Mes chères impertinentes, chers impertinents,

La pandémie a bon dos et nous permet de faire oublier bien des choses, des vicissitudes et autres scandales. Quand ce n’est pas la pandémie c’est la guerre en Ukraine qui permet d’occuper les esprits. Si d’aventure il ne devait plus rien se passer le flot quotidien d’informations même plus insignifiantes les unes que les autres est largement suffisant pour permettre de faire oublier l’essentiel en occupant le temps de cerveau disponible.

C’est pour ces raisons qu’il est très important de prendre parfois le temps d’une mise en perspective. De rappeler quelques évènements passés pour mieux comprendre ceux qui vont arriver très prochainement.

Tournons-nous donc vers l’Allemagne tant encensée pour sa réussite économique actuelle.

Souvenez-vous du scandale Wirecard. 

Le scandale Wirecard se réfère à la faillite de l’entreprise allemande Wirecard, qui fait suite à de possibles fraudes comptables pour un montant de près de 2 milliards d’euros. Cette affaire a été surnommée « l’Enron de l’Allemagne ». Au delà de l’équipe dirigeante de Wirecard, cette faillite éclabousse l’auditeur financier, Ernst & Young, et l’Autorité fédérale de supervision financière, organisme chargé de réguler et contrôler le secteur financier en Allemagne.

Fondée en 1999, Wirecard est une start-up allemande, qui propose des solutions sécurisant les paiements en ligne. Elle est entrée au DAX de Francfort en 2018. Bien que l’entreprise ait connu une forte croissance lors de son existence (atteignant 300 000 entreprises clientes en juin 2020), la presse se fait pourtant depuis 2015 régulièrement écho de rumeurs et interrogations sur le modèle économique et les potentielles irrégularités de Wirecard.

L’affaire éclate en juin 2020, quand l’entreprise reconnaît que 1,9 milliard d’euros de son bilan (près d’un quart du total de son bilan) n’existent en réalité probablement pas.

Au niveau politique, le ministre allemand des finances, Olaf Scholz, parle d’un « scandale sans équivalent dans le monde financier » et assure d’un renforcement des contrôles du secteur des paiements électroniques. Le ministre annonce également un plan de réforme de la BaFin, organisme chargé de la supervision financière des entreprises en Allemagne.

N26 inquiète, des USA où elle a cessé ses activités à l’Italie en passant par l’Allemagne. 

Le nom originel de la banque (Number26) fait référence au nombre de petits cubes composant un Rubik’s Cube.

Depuis sa création en février 2013 à Berlin en Allemagne, Number26 était partenaire de la banque Wirecard (et on retrouve les mêmes !!) située à Munich et possédant une licence bancaire. Ce partenariat lui a permis d’émettre des cartes bancaires jusqu’en 2016, quand elle obtient sa propre licence bancaire européenne. Elle est renommée pour l’occasion N26.

Le 3 décembre 2015, N26 s’ouvre à six nouveaux marchés européens, et notamment la France

La néobanque berlinoise revendique en 2021 plus de 7 millions et commence à défrayer la chronique.

Aux Etats-Unis N26 a du cesser ses activités et fermer les comptes de ses 500 000 clients en fin 2021.

En Italie la banque d’Italie lui a interdit d’ouvrir de nouveaux comptes et de continuer son développement.

En France, ce sont des centaines de clients qui se plaignent tout simplement de la fermeture de leurs comptes et de l’impossibilité d’accéder à leur argent partant dans les limbes de la banque.

Quant aux dirigeants de la banque, comme nous le confirme cette dépêche de l’agence Reuters de février (source ici) “4 dirigeants de la banque en ligne allemande N26 font l’objet d’une enquête par le parquet pour des soupçons de comptes clients frauduleux, rapporte vendredi le journal Handelsblatt. Les criminels sont soupçonnés d’avoir ouvert de nombreux comptes pour exploiter de fausses boutiques en ligne ou blanchir de l’argent, par exemple, et les clients se sont plaints que les comptes signalés n’étaient pas bloqués en temps opportun, selon le Handelblatt. Un porte-parole de N26 a déclaré que la banque n’avait aucune information sur les enquêtes en cours.

A titre personnel je suis détenteur d’un compte N26 gratuit et fort pratique pour mes opérations quotidiennes avec une application qui marche très bien sur votre smartphone, mais surtout, n’y laissez pas des sommes trop importantes comme c’était le cas pour Alexis notre ingénieur de 27 ans et ses 23 000 euros bloqués.

Les néobanques, N26 comme toutes les autres généralement perdent de l’argent chaque année, elles ne sont ni forcément très solides ni forcément très structurées. C’est plus des entreprises qui agissent en mode start-up parfaitement adapté pour de la croissance rapide, mais c’est un modèle souvent désastreux pour la maîtrise de la gestion des risques. Ne dépassez donc pas 2 000 euros d’avoirs dans ce type d’établissements.

Mais ce n’est pas tout, un énorme groupe immobilier

ADLER Real Estate. KPMG refuse de certifier les comptes de l’un des plus grands groupes immobiliers allemands, qui s’effondre en Bourse

A peine deux ans après le scandale de Wirecard en Allemagne, le pays serait-il à nouveau au bord d’une nouvelle fraude comptable ?

“Le groupe Adler Real Estate “est ciblé depuis cet automne par les vendeurs à découvert, parmi lesquels le désormais célèbre Fraser Perring, qui a gagné gros dans les scandales Wirecard, Steinhoff et Grenke. Lui et d’autres soupçonnent le propriétaire immobilier de truquer ses comptes. Adler a publié, samedi, ses résultats financiers 2021, desquels il ressort que le groupe, l’un des plus importants du secteur en Allemagne, a accusé une perte de 1,24 milliard d’euros l’an dernier… Enfin, selon ses propres affirmations. La Bourse craint que la réalité soit bien pire encore, puisque l’auditeur d’Adler, KPMG, a refusé de certifier les comptes.

En octobre dernier, la société Viceroy Research, qui appartient au vendeur à découvert, affirmait que le « bilan d’Adler Group a été artificiellement gonflé à un degré significatif. » Des allégations que KPMG n’a pas totalement réfutées quand le cabinet a rendu ses conclusions tout récemment. Il a découvert des failles de conformité et de gouvernance, mais pas de fraude systématique.

En Bourse, Adler plonge encore de 46 % aujourd’hui, ses actions tombant à un nouveau plus bas historique de à 3,88 euros (-65 % depuis le début de l’année, après -63 % en 2021, -92 % depuis le record de l’été 2018).”

Le week-end dernier le conseil d’administration d’Adler a présenté sa démission

L’Allemagne va entrer dans une mauvaise passe.

Alors que l’Allemagne caracole toujours en tête de l’économie européenne, sa dépendance au gaz russe, son industrie surdimensionnée, la spéculation de certaines de ses entreprises et la complaisance des autorités de tutelle, pourraient bien entraîner un moment difficile et inconfortable pour nos voisins Allemands.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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