L’affaire Benalla n’est pas l’affaire Benalla. C’est l’affaire Macron.
C’est également l’affaire de tous ceux qui, aux commandes, obéissent servilement et appliquent des ordres illégaux et moralement condamnables.

Ce qui se déroule sur vos écrans, c’est l’histoire aussi vieille que le monde de la lâcheté humaine. Il faut du cran pour être courageux, car le courage cela se paie.

Le courage se paie souvent au détriment de votre paie. C’est un paiement comptant. Croyez-moi, il est plus rentable de tresser des couronnes de laurier à notre Jupiter dans les grands quotidiens avec une carte de presse et l’abattement fiscal supplémentaire que de tenir un blog.

Quand le courage ne se paie pas financièrement, il se paie socialement. Croyez-moi, il est plus facile de passer à la télé pour dire ce que le système veut entendre que pour dire ou décrire la réalité que l’on ne doit pas montrer.

Quand le courage ne se paie ni par l’argent ni par votre reconnaissance sociale, alors il reste la matraque, la prison, et parfois la mort.

Cette histoire de tous les courageux d’un côté, assez peu nombreux, et des collabos de l’autre, dont on n’a jamais manqué, c’est l’histoire des bassesses humaines. C’est aussi vieux que le monde.

Encore une fois, nos bidules technologiques ne cessent de progresser, mais l’âme humaine n’a pas beaucoup changé depuis l’Empereur romain Marc Aurèle, qui est l’un de mes auteurs favoris.

Dire non c’est difficile, mais c’est ce qui fait de vous un homme.

Beaucoup pensent que nous vivons une période facile, un moment « paisible » de l’histoire où il n’y a pas à choisir.

Je vous expliquerai un peu plus loin qu’évidemment, cela est totalement faux. Mais avant, je voulais revenir sur un épisode noir de la collaboration de la gendarmerie pendant l’occupation lors de la dernière guerre mondiale.

Je ne vais pas parler de tous les actes de collaboration de la police ou de la gendarmerie. Nous les connaissons tous. Ne parlons des lâchetés, parlons du courage.

Je vais vous parler brièvement de l’histoire de ces 30 gendarmes qui ont refusé de fusiller des résistants. Une histoire méconnue. Je cite ce petit texte, très court.

« La solution du refus se déroule le 4 juillet 1944 à Nîmes, où une cour martiale avait condamné trois résistants.

Les trente gradés et gendarmes refusèrent tout net d’exécuter les condamnés ou d’être tirés au sort pour le faire.

Ce furent finalement des miliciens qui fusillèrent les trois résistants.

Les gendarmes furent alors emprisonnés, avant d’être libérés après le débarquement de Provence d’août 1944. L’un des officiers avait été condamné à 20 jours d’arrêt. »

Ces gendarmes ont payé de leur liberté leur « non » honorable. Ils n’ont rien « gagné » dans leur refus. Ils n’ont jamais été récompensé. L’histoire les a oubliés.

Les trois policiers hauts gradés qui vont être déférés devant un juge dans l’affaire Benalla n’ont pas eu le courage de dire non au Palais.

Pourtant quand on dit non, quand les forces légitimes refusent les ordres illégaux, elles forcent le pouvoir à s’afficher tel qu’il est. Le non oblige à l’exécution par les miliciens. Les forces supplétives. Et l’on sait tous que quand il y a de gros bras, des milices, nous avons affaire à un pouvoir autoritaire.

Cet exemple, très médiatisé, aura, au sein de nos forces de l’ordre, des conséquences remarquables. La première est que chaque homme et femme devra en son âme et conscience peser le pour ou le contre.

En Macronie, le gendarme désobéissant, ou le policier récalcitrant, ne risque pas la prison, juste leur paie et éventuellement une mort sociale. C’est déjà beaucoup certes, mais cela reste moins risqué que les geôles de la Gestapo en juin 44.

Le non est subversif et renvoie l’autre à son impuissance.

Le non que chacun peut prononcer est une arme redoutable, bien plus forte que ce que l’on peut penser ou imaginer, car le non renvoie l’autre, celui qui le reçoit, à son impuissance et c’est exactement cela qu’il manque à tous nos petits dictateurs de France et de Navarre, à tous ceux qui se pensent « tout-puissants ».

Lorsque l’on dit non, quel choix reste-t-il à celui à qui l’on refuse ? Soit il accepte votre refus, et vous avez gagné, soit il est obligé de devenir violent et de vous imposer un oui à la place de votre non, un oui qui ne sera obtenu que par la force. Dans ce cas, vous avez gagné également, car le régime apparaît pour ce qu’il est : une dictature en marche.

Dans la vie, savoir dire non c’est se saisir de l’un des plus grands pouvoirs. Apprenez à dire non. Le non évidemment doit être justifié. Il n’est pas une fin en soi, d’ailleurs le non n’est pas un programme. Le non ne construit pas, le non ne bâtit pas. Il faut savoir dire non, pour mieux dire oui à autre chose.

Si je dis non à l’Europe de Bruxelles et à l’Europe fédérale, je dis oui à une Europe des nations, unies de Brest à Brest-Litovsk. Si le non est redoutable, il l’est encore plus lorsqu’il est suivi d’un oui à la portée considérable. Le meilleur exemple étant le non de De Gaulle à la soumission de la France, pour un oui à la France libre. Vaste programme !

Revenons à nos moutons. Nous vivons une époque bien troublée en réalité, où la moralité s’est largement dissipée, où tout se vaut ou presque, où le bien et le mal sont à géométrie variable.

Pourtant, il faut du courage pour dire non pour licencier de façon injuste (un cas récent a défrayé la chronique chez SFR).
Pourtant, il faut du courage pour dire non quand on sait que son usine fabrique du lait contaminé.
Pourtant, il faut du courage pour dire non quand votre entreprise corrompt pour obtenir certains marchés.
Pourtant, il faut du courage pour dire non et révéler certaines affaires quand on est journaliste et que globalement, il y a beaucoup de choses que l’on sait, et beaucoup trop que l’on tait.

Le problème de l’ambition… Et la nécessité de refuser certains postes.

La conclusion est que quand vous serez manager, « on » vous demandera de vous salir les mains. De mettre la pression, de pousser vos gens, d’exploiter, mais sans vous faire attraper dans un scandale.

Quand vous serez un DRH, on vous demandera de mettre en place les plans sociaux. Vous finirez peut-être même otage des salariés en colère, ou la chemise arrachée sur un tarmac… Et alors ? Vous ne le saviez pas ? Vous ne vous en doutiez pas ? Le statut social que l’on vous donne, la voiture que l’on vous prête, la paie que l’on file sont les pelles pour creuser les tombes de votre indépendance.

Vous êtes un corrompu, comme tous les autres, un corrompu légal, certes, mais un corrompu quand même, dans la mesure où ces avantages ont fait de vous un esclave consentant qui devient « actif » pour pouvoir continuer à se goinfrer de la bonne soupe qui lui est servie.

À un moment, c’est l’ambition qui guide les hommes vers plus de pouvoir, vers plus d’argent au lieu de les pousser à plus d’autonomie et d’indépendance.

Pour être libre, véritablement libre, il faut avoir la force d’âme nécessaire pour refuser certains postes où l’on sait bien ce que l’on finira par vous demander pour ne pas avoir à dire non. Vous pouvez aussi dire oui à ces postes, en espérant que le problème ne se pose pas ou que quand il se posera, vous saurez dire non.

Pourtant, je peux vous donner déjà la réponse pour ceux qui acceptent en croyant qu’ils sauront dire non quand ce sera nécessaire. Entre le moment de l’acceptation et le moment des choix véritables, le poison de la corruption aura fait son œuvre, le confort, l’argent, le lucre, le gain, le statut social en auront fait les serviteurs serviles. Ils ne sauront pas dire non.

Pour être en mesure de dire non, il faut donc savoir faire preuve d’une très grande tempérance, une modération et une retenue de soi-même, volontaire. La tempérance c’est un peu l’inverse de l’ambition.

Dans cette affaire de milices macroniennes, on voit bien que ceux qui n’ont pas su dire non commencent à avoir quelques problèmes.

Nous savons tous qu’ils servent de fusibles et d’idiots utiles pour protéger le maître du Palais. Que cela serve de leçon à tous les autres zélés zélotes. Quand le roi est nu… ils sont jetés aux enfers.

Avoir la force de dire non est toujours une affaire individuelle. Vous êtes face à vous-même et au reflet de votre âme. Seul. Terriblement seul.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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