Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Aujourd’hui je ne vais pas commenter la dernière position du démissionnaire de Lecornu ni ces derniers propos qui n’ont strictement aucun intérêt puisque ce que nous attendons c’est évidemment le budget et le montant de la rapine supplémentaire que nous subirons sans que cela ne change rien à la situation désastreuse des finances de notre pays.
Aujourd’hui je vais vous parler de « l’effet cobra » et vous allez voir que cela a tout à voir avec ce que nous allons vivre dans les prochaines semaines et que nous vivons depuis 40 ans puisqu’il s’agit de parler des bonnes intentions qui produisent des désastres et c’est toute la triste histoire de notre pays.
L’histoire économique et politique est jalonnée de ces mesures qui, conçues pour résoudre un problème, ont fini par l’aggraver.
Les énarques français et les technocrates européistes sont passés d’ailleurs maîtres dans cet art.
Ce phénomène porte un nom : l’effet cobra.
Il illustre comment les incitations mal calibrées peuvent pousser les individus à adopter des comportements rationnels… mais catastrophiques pour la collectivité. Je vous dis souvent que le problème du communisme c’est sont ses incitations absentes et donc toutes les formes de communisme sont vouées à l’échec. La fourmi n’est pas partageuse, que voulez-vous. Lisez la Fontaine et vous le saurez !
D’où vient le terme « effet cobra » ?
L’expression trouve son origine dans l’Inde coloniale britannique.
À Delhi, les autorités, inquiètes du nombre de cobras venimeux, décidèrent d’offrir une prime pour chaque serpent mort rapporté.
Au début, tout se passa comme prévu : les habitants tuaient des cobras et touchaient la récompense.
Mais rapidement, certains comprirent qu’ils pouvaient élever des cobras chez eux… pour les tuer ensuite et empocher la prime.
Logiquement les Indiens « produisaient » de plus en plus de cobras, et les autorités ne comprenaient pas pourquoi malgré le nombre de cobras morts payés leur nombre ne cessait d’augmenter.
Au bout de plusieurs années les Britanniques finirent par comprendre qu’ils se faisaient rouler dans la farine par les Indiens et le gouvernement supprima la récompense !
Logique me direz-vous.
Mais à quoi peut servir un élevage de cobras sans la récompense gouvernementale vous répondrais-je !
A rien me direz-vous avec autant de justesse que de bon sens !
Résultat ?
Tous les aimables éleveurs de cobras qui profitaient des primes (à la casse du gouvernement anglais) relâchèrent leurs cobras devenus sans valeur — et la population de serpents explosa dans les rues !
Le remède avait empiré le mal !
Il y avait désormais nettement plus de cobras dans les rues après que le gouvernement ait eu envie de régler le problème.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, au contraire, je peux vous donner tant d’exemple d’effet cobra !
Des cobras… aux rats de Hanoï
Un siècle plus tard, les autorités coloniales françaises en Indochine à Hanoï décidèrent d’imiter la méthode britannique pour lutter contre une autre peste urbaine : les rats !
Et comme dit ma fille en prenant son accent canadien… « j’aime pô lé raats… »
Nos énarques de l’époque mirent en place une prime pour chaque queue de rat rapportée !
Hahahahahahaha. Quelle brillante idée de nos administrateurs coloniaux.
Là encore, la logique semblait implacable : inciter à la chasse aux rats pour éradiquer la menace.
Mais très vite, on observa un phénomène étrange : des rats sans queue se promenaient dans les rues.
Les habitants coupaient la queue pour toucher la prime, puis relâchaient l’animal afin qu’il se reproduise et assure un revenu durable de queues à se faire payer.
Certains allaient même plus loin : ils se mirent à élever des rats pour nourrir le système.
Résultat ?
Plus le gouvernement français voulait lutter contre les rats, plus il y avait de rats !
La ville croulait sous les rongeurs.
Une fois encore, la récompense transforma le problème en catastrophe.
Un dernier exemple pour la route justement !
Dans certaines provinces chinoises, les automobilistes qui blessent un piéton doivent payer ses soins à vie, tandis que ceux qui le tuent ne doivent qu’une indemnité ponctuelle.
Ce système pervers a conduit à des accidents “finis” volontairement où les conducteurs blessant des passants préféraient s’assurer de leur mort pour éviter une charge financière continue.
En clair, vous aviez tout intérêt à bien finir le boulot, cela vous coûtait moins cher.
C’est un effet cobra tragique, horrible, mais tristement rationnel dans un cadre d’incitations dévoyées et dans un pays où la conception de la valeur de la vie humaine n’est pas exactement la même que chez nous.
Les bonnes intentions produisent des désastres
Taxer les riches ne changera rien à l’affaire et vous finirez tous par être le riche qui sera taxé et qui paiera et vous payez déjà par vos difficultés quotidiennes. Vous les ferez fuir, vous appauvrirez le pays et plus personne ne voudra bosser. C’est une évidence autant que du bon sens. La fourmi n’est pas partageuse et elle a raison. Complètement raison. Si je travaille très dur, c’est à moi de recevoir le prix de mon effort. Je voudrais bien partager le record du monde du 100 mètres mais l’effort est individuel, comme toutes les souffrances. Cela se terminera en catastrophe et cela a déjà commencé.
Expliquer que les propriétaires sont méchants, qu’ils doivent rénover les logements à leurs frais pour 60 000 euros pour que le gentil locataire paye 50 euros de moins par mois, que le propriétaire doit payer 57 % d’impôts sur les revenus fonciers, une taxe foncière qui double, et qu’il ne doit surtout pas virer ni expulser un locataire pendant 2 ans même si ce dernier ne paye plus son loyer, et cela se terminera en catastrophe car plus personne ne voudra investir dans l’immobilier dont les mairies ont décidé de bloquer les loyers. Cela se terminera en catastrophe et cela a déjà commencé.
Vous pouvez multiplier les exemples à l’infini.
Notre pays se meurt d’une multitude d’effets cobras.
Partout les incitations sont tellement mauvaises et contreproductives que tout devient totalement inefficient.
C’est pour cette raison qu’il faut un immense « AFUERA » normatif et gouvernemental.
Comprenez-moi bien.
Je ne suis pas un anarchiste. Je suis pour un état régalien fort et centré sur ses missions et en aucun cas faible et démissionnaire.
Mais chacun doit comprendre qu’il faut de BONNES incitations.
Concevoir de bonnes incitations c’est très difficile et cela demande un immense pragmatisme, du bon sens, beaucoup de simplicité et surtout l’absence totale d’idéologie.
C’est une leçon d’humilité pour tout décideur.
Chaque politique doit comprendre ce qui suit.
« On ne contrôle pas les comportements, on ne fait que déplacer les incitations. »
Pour éviter l’effet cobra, il faut faire confiance à l’observation du réel plutôt qu’à la théorie.
Le problème c’est que nous sommes dirigés par des gens qui veulent nous forcer à vivre comme ils s’imaginent que nous devrions vivre et nous faisons l’inverse de ce qu’ils veulent en contournant tout.
Par exemple à Paris pour éviter l’encadrement des loyers les propriétaires signent ce que l’on appelle des baux civils.
Nous voyons donc se multiplier les cobras — ces monstres créés par nos propres politiques et par nos dirigeants.
Cela nous coûte des centaines de milliards d’euros chaque année.
Les bonnes intentions ne font jamais les bonnes politiques. Jamais.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
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