Allemagne dénonce ce qui reviendrait à des mesures «discrétionnaires» de l’exécutif européen et réclame un critère chiffré strict de réduction de la dette de 1 point de PIB par an, pour les États qui ont un déficit supérieur à 3 %. La Commission a proposé un compromis à 0,5 point, qui ne passe pas. Berlin campe sur 1 %. «Je ne peux imaginer une réforme des règles budgétaires qui ne prenne pas en compte les propositions de l’Allemagne», a fait mine de s’indigner le ministre des Finances libéral allemand, Christian Lindner, dans le Financial Times. À Bruxelles, on prend cette position comme une posture à visée de politique intérieure, les libéraux cherchant à se montrer les chantres de l’orthodoxie financière. Sans l’Allemagne, la réforme serait passée comme une lettre à la poste, y estime-t-on.

En gros tout le monde est d’accord pour faire des efforts mais des efforts progressifs pour retourner petit à petit vers une situation budgétaire moins délirante.

L’Allemagne n’y croit clairement pas et comme à chaque fois veut des efforts plus importants, plus visibles et aussi disons-le plus douloureux.

Réduire la dette de 1 % chaque année, c’est pour la France qui en a accumulé pour 3 000 milliards, mettre environ sur la table 30 milliards d’euros de côté en plus d’un budget qui serait parfaitement équilibré.

Pour le dire autrement alors que nous avons un déficit budgétaire de 125 milliards d’euros en 2022, il faudrait 155 milliards d’euros d’excédents, car réduire la dette en faisant d’autres dettes ce n’est pas réduire la dette.

155 milliards c’est tout simplement impossible à trouver.

La France se contentera si seulement elle y arrive de réduire son déficit budgétaire et d’augmenter moins vite sa dette totale.

Charles SANNAT

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Source Le Figaro.fr ici

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