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Charles SANNAT
Amoureux de son téléphone ?
C’est un peu le message et l’objectif d’Huawei. Comment ? Eh bien en introduisant de l’Intelligence artificielle dans son smartphone bien entendu ! La marque chinoise, qui a une petite longueur d’avance sur la concurrence en la matière, veut « fournir des interactions émotionnelles », ce qui semble être le must pour la clientèle des smartphones. Bon, c’est vrai que lorsque l’on voit à quel point certains y sont accros, on veut bien croire qu’ils développent une « relation émotionnelle » avec cet objet. On avait déjà vu des humains amoureux de robots, on pourrait donc le devenir aussi de son assistant personnel, un peu comme dans le film Her de Pike Jonze…
Pour Huawei, parvenir à un assistant de ce type est « le rêve de tout ingénieur » en s’extasiant sur le fait que l’on pourrait se débarrasser de sa petite amie qui ne servirait plus à grand-chose. Chacun ses rêves en effet, mais je dois reconnaître que certains font plutôt frémir. Je ne doute toutefois pas un instant qu’il y aura des clients qui succomberont, qui achèteront et qui seront accros. Une société de consommation à son paroxysme rêvée par des ingénieurs pour des âmes perdues qui sont incapables d’établir une vraie relation avec des humains et qui se réfugient dans la facilité de ce monde artificiel. Bon, j’ai l’impression d’être un vieux ronchon, mais je dois dire que ce type « d’évolution » (je serais tenté de dire « régression ») ne m’inspire pas que des bonnes choses.
Pas de contestation, de rébellion, pas d’avis divergent, pas de saute d’humeur, l’assistant est plutôt un gentil esclave, ce que ne sera jamais un humain. Ce rapport de domination facile serait donc un fantasme pour certains, ce que les chercheurs et fabricants ont bien compris. Alors faut-il réglementer l’AI ou bien laisser faire cette situation qui nous éloigne de plus en plus de l’humanité ? À vous de voir, mais le progrès technologique peut servir l’homme sans l’asservir. Pour Huawei, il y a manifestement encore du chemin.
Il n’est pas trop tard…Mais presque !
Sylvain DEVAUX
Rédacteur en chef
« L’homme a la possibilité non seulement de penser, mais encore de savoir qu’il pense ! C’est ce qui le distinguera toujours du robot le plus perfectionné. »
Jean Delumeau
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