L’économiste Michel Santi livre une charge sans merci contre les cryptomonnaies dans une tribune intitulée « Krach des cryptomonnaies : la spéculation pour les pauvres » !

Pour lui, elles « n’ont rien de monnaies, même si l’engouement et l’appât du gain universels les affublent du qualificatif flatteur de « cryptomonnaies », dans une tentative vouée d’avance à l’échec de les crédibiliser et d’attirer le chaland ».

Il faut en effet avoir et le cœur et l’estomac bien accrochés pour prétendre traiter et échanger de telles monnaies à la volatilité inouïe. Elles ne sont, en réalité, qu’un instrument – un énième – de pure spéculation offrant une valeur intrinsèque nulle !

Achetez un bien immobilier et vous l’aurez toujours si le marché venait à se dégrader. Achetez une action en bourse et vous serez toujours propriétaire d’une partie de l’entreprise si le marché venait à s’effondrer. Achetez des bitcoins et vous n’aurez plus qu’à jeter votre ordinateur à la poubelle si sa valeur venait à se liquéfier (comme c’est le cas actuellement) car ce machin ne représente qu’un bout de code dont vous ne pouvez strictement rien faire et que quelqu’un d’autre au bout de la pyramide a eu la bonne idée de vous vendre.

Cette hystérie généralisée raconte en fait banalement une histoire maintes fois vécue. Elle reflète une contagion collective ayant gonflé par le passé la valorisation d’actifs bien plus tangibles qu’une cryptomonnaie – aussi éphémère qu’un amour d’été – mais tout aussi banale que le jeu des chaises musicales où les places sont limitées et dont seuls s’en sortent ceux qui vendent les premiers.

Ce marché – qui vaut aujourd’hui quelques trillions de dollars et d’euros de moins pour s’être déjà largement dévalorisé ces derniers mois – ne vaut que grâce à d’autres joueurs qui sont d’accords de pousser plus haut et plus loin le « schmilblick ».

Plus grave – bien plus inquiétant et plus triste aussi : la crypto a prospéré sur un terreau de spéculateurs et d’investisseurs jeunes et précaires qui n’avaient pas les moyens de placer en bourse ni dans l’immobilier, trop chers pour eux. Soyons réalistes et honnêtes : dans un environnement où les nouvelles générations sont nettement moins bien loties que leurs aînés, dans un contexte où il semble si facile de gagner en spéculant par la grâce de la dérégulation et de la libéralisation totales des flux de capitaux, la crypto a vendu du rêve à la jeunesse, qui y a trouvé une manière idéale de se démarquer des anciens. Dans un monde où les inégalités sont aberrantes, où l’immense majorité des jeunes du monde entier sont désormais les nouveaux pauvres, la seule et unique arme à disposition de cette caste d’intouchables leur permettant de se distinguer fut la crypto qui a pu un temps les convaincre qu’ils se mettraient sur les pas des riches et des puissants, en usant accessoirement d’un instrument avant-gardiste ».

Il n’a objectivement pas tort lorsqu’il parle des jeunes pas forcément fortunés qui ont vu dans les cryptos le moyen de se faire de l’argent facile dans un secteur que « eux comprenaient » car ils étaient modernes, par rapport aux anciens comme moi qui n’ont jamais compris la beauté de la chose.

Il faut dire que les vieux comme moi ont été des jeunes hier, qui trouvaient que tous ceux qui ne voyaient pas le côté génial d’Internet ne comprenaient rien à la modernité.

J’ai perdu dans la bulle internet toutes mes plumes de jeunes « investisseurs ».

En réalité tout le monde avaient raison.

Les vieux qui disaient que c’était n’importe quoi et les jeunes comme moi qui disaient qu’Internet changerait le monde.

Mais il a fallu plus de 20 ans pour que ce soit le cas.

Pour les cryptomonnaies et la technologie blockchain ce sera sans doute la même chose.

Tout le monde aura raison à des moments différents.

La bulle spéculative explosera et ruinera des millions de jeunes naïfs à travers la planète.

Puis la technologie mature trouvera ses applications qui révolutionneront sans doute notre façon de vivre, de travailler et de contractualiser.

Mais il faudra 20 ans et beaucoup de « sang » !

Charles SANNAT

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Source La Tribune.fr ici

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